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Josephine Baker (1906-1975)
Americaine de naissance, française d'adoption, Josephine Baker peut être considérée comme la première star noire du 20è siècle
 15/03/2003 Par Paul Yange
 
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Née Freda Joséphine Carson, à St Louis dans le Missouri, le 3 juin 1906, Joséphine Baker est la fille de Carrie Mc Donald, femme de ménage et d’Eddie Carson. Eddie quittera le foyer familial peu après la naissance de Joséphine. Sa mère se remaria , et la famille s’agrandira d’un garçon et de deux filles. La famille étant extrêmement pauvre, joséphine commença à travailler dès l’âge de 8 ans en faisant le ménage et du baby sitting pour de riches familles blanches.

A 13 ans, elle fut embauchée comme serveuse à l’Old Chauffeur club. Elle y rencontra Willie Wells qui fut son premier mari et dont elle divorça rapidement [elle se maria trois autres fois, en 1921 à Willie Baker dont elle gardera le nom, puis au français Jean Lion en 1937-ce qui lui donna la nationalité française-, et enfin au chef d’orchestre français Jo Bouillon en 1947 (ce dernier l’aidera à élever les 12 enfants qu’elle avait adopté)].

En 1919, elle fit la tournée des Etats-Unis avec le "Jones Family Band" et les "Dixie Steppers", effectuant de nombreuses sketches comiques. Lorsque la troupe se sépara, elle essaya de devenir choriste dans la revue "Shuffle Along", la première comédie musicale noire de Broadway. Elle ne fut pas retenue, mais continua néanmoins à répéter tout en travaillant comme habilleuse. Elle devint ainsi la remplaçante évidente quand une danseuse quitta la troupe. Le public apprécia son numéro comique, et elle devint une attraction pour le reste de la tournée. Elle joua dans d’autres revues ou comédies musicales, avec plus ou moins de succès, mais son départ pour Paris se révéla être le tournant de sa carrière.


   

A l’automne 1925, un événement se produisit à Paris. La "Revue nègre" du théâtre des Champs-Elysées, avec en vedette une jeune noire américaine de 19 ans, présentait le tout dernier cri du jazz hot en provenance de Broadway. Le clou du spectacle était le charleston dansé par Joséphine Baker, vêtue simplement de quelques plumes d’autruche rouge écarlate. Joséphine et son partenaire Joe Alex enflammèrent l’imagination des spectateurs parisiens qui découvraient un spectacle neuf et "exotique". Elle devint ainsi une sensation du jour au lendemain.

La carrière de Joséphine Baker prospéra dans la société parisienne, qui était plus ouverte pour les noirs que la société américaine. (Même si le racisme n’était pas totalement absent, les artistes noirs américains jouissaient à Paris d’une liberté dont il ne disposait pas aux Etats-Unis). Lorsque la "Revue Nègre" s’arrêta, Joséphine Baker joua dans "La Revue du Jour" aux Folies Bergères. Sa performance lors de ces représentations (dans le rôle de l’africaine Fatou) et son fameux costume de 16 bananes cousues dans une jupe achevèrent de cimenter sa célébrité. En 1927, elle était l’artiste la mieux payée d’Europe et l’une des femmes les plus photographiées du monde. Elle était aussi la première star à se montrer "presque nue". Elle pouvait se permettre quelques extravagances comme descendre les Champs-Elysées avec son guépard tenu en laisse...ou faire la une de la presse à scandale avec ses multiples aventures amoureuses.

En 1930, de retour d’une tournée de deux ans et demi à travers l’Europe et l’Amérique du Sud, elle est de retour à Paris et interprète la chanson qui restera comme son plus grand succès : "j’ai deux amours" (j’ai deux amours/ mon pays et Paris...).



La fameuse "jupe" de (fausses) bananes...
   
Toujours au début des années 30, elle joua dans deux films (Zou-Zou et Princess Tam-Tam, deux films au titre évocateurs et dans la tonalité de l’époque) et fit venir sa famille de St-Louis aux Etats-Unis à Castelnau Feyrac en France où elle possédait une propriété. En 1936, elle fit une tournée aux Etats-Unis qui s’avéra désastreuse malgré le fait qu’elle soit une star en Europe : le public américain n’acceptait pas une femme noire avec autant de sophistication et de puissance. Les journaux furent cruels. Le New-York Times la qualifia de "negro wench" (expression péjorative utilisée pour désigner les femmes noires du temps de l’esclavage) et elle retourna en Europe défaite.

Pendant la guerre, Joséphine Baker travailla pour la résistance française (en transmettant du courrier aux réseaux de résistance ou en se produisant devant les troupes alliées). Elle fut décoré de la croix de guerre et de la légion d’honneur en 1961.

Dans les années 50 et 60, elle voyagea souvent aux Etats-Unis avec une vigueur retrouvée pour combattre le racisme. Après le succès de sa tournée à Cuba, Elle fut demandée à Miami. Elle exigea et obtint de pouvoir se produire devant un public mixte. Elle engagea ensuite une bataille médiatique avec le célèbre journaliste américain Walter Winchell qu’elle accusait de n’avoir rien fait pour empêcher le traitement discriminatoire dont elle avait été victime en sa présence au Stork Club de New York, un des cabarets les plus snobs et les plus en vue de la ville. Elle participera à la marche de Washington en 1963 qui fut le point d’orgue des revendications pour les droits civiques des noirs aux Etats-Unis.


   

Josephine Baker bébé
©cmgww.com

Parallèlement, dans les années 50, elle avait commencé la construction de sa tribu "arc en ciel", c’est à dire l’adoption d’enfants de race, d’origine et religion diverses. Elle adopta au total 12 enfants (asiatiques, sud américains, africains, européens...). Joséphine Baker effectuait régulièrement des tournées à l’Olympia à Paris dans les années 50 et 60 (1956, 59, 64, 68) et ailleurs en Europe, notamment en Scandinavie où le public lui réservait un bon accueil. Elle se rendait régulièrement aux Etats-Unis. En 1973, elle accepta de se produire au Carnégie Hall. Cette fois l’époque avait changé et avant même le début du spectacle, elle reçut une standing ovation. Le 8 avril 1975, Josephine Baker se produisit au théâtre Bobino à Paris. Des célébrités telles que la princesse Grâce de Monaco, Sophia Loren, Mick Jagger, Jeanne Moreau ou Alain Delon assistèrent au spectacle qu'elle donna alors qu'elle était âgée de 68 ans. Elle interpréta un medley de ses chansons pour ses 50 ans de carrière. Le spectacle fut un des meilleurs qu’elle ait livrée.

Quelques jours plus tard, au cours de son sommeil, elle sombra dans le coma et mourut d’une hémorragie cérébrale le 12 avril 1975. Plus de 20 000 personnes accompagnèrent le cortège funèbre le long des rues de Paris jusqu’à l’église de la madeleine. Elle fut enterrée avec les honneurs militaires et repose au Cimetière de Monaco.


"Puisque je personnifie la sauvage sur scène, j’essaie d’être aussi civilisée que possible dans la vie".

"Un jour j’ai réalisé que j’habitais dans un pays où j’avais peur d’être noire. C’était un pays réservé aux blancs. Il n’y avait pas de place pour les noirs. J’étouffais aux Etats-Unis. Beaucoup d’entre nous sommes partis, pas parce que nous le voulions, mais parce que nous ne pouvions plus supporter ça...Je me suis sentie libérée à Paris."




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