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Morceaux choisis
Comment avez vous rencontré Katoucha ?
J'ai rencontré Katoucha lors d'un défilé dans une salle au monde de l'art dans le 10ème arrondissement parisien. On a échangé quelques idées et le courant est passé rapidement entre nous, comme si on nous étions de vieux amis alors que c'était la première fois que nous nous voyions. Depuis ce jour notre amitié est devenue éternelle.
Vous n'hésitiez pas à dire que c'est comme si elle était de la famille?
Bien sûr, au fur et a mesure, les choses sont devenues plus profondes entre nous. Nous sommes devenus de bons amis, puis elle est devenue comme un membre de ma famille.
Le scénario le plus probable est que Katoucha est vraisemblablement tombée dans la Seine en rentrant chez elle. Vous qui la connaissiez bien est-ce que cela lui était déjà arrivé?
Quelque chose de se genre lui est déjà arrivé devant moi. En 2004, le lendemain d'un voyage au Sénégal, elle m'a dit de la rejoindre dans un café parisien où elle avait un rendez-vous. A la fin de son entretien elle me propose d'aller rendre visite à un ami sur un bâteau-péniche au pied du pont Alexandre III. A cette époque elle n'y habitait pas encore, elle habitait plutôt Place de l'Etoile. A notre arrivée sur le bateau, comme je me sentais pas bien je me suis endormi. Un bateau a créé de gros remous, Katoucha a perdu l'équilibre et est tombée dans l'eau. J'ai entendu des cris et ai sauté dans la Seine bien que je savais pas nager. Elle s'est accrochée à moi et nous nous sommes débrouillés pour remonter. Nous étions tous les deux très choqués, Katoucha en a pleuré toute la nuit, elle m'a dit « tu te rends compte, j'ai failli mourir, et en plus j'ai failli t'entraîner avec moi, qu'allaient dire les gens? ».
Katoucha la mannequin, la mère, la créatrice de mode, comment vous l'a ressentiez dans ses différents rôles ?
Katoucha est le type de personnage qu'on a du mal a définir complètement. Elle avait une forte personnalité. Quand Katoucha était sur un podium, pour une maison de couture, elle n'était pas qu'un simple porte manteau. Elle était une artiste parce qu'elle connaissait son corps, elle connaissait le corps des femmes et aussi les robes. Quant elle mettait une robe, elle avait une manière de se tenir ; s'il y avait un défaut, elle avait une attitude étrange, quand tu la connais tu sais que quelque chose ne va pas. Elle avait toujours son mot a dire et c'est très important pour un créateur. C'était cette Katoucha qui était la reine des podiums que tous les couturiers admiraient parce qu'elle inspirait beaucoup.
Katoucha la mère de famille, c'est celle qui aimait ses trois enfants, je pense qu'elle était une mère formidable.
Il y a des personnes qui ont porté des hypothèses sur sa disparition, d'après elles, elle ne s'est pas accidentelle noyée. Qu'est ce que vous en-pensez ?
Selon moi, à chaque fois qu'il se produit des drames, il y a des gens qui disent tout et n'importe quoi.
Personnellement, je ne peux pas prouver que c'était un accident, mais je ressens quelque chose au fond de moi. Quand on m'a annoncé le drame, tout de suite le même cri m'est revenu, j'étais effondré.
Je ne suis pas choqué par les hypothèses émises par le public "simple", mais par des amis proches d'elle qui disent des choses allant dans tous les sens, des choses qu'ils sont incapables de justifier.
La police est là pour faire son travail, et on peut se demander si sans ces hypothèses farfelues qui ont entraîné la police dans de mauvaises directions Katoucha aurait peut-être été retrouvée plus tôt.
Je croit qu'il faut respecter la police et la famille de Katoucha.
Sur Africa N°1, vous avez refusé de parler d'elle au passé. Pourquoi ?
Parce que je refusais d'accepter sa disparition. Elle était presque une sœur pour moi. Même aujourd'hui qu'on a officiellement confirmé son décès je refuse d'admettre.
Quel souvenir garderez-vous de Katoucha, et que retiendra le monde de celle qui a été la reine des podiums ?
Je me souviendrai toujours de la Katoucha que j'ai côtoyée, la Katoucha de tous les jours, celle que j'ai soutenue et m'a soutenu, celle qui s'est battue pour son travail par rapport à ce qu'elle a subi, l'excision, et dont elle a témoigné dans son livre.
Pour moi Katoucha, c'est un monument qui est parti, je crois qu'elle est entrée dans l'histoire de la mode internationale et je crois qu'elle est parti comme une grande. C'est cela que je retiens d'elle.
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