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Raphaëlle Eva présente "Original" son premier album
26 ans, métisse de père martiniquais, de mère franco-suisse et de grand-mère tchèque, Raphaëlle Eva est une antillaise qui chante en français, dans un album marqué par sa diversité, on y retrouvera des chansons très typées "variétés françaises", des chansons plus "tropicales" voire de la ragga. Raphaëlle présente pour vous cet album dont le titre-phare "Original" est un cri de coeur d'une artiste qui refuse le formatage imposé par les maisons de disques
 31/05/2004 Par Hervé Mbouguen
 
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"Original" la couverture de l'album
©Amazon
   
Pouvez-vous vous présenter à nos internautes et notamment leur dire comment vous êtes rentrée dans la musique ?

Bonjour. J’ai commencé par écrire des poèmes depuis que j’étais toute petite. C’est donc l’écriture qui m’est venue en premier. Ensuite en écoutant mon père jouer à la guitare, une de ses compositions, une chanson m’est venue et de là je me suis rendue compte que j’avais envie de mettre mes poèmes en musique, et j’ai donc pris des cours de chant. J’ai travaillé avec des compositeurs, pour essayer de me trouver un style qui me soit personnel.
Il y a donc eu un peu une recherche identitaire qui consistait à exprimer mon métissage à travers ma musique. Ceci a donné naturellement un mélange de chansons françaises et de musique caribéenne, au sens large puisque ça va du reggae, à la biguine, la bossa, le tout en français, avec des instruments traditionnels, parce que je trouve que la musique antillaise a un côté culturel qui est trop méconnu en métropole, que j’avais envie de mettre en avant. Et en acoustique parce qu’on entend mieux les textes, c’était plus intéressant.
   

Festival Pirineos Sùr (Espagne), Août 2003, avec Jean-Christophe Maillard
©raphaelle-eva.com

Justement, comment décririez-vous votre album, qui est musicalement assez varié, qui n’est pas du zouk, et qui est chanté à 100% en français ?

C’est vrai que c’est un album à 100% personnel. C’est une introspection que j’ai voulu faire. J’ai eu besoin de temps de trouver le style, justement pour trouver un équilibre entre chanson française et « world music ». Il est assez hors format parce que justement à cheval entre chanson française, et world music, plus ragga donc musique urbaine ! Ceci le rend difficile à définir et à classer, ce qui en fait ma fierté, car j’avais envie de brouiller les pistes ! Du coup commercialement c’est un peu difficile à défendre, mais je trouvais qu’artistiquement c’était plus intéressant.

Dans « Résistance », vous dites : « bâillonnés, l’art et les cultures défieront toujours la censure… » ou dans «Les Grands Moyens » vous dites : « on n’est jamais obligé d’obéir, d’accepter… », vous ne seriez pas un peu rebelle dans l’âme ?

En fait, ma rébellion, c’est plutôt mon énervement face à certaines situations, à la lutte permanente qu’il a fallu que je mène pour avoir le droit de faire un style personnel ! Par exemple, quand j’allais voir les maisons de disque, on me disait, c’est bien joli de vouloir faire quelque chose d’original, mais on n’a pas de preuves que ça puisse marcher. On me demandait de faire plutôt du RNB, de la pop, des trucs plus groovy…

Au restaurant l'Esplette avec Kali à Saint-Martin le 14 Mai 2004
©raphaelle-eva.com
   
On veut avoir des trucs d’influence américaine parce que c’est ce qu’on attend d’une jeune fille. Ils ont dû penser que jeune j’étais forcément maniable, alors qu’il me tenait à cœur de faire quelque chose qui ait un intérêt musical, avoir l’impression d’apporter quelque chose .

Par exemple, « Résistance », je l’ai écrit suite à une phrase qu’on m’a dite : « ça sert à rien de faire du reggae en France, ça marche pas. ». Moi ça m’a choquée ! Comme si on devait, pour des raisons commerciales, renoncer à faire la musique qu’on a envie de faire. Quand on choisit de faire un style de musique, c’est pas parce que ça marche, c’est parce qu’on aime ça et qu’on a l’impression que ça peut vous permettre de véhicule le message qu’on a envie de faire passer. Et justement le reggae c’est la musique qui permet de faire passer les messages un peu contestataires : ça me semblait incontournable.

Pour ce qui est de «Les Grands moyens », c’est le style de chansons que j’écris pour me redonner le courage et pour tirer profit d’une déception en général : c’est à dire toutes les difficultés qu’on peu rencontre pour avancer, justement la frustration que ça a provoquée m’a permis de faire des chansons, donc tant mieux.
   

Raphaëlle Eva
©raphaelle-eva.com

On vous découvre ensuite en séductrice improbable, on a du mal à vous voir patiemment attendre que l’autre en face veuille bien se décider; ou plus tard en une amoureuse un peu déçue par une personne un peu hermétique en face. Après la contestation, l’amour aussi a une grande place dans votre album ?

C’est un album totalement auto biographique ! Donc ça parle de moi, c’est vrai que j’ai moins envie de parler quand je suis heureuse parce que je garde mon bonheur pour moi et que j’en profite !
Mais l’écriture c’est surtout une forme d’exorcisme pour se libérer de quelque chose qui pèse, de trop lourd à porter. Donc forcément tout chagrin d’amour, toute émotion intense ressort spontanément. L’écriture est vraiment un refuge, comme si je demandais conseil au papier. Fatalement, comme je suis une grande amoureuse et passionnée, je me prends des murs. J’ai donc été amenée à en faire des chansons.
Là aussi je pense que c’est positif, il vaut mieux vivre les choses intensément quitte à être déçu(e) : l’inconvénient d’être passionné(e) est qu’on souffre plus mais on a l’avantage d’être beaucoup plus heureux quand c’est le cas.
Donc effectivement il y’a une bonne proportion de chansons d’amour, où j’essaie quand même d’aborder des thèmes d’une façon assez personnelle.

Au restaurant l'Esplette avec Kali à Saint-Martin le 14 Mai 2004
©raphaelle-eva.com
   
Après l’amour et la rébellion, il y’a aussi l’espoir notamment à travers « Vie », une chanson semblant là pour redonner de façon générale l’espoir aux gens, ou « Les grands moyens » dans laquelle vous conseillez aux gens de toujours viser plus haut. Etait-ce par rapport à vous-même, ou par rapport au fait que dans votre communauté, vous estimez que les gens ne se donnent pas toujours les moyens de leurs ambitions ?

Comme je le disais, plusieurs chansons sont de l’auto persuasion, c’est parfois utopiste, je dis quelque chose, j’y crois et je veux, j’ai envie d’y croire. « Grands moyens », c’est effectivement c’est avoir plus d’ambition, c’est comme si c’était un travail que je faisais sur moi même pour essayer de me motiver et par la même occasion essayer d’entraîner les autres avec moi.
C’est parce que justement j’ai souvent l’occasion d’être déçue, que j’écris ce type de chansons qui prône la persévérance, par exemple « Absolu », c’est aussi une chanson très utopiste où j’essaie d’imaginer un monde où tout serait très intense, où il n’y aurait pas de demi mesure, où les sentiments seraient entiers, où tout le monde serait sincère… ça c’est une utopie et j’en parle comme si j’y croyais vraiment.
   

Festival Pirineos Sùr (Espagne), Août 2003, avec Jean-Christophe Maillard
©raphaelle-eva.com

«Stop !» par exemple, c’est une chanson où je dis que c’est fini, mais en fait entre le moment où j’écris la chanson et le moment où je parviens à la mettre en application il s’est passé six mois. C’est un peu pareil pour toutes les chansons que ce soit triste ou gai, c’est un peu un dialogue avec moi même, comme un journal intime que j’écris, pour essayer de me convaincre et de convaincre les autres.
Ce n’est donc pas à prendre au premier degré ; c’est vraiment cet idéal de vie, comme en peinture où on essaie de sublimer un objet qui peut même être très laid en vrai.
C’est une constatation de quelque chose de décevant dont on essaie de faire quelque chose de beau ; parce qu’en fait il y’a une démarche avant tout esthétique dans mes chansons, dans le but de faire passer de façon la plus agréable possible des messages qui sont plus difficiles.

Raphaëlle Eva
©raphaelle-eva.com
   
Vous avez eu l’occasion de dire que pour vous, tout ce qui était live ou réel était très très important, où est-ce qu’on pourra vous voir ?

Je serai en show-case à la FNAC de Créteil le 12 Juin, je pense que c’est dans l’après midi. Eventuellement au piano bar BB Antilles fin juin ou début juillet, je ne connais pas encore la date. Je serai en interview sur Aligre FM le 3 Juillet à 20h, 93.1, dans l’émission de Pascal Paretti.
J’ai mon site Internet www.raphaelle-eva.com, c’est possible de laisser des mails auxquels je répondrai, et pour consulter l’actualité.

Avez-vous un dernier mot pour les grioonautes ?

Je veux aussi dire un mot sur « original », parce qu’on parlait de contestation. On m’a dit qu’il y avait un caractère alter-mondialiste dans mon message, mais c’est juste une critique de cette société de consommation, des stratégies marketing qu’on tente d’appliquer, notamment à l’art et à la culture, ce qui en réduit la diversité, je trouve ça très dommage. J’avais écrit ça suite à un cours de marketing où on essayait de nous expliquer comment vendre au grand public des yaourts, avec des goûts de plus en plus restreintes, enfin des parfums pas trop nombreux, pour que tout le monde puisse consommer la même chose. Je me suis dit qu’il ne fallait surtout pas appliquer ce type de méthodes à la musique, malheureusement je pense que ça a tendance à se généraliser, mais j’essaie de résister comme je peux.

Pour les grioonautes, je vous remercie.

Note: sur le site personnelle de Raphaëlle Eva cité ci-dessous, vous pourrez trouver les dates de ses prochains concerts, ou écouter des extraits de ses chansons
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