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Zebrur’, pour consommer différemment
Grioo.com vous présente Zébrur’.Dans sa boutique du quatorzième arrondissement de Paris Thérèse Fischer-Djimbong vous accueille avec le sourire, et vous invite à consommer différemment.
 09/05/2006 Par Lize Moudouthe
 
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Commerce équitable. Un concept à la mode et quelque peu galvaudé aussi. Pour cette militante de la première heure, plus qu’un label ou une théorie économique il s’agit avant tout d’une philosophie, d’une manière de voir… et d’agir. Pour elle, dans commerce équitable, il n’y a pas que l’équité, il y a aussi le commerce. Elle refuse le côté misérabiliste ou charitable que l’on a trop souvent tendance à prêter à cette manière différente d’aborder le commerce. Et quand on lui demande quelle serait sa définition du commerce équitable, elle répond tout simplement : « que chacun dans son environnement puisse vivre décemment de son travail ».

Thérèse Fischer-Djimbong
   
Comment en êtes-vous venue à ouvrir votre boutique ?

J’ai été opportunément licenciée, il y a près de cinq ans. L’idée je l’avais depuis pas mal d’années mais je travaillais. Un bon boulot, un bon salaire, on ne se risque pas à dire : « je vais tout laisser tomber ». J’avais fait des propositions à d’autres structures du réseau pour faire de la formation notamment en Afrique, les retours ont été plutôt négatifs. Si je n’avais pas perdu mon boulot peut être que ce serait resté une idée dans ma tête. Suite à ce licenciement économique, je me suis remise en question, j’ai suivi des formations de créations d’entreprises, j’ai fait les marchés, je suis allée en Afrique, sur le terrain, j’ai cherché. J’ai galéré comme tout le monde. Chercher un local dans Paris ce n’est pas facile. Il a aussi fallu trouver les financements, convaincre mais finalement, j’ai ouvert la boutique.
Cette idée je l’ai depuis longtemps, j’ai toujours voulu faire quelque chose. L’idée originelle c’était de lancer une marque de vêtements, je suis modéliste de formation. L’évolution des choses a fait que j’ai d’abord ouvert une boutique. Pourquoi ne pas créer la marque de vêtements après ? Certes il faut trouver les bonnes conditions les bonnes structures avec lesquelles travailler et on ne peut pas non plus le faire tout seul peut être que d’ici là les contacts feront que… Au départ c’était aussi pour créer mon propre emploi dans le secteur ce n’est pas tout à fait le fruit d’un hasard. J’aime le contact avec le public j’aime aussi parler de ces produits de leur historique c’est ça aussi qui fait la différence par rapport à un autre commerçant. Nous on sait très bien d’où viennent les produits. On sait aussi combien a touché le producteur.
   

Avant d’ouvrir Zebrur vous étiez déjà sensible à la question du commerce équitable ?

J’ai une éducation chrétienne, j’étais déjà bénévole au CCFD (Comité Catholique Contre la Faim et pour le Développement- ndlr) . Je baignais déjà dedans. J’ai cherché à travailler dans le secteur mais c’était trop tôt, ce n’était pas encore comme aujourd’hui, où tout le monde en parle, où il y a un réel engouement. Je voulais travailler dans le secteur, je voulais faire de la formation, il y avait de beaux tissus mais j’étais révoltée par les modèles. Ces tissus venus du monde entier sont de qualité, les gens doivent les acheter pour la qualité des produits et non par charité. C’est vrai que c’est parti d’une bonne action mais ces gens ont du talent ! Avec un peu de formation, si on les met au goût du marché visé, ces produits de bonne qualité trouveront leur clientèle.
   
Quelle est votre vision du commerce équitable ?

Je suis d’avis qu’il faut sortir de cette sphère misérabiliste où l’on achète uniquement pour faire une bonne action. Nous avons fait le choix d’être une SARL on aurait pu rester une association. C’est un commerce, on pense toujours à équitable et on oublie le commerce. Certes un commerce dans le respect de l’autre mais commerce tout de même. A terme on doit pouvoir payer son loyer, se verser un salaire, payer ses charges comme n’importe quel commerçant du coin. Si ça reste toujours dans la sphère subvention- bénévolat ce n’est pas bon. Si on a rajouté équitable à commerce, c’est peut être parce qu’on pensait que ce n’était pas si équitable que cela, et qu’on voudrait entraîner tout le monde dans notre démarche mais c’est ça. Donc c’est un commerce qui petit à petit va faire son trou. On devient sensible à ces questions d’équité, d’environnement, on réalise l’interdépendance. Tant dans les rapports Nord Sud que dans les rapports Nord- Nord. Ce n’est pas une obligation légale c’est juste une question de conscience, chacun est libre d’écraser son prochain ou d’avoir envie de respecter son travail. C’est pour cela que certains on du mal à s’y faire, notamment ceux qui ont pris le train en marche et n’arrivent pas à cerner tout à fait la question.
Peut être que plus tard les contraintes inhérentes à la boutique vont me faire déchanter, voir les choses autrement. Mais je suis partie dans cette optique là et j’ai les pieds sur terre et je me dis il faut que j’y arrive, chacun dans son environnement doit pouvoir en vivre. Si les produits arrivent trop chers, je ne vais pas pouvoir les vendre.
Ici il y a la crise, je ne veux pas tenir un magasin élitiste bien que les choses soient plus chères dans le commerce équitable, il faut trouver des débouchés. Donc si on ne trouve pas un juste milieu avec le producteur on ne s’en sort pas. Surtout que maintenant de plus en plus de producteurs souhaitent rentrer dans la filière parce qu’elle paie bien, il faut pouvoir faire de la marge, autrement ce n’est pas possible.
   

Pourquoi Zébrur’ ?

Ce nom on l’a trouvé il y a très longtemps avec une amie, Elisabeth. Je lui en parlais depuis longtemps, et un weekend end elle m’a dit : « on va le rédiger ce projet ! » Je suis d’origine africaine je voulais quelque chose qui me rappelle l’Afrique en même temps je vis ici depuis pas mal de temps et je voulais aussi tenir compte de cet aspect.
Zèbre c’était déjà pris, on a cherché quelque chose qui soit à l’image de la société française d’aujourd’hui : un melting pot, un mélange de culture ; Zebrur’ nous est venu et voilà !
Zebrur pour les rayures noires et blanches. C’était vraiment ça, c’est mon environnement, c’est ici avec ses richesses et ses contradictions. Et puis ça sonne bien !

D’où viennent les produits de la boutique ?

Vêtements, produits alimentaires, objets de décoration, on trouve un peu de tout chez Zébrur’. On privilégie les produits issus du commerce équitable, il y en a de plus en plus, de nombreuses structures, ONG, associations ont choisi cette manière de travailler afin de permettre aux petits producteurs de vivre des fruits de leur travail. Nous on choisit chez tous ces gens qui travaillent déjà avec les paysans, artisans ou autre. On travaille aussi en direct je fais partie d’une association qui s’appelle Métissages on connaît aussi des structures au Mali et au Burkina. Je vais au Mali à la rencontre de producteurs, petit à petit je mettrai d’autres partenariats en place. Mais l’une des difficultés lorsqu’on travaille en direct avec les coopératives et les artisans, c’est leur difficulté à comprendre les contraintes de gestion notamment import-export, qu’ils laissent à d’autres le soin de gérer, parce que des fois on peut commander des produits et avoir du mal à les recevoir dans les délais.
Côté vêtements on travaille avec Idéo, Ethos, des cotons bios fabriqués en Inde. On a aussi des pulls faits dans les Balkans, des produits du Mali, des produits alimentaires, des petits bijoux fantaisie et des poupées en laine du Kenya, des soies du Laos et des produits de Madagascar.
Pour les produits alimentaires quand on peut ils sont bio mais dans tous les cas, ils sont de qualité qu’ils aient la certification ou pas.
   
Zébrur’, c’est exclusivement des produits issus du commerce équitable ?

Ici on n’a pas que des produits du commerce équitable on également des produits de petites structures françaises parce que depuis pas mal d’années, je vis aussi dans un environnement qui est ici. On n’est pas fermés à des petites structures qui rejoignent la logique du commerce équitable.
On a des serviettes de toilettes en coton bio d’une entreprise qui se trouve du côté de Lille, des sous vêtements en coton bio d’une petite structure de la banlieue lyonnaise son coton bio est importé dans les conditions du commerce équitable mais c’est fait ici. Le bio, la protection de l’environnement ça rejoint le commerce équitable dans l’esprit.

Vous pouvez nous dire un mot de votre clientèle ?

La clientèle est essentiellement issue des environs. Nous avons eu un bon accueil dans le quartier malgré le fait qu’on ne soit pas dans une rue très passante. Des articles dans la presse nous ont bien aidés, notamment dans La croix, Politis, Cité Black et aussi 2O minutes. Nous avons aussi eu le soutien des gens du réseau : on est sur les sites des fournisseurs. On aimerait étendre un peu plus, nous avons la chance d’être dans quartier très écolo les gens d’ici ont beaucoup voyagé ils connaissent les produits et sont sensibles à la démarche.
Plus d’infos
Zébrur’
36 rue Pernety
Paris 14è
Métro Pernety
01 45 42 02 42
boutique@zebrur.com

Le site de Zebrur’
http://www.zebrur.com




















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