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Les aléas de Tatiana : massage chinois
J’ai eu le mois dernier un torticolis monstrueusement douloureux.
 27/10/2007 Par Tatiana Guillaume
 
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Tatiana sur son canapé
©Haneek S http://haneek.s.free.fr
   

Après quelques jours à accepter mon sort avec résignation, j’avais avalé l’intégralité des saisons 1, 2 et 3 de Lost et de Desperates Housewives. J’étais en permanence au bord des larmes. Mais pas à cause des drames touchant Lynette, Jack et compagnie. A cause de la douleur. Des choses simplissimes comme parler, bailler, ne parlons de rire, s’apparentaient tout bonnement à de la torture.

J’avais donc accepté mon sort qui consistait en un arrêt de travail d’une semaine imposé par mon médecin, des anti-inflammatoires, des décontracturants et une minerve bleue d’accidentée. Je rassemblais chaque matin le matériel de la journée dans mon gros fauteuil : téléphone portable, télécommande, médicaments, mon Mac, et des granolas.

Le vendredi, n’ayant ressenti aucune amélioration, j’anticipais avec dépit un week-end cauchemardesque : Immobilisée dans mon fauteuil je ne pourrais ni sortir, ni recevoir, ni cuisiner, ni prendre de bain (risque de mort par noyade)…

Mais surtout, je prévoyais déjà avec horreur d’annoncer à mon patron que la semaine suivante je ne pourrais pas revenir travailler.

Le dimanche, je craquais. Passer encore 8 jours à gémir de douleur devant Lost ? Non !

C’était le moment d’employer les grands moyens, de mettre en œuvre un des plans B dont j’ai le secret !

Une de mes amies m’avait raconté qu’un jour où elle se baladait à vélo avec son petit garçon sur le porte-bagages, le pied du garçonnet s’était accidentellement coincé dans le rayon de la roue arrière. En moins de 10 secondes, sa cheville avait doublé de volume. Max (c’est son nom) hurlait de douleur et un attroupement commençait à se former quand une dame chinoise est sortie de nulle part et leur a fait signe de s’approcher : Elle tenait un salon de massage dans la même rue et  proposait dans un français approximatif de soigner l’enfant. Après quelques pressions savantes exercées sur sa cheville, Max gambadait tel un cabri, comme s’il n’était rien arrivé. Mon amie a bien entendu noté les coordonnées du salon.

Je me suis donc souvenue de ce « tour de magie » en ce moment de désespoir. Cette femme allait m’aider!

Le dimanche après-midi, adresse en poche, je saute (c’est une image) dans un taxi et me rends au Salon de massages de Madame Wu.

Le taxi m’arrête devant un minuscule salon de massage qui ressemble, à vrai dire, à un traiteur chinois : même devanture jaune et rouge, même typographie de l’enseigne. Sauf qu’au lieu de proposer des nems et des soupes Phô, ce sont des massages. Des massages stimulants, apaisants, déstressants, énergisants, etc.

A l’intérieur, quatre femmes, habillées plutôt très court et maquillées plutôt  « discothèque », jouent aux cartes. Je dis bonjour et comprends rapidement qu’aucune ne parle le français. Je m’explique le plus clairement possible en désignant ma minerve  et mon dos. Je ne veux pas qu’il y ait confusion : ce n’est pas un massage « sensualisant » qui m’intéresse. « J’ai bien mal, leur confiai-je, et je voudrais m’assurer que ce ne sera pas pire après un massage, pouvez-vous m’aider ? »

« Oui oui, massage très bon », dit l’une d’elle. Une autre semble s’y opposer « Non douleur pas partir avec massage». Les autres donnent aussi leur avis «  Si ! Aider un peu partir douleur ». Elles se disputent pendant 2 ou 3 minutes en chinois, en parlant toutes en même temps. Puis celle qui avait dit « douleur pas partir avec massage » me fait signe qu’elle va me faire mon massage parce que « Aider un peu partir douleur ». Dieu merci ! Honnêtement, à ce moment-là, je suis comme quelqu’un qui va se faire extraire une dent de devant sans anesthésie: ok, c’est pas l’idéal mais je prends le risque. Pour ne plus avoir mal. Mon dépit devant un refus se serait additionné à la difficulté du retour à la maison, clopinante et bredouille, car il n’était pas dit que je réussirais à trouver un taxi… Bref autant que faire se peut, j’exulte intérieurement en avançant dans le petit couloir crasseux.

De la première pièce sur la droite sort une jeune femme ensommeillée à qui ma masseuse a visiblement demandé d’écourter sa sieste pour me permettre de prendre sa place. Je m’installe donc sur une table médicale à la propreté douteuse : un cheveu ou peut-être pire, est accroché au tissu-éponge blanc. Juste avant de m’allonger sur le ventre, le visage dans le trou de la table de massage, je note plusieurs affichettes stipulant en rose que «  les clients ne sont pas autorisés à proposer des relations sexuelles ou des pourboires aux masseuses ». Advienne que pourra…

La jeune femme me masse pendant une bonne heure et il faut reconnaître qu’elle y met du cœur. Elle semble savoir exactement ce qu’elle fait et n’hésite jamais entre chaque geste. Utilisant tour à tour ses doigts, les paumes de ses mains et même ses avant-bras,  elle « aplatit » littéralement le muscle coupable. Elle me frotte le dos avec une huile parfumée au camphre, alterne ensuite pétrissage et coups violents (il n’y a pas d’autre terme).  Parfois elle me demande « Pas trop mal ? Vous dîtes, si trop mal ».

Après une demi-heure, elle sort de la pièce et revient avec de petites serviettes qu’elle trempe dans de l’eau tellement chaude qu’elle souffle dessus avant de me les appliquer sur le dos. J’entends tout cela mais ne vois rien, étant donné ma position. Plusieurs fois je l’entends saisir la serviette et la laisser retomber dans l’eau tant elle doit être chaude. Elle continue à souffler, appliquer, souffler, appliquer, si bien que je risque un : «  Ne vous brûlez pas, hein ? ». Elle n’a sans doute pas compris mais me répond : « Chaleur, bon pour mal ».

Deux fois j’entends des voix étouffées d’hommes dans l’entrée « C’est combien le massage ? Et vous faites … ? » Ah ! Je n’entends pas la suite!

La séance se termine par un autre véritable « passage à tabac » de mon muscle. « Ca lui apprendra à se contracter » me dis-je.  Voilà c’est fini. Je paie les 38€ à la caisse, ose un pourboire en espérant que l’on ne me prendra pas pour une perverse et trouve la force de rentrer chez moi… en métro.

Sur le trajet de retour la souffrance s’est intensifiée. Arrivée à la maison, je m’allonge tout  doucement, prête à tourner de l’œil. La douleur n’avait encore jamais été aussi intense. « Qu’ai-je fait ? » me dis-je en m’endormant…

Je me réveille 2 heures plus tard. Débloquée. Un peu courbaturée, comme après une séance de sport.  Mais DE-BLO-QUEE. Je tourne la tête, je peux même voir mes pieds, c’est la première fois depuis 10 jours !

Le lendemain je retourne au travail. Je retrouve les joies d’être bousculée dans le métro, de ramasser un stylo par terre, de me retourner lorsqu’on m’appelle… Le bonheur !

Merci Madame Wu, si jamais tu existes vraiment. Tatiana GUILLAUME


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