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Souria Adèle présente Marie-Thérèse Barnabé , Négresse de France ! »
Grioo.com a rencontré Souria Adèle dont le spectacle "Marie-Thérèse Barnabé, Négresse de France" va bientôt être joué à la Comédie Bastille
 17/05/2005 Par Hervé Mbouguen
 
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Note: Tous les dimanches à 17h une place gratuite pour une place achetée est proposée aux grioonautes.
Pour cela, contactez la réservation 01 48 07 52 07 en précisant que vous venez de Grioo.com

A en croire Souria, seule élève « de couleur » (même si elle réfute le terme durant le spectacle) de sa classe de Bagneux, c'est la déception qu'elle a ressenti après s'être fait proposer un rôle stéréotypé (femme de ménage antillaise dans un hôpital avec un accent "typique" et une seule phrase à dire) qui l'a poussée à écrire ce spectacle.
Comme tout bon nègre qui se respecte, Souria arrive en retard à sa propre représentation, et heureusement pour le public, sa tante, Marie-Thérèse Barnabé, arrive pour tenir le public en haleine le temps que Souria arrive. Née le jour de l'abolition de l'esclavage en Martinique et venue en France par le BUMIDOM de triste mémoire, Marie-Thérèse tient en haleine son public pendant une heure de one-womane show qui lui permet de tordre le cou à plusieurs clichés et distiller au public des opinions qu'on sent fortes.
Par exemple, il n'est pas "d'hommes de couleur" si en face il n'y a pas de personnes "sans couleur", le terme "black" ne l'intéresse visiblement pas, elle qui semble attachée à ses racines africaines et antillaises, et espère que ces deux parties de notre communauté sauront vivre en harmonie et s'apprécier. Elle prouve encore son attachement à ses racines africaines en dénonçant le défrisage.

Marie-Thérèse Barnabé
   
Invitant les blancs à se mettre à notre place en imaginant (ce qui n'est hélas pas si improbable vu l'action des hommes sur l'environnement) ce qu'un accroissement du trou de la couche d'ozone entraînerait chez les non-mélanonidermes qui seraient victimes des affres solaires.
Elle s'invite ensuite sur le terrain politique. D'abord en critiquant un célèbre journal féminin n'ayant pas hésité à titrer que les noirs "ont choisi le look pour accéder au pouvoir". Ensuite en invitant ceux qui affirment que le métissage est l'avenir du monde à offrir le métissage politique qui consisterait au partage du pouvoir.
Elle n'oublie pas de redonner une petite once de fierté aux noirs en rappelant que bronzage et chirurgie esthétique deviennent à la mode chez les blancs voulant adopter quelques canons esthétiques typiquement africains, ou en montrant son honte la cambrure et les fesses typiquement négroïdes de Marie-Thérèse.

"Ne jamais oublier d'où on vient, si on perd ses racines on meurt" nous apprend ce spectacle interactif dans lequel le public est mis à contribution. Avec à peine une heure de retard (elle est antillaise ou bien?) Souria finit enfin par arriver, mais un peu trop tard, sa tante lui a volé la vedette pour le plus grand bonheur du public.

Au terme d'une représentation, Souria a accepté de répondre à nos questions.
   

Une bien jeune Souria

Est-ce que vous pouvez-vous présenter aux internautes ?

Je m’appelle Souria Adèle, je suis une comédienne d’origine martiniquaise, née à Bab El Oued, histoire de cumuler les problèmes et de rester une heure de plus que les autres à la douane, et j’ai toujours vécu en France.

C’est un rôle d’antillaise stéréotypée, femme de ménage à l’accent créole qui vous aurait décidée à écrire ce spectacle ?

Oui, ce texte a été écrit suite à un tournage de téléfilm que j’avais fait pour France 2 et dans lequel je jouais une femme de ménage dans un hôpital avec l’accent martiniquais et une unique phrase pour prouver mon talent. Je suis rentrée chez moi « très mal dans ma peau » avec une sublime poussée d’urticaire. J’ai donc décidé qu’a partir de ce jour IL ME FALLAIT FAIRE mes affaires moi-même, que l’effort d’intégration ne se faisait que dans un seul sens et j’ai écrit ce texte.
   
Le personnage principal est né le jour de l’abolition de l’esclavage en Martinique, et est arrivée en France via le BUMIDOM : un moyen pour vous de rappeler que la République n’a pas toujours été tendre avec les « gens de couleur » ?

J’ai voulu choisir des dates qui me paraissaient historiquement importantes pour la population noire, et dont la population française non-noire n’a absolument pas conscience. C’est une autre façon d’apprendre, de partager notre histoire, sans prétention.

« Marie-Thérèse » a eu plusieurs maris dont un africain qu’elle a particulièrement aimé, et fait un vibrant plaidoyer pour l’amitié entre africains et antillais : c’est un thème qui vous tient particulièrement à cœur ?

Ce n’est pas que le thème me tient particulièrement à cœur. J’ai été à l’école en France dans les années 60, et je me rappelle qu’on me défrisait les cheveux pour aller à l’école ce qui était assez pénible, et jamais il n’aurait été concevable de nous faire des tresses à l’africaine alors que nos cheveux étaient parfaits pour ça. Il y avait une volonté de se distinguer des africains, de ne pas nous confondre, peut-être pas chez tous les antillais, mais dans ma famille c’était comme ça. Voilà le résultat d’une bonne politique d’assimilation. Les problèmes identitaires des antillais viennent de là mais depuis quelques années beaucoup revendiquent leur part d’africanité et c’est tant mieux.
   

On peut lire dans votre dossier de presse « C’est drôle, c’est féminin, c’est antillais et c’est gonflé. Chapeau bas ». Signé : Dieudonné. Dans votre spectacle le Ministre de la Culture s’appelle « Dieudonné de Vabres ». Ce n’est pas un soutien médiatiquement « dangereux » par les temps qui courent ?

Dangereux ? Je ne sais pas. De toute façon le spectacle est dangereux en lui-même, du coup j’ai beaucoup de mal à trouver une production. Dieudonné de Vabre ce n’est même pas pour soutenir Dieudonné, c’est parce que « Dieudonné » ou « Donnedieu » ça fait que Dieu a donné quelque chose. Je fais de l’humour. C’est mon métier. Maintenant il faut arrêter de faire de la parano avec Dieudonné. On frôle la psychose. Je ne suis pas d’accord avec tout ce qu’il dit, mais on peut le citer sans être traité de tous les noms.
Ce petit mot il me l’a écrit il y a 3 ans pour donner un soutien au spectacle. C’est sûr à l’époque ce n’était pas « LA BETE NOIRE du PAF »
Même si je désapprouve certaines de ses propos ne comptez pas sur moi pour le lyncher.
   
D’après Marie-Thérèse, dans 20 ans, la couche d’ozone va s’ouvrir plus largement encore, et la mélanine sauvera les nègres, pendant que les autres peuples pourraient expérimenter ce que les nègres ont vécu depuis plusieurs siècles. Etes-vous un peu écolo sur les bords, et est-ce un moyen de pousser les autres à se mettre un peu à notre place ?

C’est pour montrer que l’humanité est réversible : le noir peut être à la place du blanc et le blanc à la place du noir, nous sommes tous humains. Dans une position où les noirs seraient dominants, les blancs pourraient avoir un problème à trouver un logement s’ils sont trop blancs ! Après, les gens le prennent comme ils veulent. J’ai une amie blanche qui l’a mal pris, mais je lui ai expliqué que je voulais juste qu’ils se mettent à notre place de temps en temps, et qu’ils imaginent ce que nous pouvons vivre.

Marie-Thérèse donne quelques conseils aux jeunes afro-antillaises pour garder leurs hommes, notamment par la cuisine et le sexe. Vous avez écrit ce spectacle pour réagir aux clichés, mais ne rentrez-vous pas vous aussi dans les clichés ?

Non, je ne pense pas. Marie-Thérèse quoiqu’elle en pense n’est pas parfaite, c’est une femme très chauvine avec ses travers. Personnellement je ne fais pas la cuisine c’est peut-être pour ça que je suis célibataire ! (rires). Mais c’est vrai que je ne sais faire ni les accras ni les colombos. Dommage…
   

Qu’aimeriez-vous que les gens retiennent de votre spectacle ?

C’est ma parole. Si ça pouvait rendre les gens plus sensibles, plus tolérants, ce serait pas mal. Je suis dans l’humour mais en même temps je pense qu’il y a quelque chose qui va rester.

Où et quand pourra-on voir votre spectacle ?

On pourra me voir tous les lundis de Mai à la Comédie Bastille 5 rue Nicolas-Appert dans le 11è arrondissement.
Pour les grioonautes "une place achetée - une place offerte" en appelant 01 48 07 52 07 en précisant que vous venez de Grioo.com
   
Au delà de votre spectacle avez-vous des projets dont vous pouvez parler ?

J’ai réadapté avec ma cousine Nady NELZY la pièce « Un air de famille » de Jean-Philippe Bacri et Agnès Jaoui en français créolisé. J’ai fait quelques lectures avec des comédiens de talents : Firmine Richard, Jean-Michel Martial, Christian Julien, Martine Maximin, José Dalmat, Daniely Francisque. La pièce se passe dans une petite commune de la Martinique me permettant de dire des choses sur le pays, sur une réalité sociale et historique méconnue en France.
Les auteurs, Bacri et Jaoui sont venus et ont beaucoup aimé, et ils soutiennent le projet. Il faut que je trouve une salle et un producteur, mais les gens sont très très très frileux : six noirs sur scène c’est encore trop ! (rires)
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