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Delia Jarrett-Macauley : l'histoire de "citizen" contraint à tuer ses parents m'a incité à écrire...
L'auteur de "Moses, citizen & Me", prix George Orwell 2005, a répondu à nos questions
 26/04/2006 Par Paul Yange
 
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Una Marson (en bas à droite)
©black-history-month.co.uk
   
Vous êtes universitaire, vous avez travaillé avec la BBC. Comment et pourquoi être vous devenue écrivain ?

A l’école, j’aimais déjà écrire des histoires, mais je ne m’imaginais pas être un jour écrivain. J’étais plutôt attirée vers les arts et pendant de nombreuses années, j’ai soutenu d’autres personnes travaillant dans le domaine artistique. Je les ai aidé dans les domaines du management, de la formation, le développement de politique culturelle, j’ai même travaillé avec des organisations européennes comme la fondation culturelle européenne. Puis, finalement, j’ai eu le sentiment de devoir explorer le monde à travers les mots, de devoir créer quelque chose de mon propre fait et j’ai écrit la biographie d’une femme jamaïcaine du nom de Una Marson, à la fois poète, auteur dramatique, activiste féminine et speakerine à la BBC. En un sens, j’écrivais sur le genre de personnes auxquelles je voulais ressembler.

La biographie fut publiée en 1998, un an après la guerre civile en Sierra-Leone atteigne Freetown, mais j’ai commencé à travailler sur mon roman, « Moses, citizen & me » seulement au printemps 1999.
   

©granta.com

Pourquoi avez-vous choisi comme thème la guerre civile en Sierra-Léone dans votre dernier livre « Moses, Citizen & Me » ?

Je suis née en Angleterre de parents sierra-léonais et je m’étais rendue en Sierra-Léone quand j’étais enfant. Lorsque j’ai entendu un jour au cours du journal de la mi-journée de la BBC le récit d’un enfant soldat, « Citizen », qui avait été contraint à exécuter ses propres parents, j’ai su immédiatement que je devais écrire quelque chose sur lui. La Sierra-Leone de mon enfance était toujours en moi pour ainsi dire, et je ressentais intérieurement la souffrance que connaissait le pays.

Le thème du génocide est aussi un grand classique de la littérature, et quand la personne qui commet le crime est en plus un enfant, l’écrivain est poussé à prendre en considération et à analyser les questions d’ordre morales et émotionnelles les plus difficiles. J’avais travaillé en Europe centrale et orientale dans les années 90 et j’ai vu le résultat de conflits interethniques rapprochés. Et là je devais regarder le pays de mes parents subir le même sort et imaginer ce qui pourrait se passer dans une famille.

Delia Jarrett-Macaulay
©bbc.co.uk
   
Vous n’aviez pas été en Sierra Leone depuis plusieurs décennies, et vous y êtes retournée après la publication du livre. Comment avez-vous fait pour écrire un livre émouvant sur la Sierra-Léone sans y avoir été ?

Si j’avais eu l’argent et les autres ressources nécessaires, je serais allée en Sierra-Leone pour faire des recherches sur le terrain pour mon ouvrage. Cependant, je pense que l’imagination prospère mieux avec un nombre minimal de données et finalement ce fut une bonne chose que je n’y sois pas retournée. Je me suis cependant rendue à Paris en avril 2001 pour assister à la première du documentaire "nouvel ordre mondial" de Philippe Diaz (Documentaire sur la guerre civile en Sierra-Leone NDLR). J’ai aussi discuté avec des membres de l’ONG « Monde contre la faim » qui travaillaient en Sierra-Léone.

Seulement une poignée de personnes ont assisté à la première du documentaire, une brillante peinture très visuelle des atrocités de la guerre civile. A la fin du film, nous avons regagné le foyer ensemble. Nous étions tous désemparés et émus, mais nous avons échangé nos points de vue. Un jeune homme m’a dit de façon encourageante que ce serait bien si je pouvais écrire quelque chose de supportable qui permettrait aux lecteurs de comprendre la réalité du conflit, sans être simplement choqués. Ses paroles réfléchies sont restées en moi. Je voulais écrire quelque chose de beau et de fort. Etant physiquement éloignée de la Sierra-Léone, j’étais capable de créer de moi-même, de développer des personnages, et faire autre chose que rapporter simplement des faits. La mémoire de l’être humain est forte, de même que la capacité d’imaginer quelque chose au delà du réel.
Vous attendiez vous à gagner un prix tel que le prix George Orwell ?

Bien sur je voulais que le roman ait un bon accueil, j’espérais avoir de bonnes critiques ainsi qu’un certain succès commercial, mais rien ne pouvait me préparer aux sentiments d’allégresse que j’ai ressentis en gagnant le prix George Orwell. Le prix signifie que plus de personnes partageront l’histoire que je raconte et ressentiront, je l’espère, de l’émotion à travers les personnages.

Avez-vous l’intention d’écrire d’autres livres ?

Je travaille sur un autre livre, souhaitez moi bonne chance...


Vous pouvez visiter le site de Delia Jarret Macaulay à l'adresse suivante: www.deliajarrettmacauley.com


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