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Seybah Dagoma, candidate PS à la mairie du 1er arrondissement et avocate
Grioo.com est allé à la rencontre de Seybah Dagoma, une jeune avocate ayant grandi à Sarcelles, et qui brigue actuellement la mairie du 1er arrondissement de Paris
 28/01/2008 Par Paul Yange
 
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Seybah Dagoma
   
Vos parents sont originaires du Tchad et vous avez grandi à Sarcelles. Pouvez-vous revenir sur cette période de votre vie ?

Je suis née en province à Nantes, j’ai grandi en banlieue à Sarcelles, et aujourd’hui je vis à Paris. Sarcelles, j’y ai fait une partie de mes études et j’y ai aujourd’hui encore de nombreux amis. C’est une ville qui a beaucoup compté dans ma prise de conscience politique. Très tôt, je me suis engagée dans une association « France Espoir » dont l’objet est de participer à l’intégration de jeunes en difficulté, par le soutien scolaire, des activités éducatives et culturelles.

C’est dans ce cadre, que je suis entrée en contact avec la municipalité socialiste et que j’ai rencontré Dominique Strauss-Kahn et François Pupponi. Très vite, j’ai milité activement à leurs cotés sans adhérer au PS. J’ai décidé de prendre ma carte en 2007 à Paris.

Parallèlement, je poursuivais des études de droit. Je suis titulaire d’un DEA de droit des affaires et de l’économie (Paris I Panthéon Sorbonne), et d’un master en financement de projets et financements structurés (Ecole des Ponts et Chaussées). J’ai travaillé à la cour de cassation avant de passer l’examen d’entrée à l’école de formation du barreau (EFB). J’ai fait mon stage de l’EFB au sein du cabinet français Gide Loyrette Nouel avant d’intégrer le cabinet Cleary Gottlieb Steen Hamilton en tant qu’avocate d’affaires. Ensuite, j’étais chargée d’études au comité interministériel pour la restructuration industrielle (Ministère de l’économie et des finances). Je rédige aussi une thèse sur les restructurations des dettes des entreprises.
Qu’est ce qui vous a fait passer du militantisme à la décision de prendre votre carte et participer à des élections ?

J’étais militante depuis plus d’une dizaine d’années. Je savais dans quoi je m’engageais et je mesurais pleinement ce que signifiait être socialiste. Prendre ma carte était la conséquence logique des valeurs de justice sociale, de progrès partagé et d’émancipation de l’individu que je défendais au quotidien dans mon action militante.

Ce n'est pas l'ancienneté qui compte, c'est la sincérité de l'engagement
Seybah Dagoma


J’ai décidé de me lancer dans la conquête de la mairie du 1er arrondissement parce que j’y vis.
J’ai commencé à réellement y penser quand plusieurs de mes amis avec lesquels je fais de la politique depuis longtemps - ils se présentent également dans plusieurs villes - m’ont suggéré de le faire.

J’y ai réfléchi longuement et je me suis jetée à l’eau. C’est une aventure passionnante de porter collectivement nos valeurs - n’oublions pas que c’est un scrutin de liste - et de se mettre au service de nos concitoyens.
   

Avec Bertrand Delanoë
©rue89.com

Certains vous contestent une légitimité en disant que ça ne fait que deux ans que vous êtes au PS et que vous êtes tête de liste dans le 1er arrondissement...

Ce n’est pas l’ancienneté qui compte c’est la sincérité de l’engagement.

Je milite sur le terrain et je participe également à la rénovation de nos idées. Je suis membre du club de réflexion social démocrate A Gauche en Europe où j’ai animé un groupe de travail sur l’aide au développement présidé par Michel Rocard. J’étais membre de la commission de la rénovation sur les socialistes et le marché où j’ai fait une intervention sur les fonds d’investissement et non sur les fonds de pension !

Quant à la légitimité de ma candidature, elle est démocratique : j’ai été désignée, parmi plusieurs candidats, par les militants socialistes lors d’un vote.

Vous ne vous sentez donc pas illégitime...

Pas du tout. Nous étions deux candidats. Les militants ont tranché. J’ai été désignée avec 58% des suffrages.
Vous êtes candidate dans un arrondissement plutôt prestigieux, qui est plutôt à droite, comment voyez-vous vos chances ?

Je suis candidate dans le 1er car j’y habite. Je suis très attachée à son identité. Alain Le Garrec, mon équipe et moi avons de grands défis à relever : le logement, la solidarité inter-générationnelle, la diversité commerciale, la démocratie locale...
Nous nous battons tous les jours pour gagner l’arrondissement. Si on se réfère aux chiffres, notamment ceux des dernières élections municipales de 2001, nous pouvons remporter la victoire. Nous avons perdu l’arrondissement avec un écart de 285 voix alors qu’il y avait 3000 abstentionnistes. Par conséquent, cet arrondissement est gagnable, et nous faisons le maximum pour que ce soit le cas.

La comparaison avec Rama Yade ne m'agace pas, mais la politique n'est pas une question de couleur de peau. Il ne me viendrait pas à l'esprit de comparer un homme blanc de gauche avec un homme blanc de droite
Seybah Dagoma


Avez-vous déjà des échos de votre campagne ?

Vous savez nous sommes très présents sur le terrain pour discuter et écouter les habitants. C’est fondamental !
Depuis 2001, Bertrand Delanoë a fondé toute son action sur ce principe, au service des parisiens
Nous associons les habitants à l’élaboration du programme pour le 1er. Nous sommes dans une démarche de concertation. Tout d’abord, nous avons proposé aux habitants un questionnaire sur cinq thématiques majeures pour l’arrondissement : la vitalité économique, le logement, la solidarité, la vie citoyenne, le cadre de vie et la culture. Des cafés-débats avec les habitants sont actuellement organisés sur ces mêmes cinq thèmes. A la fin de ce processus, nous aboutirons à un programme qui sera le fruit d’une réflexion commune qui alliera nos valeurs de gauche, nos idées et les aspirations de nos concitoyens.

Une vue de la mairie du 1er arrondissement de Paris
   
Plusieurs médias ont fait la comparaison entre vous et Rama Yade, en disant notamment que cette comparaison vous agaçait...Qu’en est t-il ?

Cette comparaison ne m’agace pas, mais la politique ce n’est pas une question de couleur de peau. C’est une question d’idées et de convictions, une question d’idéal. Il ne me viendrait pas à l’esprit de comparer un homme blanc de gauche avec un homme blanc de droite.

Au delà de la couleur de peau, vous avez peut-être des similitudes, vous êtes toutes les deux des femmes jeunes qui se lancent en politique, qui ont fait de bonnes études, et de surcroît "issues de la diversité"...

Nous avons peut-être des caractéristiques communes, mais, il ne faut pas oublier l’essentiel : elle est une femme politique de droite, et moi, une femme politique de gauche. Je fais partie de ceux qui ont salué le fait qu’il y ait des ministres issus de l’immigration au gouvernement. Je considère que c’est une forme de progrès et qu’une meilleure représentation politique de la population française est nécessaire.
Pour autant, je ne me laisse pas abuser. Ce gouvernement est en place depuis près d’un an. La réalité, c’est qu’aucune mesure n’a été mise en place pour favoriser la promotion sociale. Par ailleurs, la désignation de ministres issus de la « diversité » -je n’aime pas ce terme- n’a rien changé dans la vie des gens qui font l’objet de discrimination en raison du lieu où ils habitent, de leur age, de leur sexe, de leurs origines sociales ou ethniques !

En outre, il ne faut pas oublier qu’en tant que ministre, ces femmes sont solidaires de l’action d’un gouvernement qui met en place les tests ADN, qui fait le discours de Dakar, qui met en place le paquet fiscal et une politique destinée aux plus favorisés ! Et en tant que militante de gauche, je combats l’action politique du gouvernement car elle est contraire à mes convictions de justice sociale et d’égalité.

Comment voyez-vous votre avenir après les élections, par exemple si vous ne gagnez pas ?

Je suis militante socialiste depuis longtemps, j’ai décidé de me présenter à une élection. Quelques soient les résultats, je continuerai de partager ma vie entre mon métier d’avocate d’affaires et mon militantisme au sein du parti socialiste à Paris.

Est-ce possible de concilier les deux sur la durée sachant que ce sont des métiers extrêmement exigeants ?

Lorsque je travaillais dans mon ancien cabinet, je faisais déjà de la politique. Tout dépend de la fonction qu’on a. Si je suis élue, la question de la capacité à concilier mes activités se posera sans doute, mais chaque chose en son temps.
On vous a vu arriver ce dimanche (20 janvier NDLR) à la grande réunion socialiste aux côtés notamment de Dominique Strauss Kahn. Faut-il y voir un symbole ?

Je connais Dominique Strauss-Kahn depuis plus d’une dizaine d’années. Je suis devenue militante socialiste grâce à lui notamment et nous avons beaucoup travaillé ensemble. Il m’a beaucoup appris. Très tôt, j’ai très pris conscience des inégalités qui existent dans notre société. J’ai aussi pu observer les actions concrètes menées par DSK pour une plus grande justice sociale et une égalité réelle entre les habitants. J’ai constaté, au quotidien, comment l’action politique pouvait changer les choses.

Vous êtes femme et Noire, et vous avez évolué dans des milieux extrêmement compétitifs (avocate d’affaires, politique), en ayant grandi en banlieue : avez-vous parfois rencontré de problèmes liés au fait qu’il est inhabituel pour certains de voir des femmes noires dans ces métiers, et ayant de surcroît des ambitions élevées ?

J’ai la chance d’exercer le métier que j’ai choisi et je sais que ce n’est pas le cas du plus grand nombre. C’est aussi pourquoi je fais de la politique et que je suis de Gauche : chaque individu devrait pouvoir se réaliser !

Si vous aviez un conseil à donner à des jeunes issus des minorités, quel serait-t-il ?

Si j’avais un conseil à donner – même si je n’aime pas cette expression – je leur dirais comme à ma petite sœur de toujours faire les choses du mieux que l’on peut. C’est l’essentiel.
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