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Le véritable Kâma Sûtra
Si vous croyez, comme la majorité des occidentaux, que le kâma sûtra n’est qu’un simple abécédaire de positions toutes plus acrobatiques les unes que les autres, alors, lisez cet article. Car le Kâma Sûtra est bien plus, heureusement, que du sport en chambre, bien plus qu’une liste de positions, certaines difficilement réalisables d’ailleurs, sauf si vous avez derrière vous 10 années de yoga. Les positions sexuelles ne représentent en effet qu’un chapitre sur les 35 que compte le Kâma Sûtra.
 17/09/2007 Par Aymi Nena
 
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Il est vrai que l’Occident puritain a découvert, médusé, ces traités et philosophies orientales dans lesquelles il n’y a pas forcément de lutte entre corps et esprit, de séparation entre sexe et sacré, dans lesquelles le sexe est tout simplement un des aspects essentiels de l’existence. Il suffit d’admirer les sculptures de certains temples indiens qui célèbrent l’union des deux principes divins, le masculin shiva et le féminin shakti. A cet égard, les temples de Khajuraho sont célèbres pour leurs innombrables sculptures ''érotiques''. Quel choc, pour un Occident judéo-chrétien qui cultive le mépris et la honte du corps, l’interdiction du plaisir physique assimilé au péché, la conviction que le sexe, loin d’être un don de Dieu pour les hommes est, au contraire, l’œuvre du diable par définition.


Petite histoire du Kâma Sûtra
   

Il a été écrit entre le IIe et le VIe siècle par Vâtsyâyana, grand lettré et brahmane ayant résidé à Bénarès où il faisait des études religieuses (eh oui !). Dans le panthéon hindou, Kâma est le dieu de l’amour, du désir sensuel et spirituel. Rappelant l’Eros grec, Kâma se présente comme un jeune homme armé d’un arc et de flèches. Le mot sûtra signifie aphorismes, règles de vie, conseils, maximes. Kâma Sûtra pourrait donc être traduit par aphorismes de l’amour, traité de l’art d’aimer.

Se débarrasser des préjugés sur le Kâma Sûtra, c’est aussi savoir ce qu’il n’est pas. Le Kâma Sûtra n’est pas ''révolutionnaire''. Il s’inscrit parfaitement dans la société indienne de castes et il est écrit pour les gens des hautes castes, pour les citadins fortunés possédant demeures luxueuses, mobilier riche et confortable, domestiques, amuseurs, jardins parfumés, onguents, nectars, liqueurs… ''Conservateur'' le Kâma Sûtra l’est assurément, notamment dans sa vision d’une femme devant être fidèle, dévouée, révérer son mari comme un dieu, s’occuper de la maison, des courses, excellente maîtresse de maison et merveilleuse gestionnaire.


« Quand il rentre à la maison [le mari], au seul bruit de ses pas, elle doit se lever et se tenir prête à répondre à toutes ses exigences, écartant les servantes pour lui laver elle-même les pieds. »


   

Le Kâma Sûtra ne s’embarrasse cependant pas toujours de morale lorsqu’il expose les ruses permettant à l’homme de séduire une femme mariée ou encore quand il donne des conseils aux courtisanes afin de soutirer de l’argent à un homme et s’en débarrasser après. Il explique comment conquérir et prendre épouse, donne de précieuses astuces pour réussir une relation adultère. Vous y trouverez des classifications de toutes sortes : les types de baisers, d’étreintes, de morsures, de sexes, d’amour… Et pourquoi pas emporter votre kâma sûtra sur la plage cet été ? C’est un vrai livre à lire, un tableau de la société indienne de l’époque, ce qui rend sa lecture à la fois agréable, dépaysante, quelquefois croustillante. Il nous renseigne sur les rapports entre les sexes et sur les usages, sur l’intimité dans les harems (pas si bien gardés que cela ma foi !), le monde des prostituées, sur le rôle des entremetteuses. Et pour ceux que cela intéresse, il y a aussi quelques secrets de magie pour accroître son charme et sa puissance sexuelle, s’attacher une femme ou un homme, augmenter la longueur du pénis, des recettes d’aphrodisiaques.


Que peut nous apporter à nous, lecteurs d’aujourd’hui, le Kâma Sûtra ?


Du temps
   

C’est la première leçon du Kâma Sûtra : prendre son temps !!! A l’heure du fast sex, le Kâma Sûtra rappelle l’importance qu’a le temps dans la volupté, le rôle joué par l’attente dans la montée du désir jusqu’à l’extase finale, l’union des corps. Car il faut prendre son temps à toutes les étapes du jeu de l’art d’aimer : dans l’approche, la découverte de l’autre, dans les premiers moments passés ensemble (sans rapports sexuels), dans l’amour enfin, avant, pendant et après. En toutes choses, le temps est notre meilleur allié puisqu’il favorise aussi la naissance des sentiments. D’ailleurs, Vâtsyâyana dit de la femme qu’elle « ne doit pas céder tout de suite aux sollicitations d’un amant, car on sait combien les hommes méprisent ce qui est trop aisé à obtenir ». De nos jours cela paraît vieux jeu mais n’oublions pas que le temps ne fait qu’aiguiser un peu plus le désir et les appétits, augmentant d’autant la promesse du plaisir. Et peut-être que les femmes aiment se sentir courtisées et désirées, rêvent d’attentions délicates et de romantisme. Et peut-être que l’homme apprécie le défi, une certaine difficulté, l’excitation de la « conquête ». Alors, sachons nous en souvenir, faisons-nous la cour, sachons déguster le temps de l’avant, cela éloignera d’autant la routine. De toutes façons je vous rassure, vous aurez tout le temps de vous retrouver en pantoufles et en pyjama informe, à bailler d’ennui devant un téléfilm !


De l’éveil des sens
   

A toutes les étapes de l’art d’aimer le Kâma Sûtra enseigne qu'il faut apporter une extrême attention à tout ce qui enchante la vue, l’ouïe, le toucher, l’odorat et le goût. Pour se préparer à séduire ou se préparer à l’amour, il convient de se souvenir que l’amour aime le beau. Le beau et le propre, Vâtsyâyana insiste donc sur l’hygiène corporelle, la fraîcheur de l’haleine, l’entretien du corps, la mise en beauté, y compris pour les hommes qui doivent eux aussi se rendre désirables. Messieurs, parez-vous, parfumez-vous, veillez à ce que vos mains soient douces, vos ongles propres et coupés, vos yeux vifs et pétillants, votre visage hydraté et vos dents propres.

Et quand le temps sera venu de recevoir votre bien-aimé(e) chez vous, préparez avec soin le lieu qui deviendra l’écrin de vos amours, en pensant bien à flatter et combler les 5 sens : parfums ou encens (évitez les sprays, par pitié !), éclairage doux ou bougies, couleurs chaudes (privilégiez les rouges, dorés, orangés et bruns) et fleurs fraîches, mets délicats et légers (pas de pizza, merci), alcools de choix, musique douce, gros coussins, tissus, bref, un décor invitant à l’alanguissement, aux chuchotements, au rapprochement. Ayez à portée de main huiles et lotions pour un petit massage du cuir chevelu, des pieds, des mains, du corps. Si vous savez chanter, danser, jouer d’un instrument, faites-en profiter votre bien-aimé(e), cela rendra la soirée encore plus agréable. Rapprochez-vous, dansez langoureusement, utilisez vos ongles et vos dents, frottez-vous l’un à l’autre et l’un contre l’autre, explorez tous les types de baisers imaginables, découvrez les sons de l’amour…et soyez imaginatifs, c’est fou ce que l’on peut faire avant de faire l’amour, avant même les préliminaires ! En somme, allez-y crescendo, flirtez, redécouvrez les infinis plaisirs et surprises d’un flirt de plus en plus poussé, raffiné, ultra sensuel, découvrez chaque parcelle du corps de l’autre, faites monter le désir au point maximal, allez jusqu’au fil du rasoir, goûtez et dégustez l’autre comme un mets merveilleux offert par les dieux. Touchez avec votre corps entier : le bout des doigts, les cheveux, les lèvres, la bouche, les cils, les pieds, les cuisses, les genoux, le bout des seins…


De la parole
   

Liée aussi bien au temps qu’à la séduction et à l’éveil des sens, la parole est fondamentale dans le Kâma Sûtra. Pour séduire, aussi bien pour l’homme que pour la femme, il est bon d’avoir des choses à raconter, un parler agréable, un peu de curiosité. Si vous ne vous intéressez à rien, renoncez au Kâma Sûtra. La parole fait partie des enchantements des sens. On se dit de jolies choses, des gentillesses, des mots doux (et après des mots crus) on se fait des compliments. Y compris après l’amour. Car dans le Kâma Sûtra, après l’union des corps, on ne remet pas son slip ou son string en vitesse pour sauter dans un taxi. Non : on se baigne, on se restaure, on se parle, on discute en regardant les étoiles sur la terrasse. Il en va de la volupté.

A propos des positions


Stop ! Faire l’amour n’est pas une compétition. Chaque couple doit explorer ce qui lui convient le mieux et lui donne le plus de plaisir. Vous ne pourrez jamais tout réussir, tout aimer, tout pratiquer. A cet égard, Vâtsyâyana propose une classification des sexes des hommes et des femmes en fonction de leur dimension. Du plus petit au plus grand, l’homme peut être lièvre, taureau ou cheval. La femme peut être antilope, jument ou éléphante. Il considère que les bons accouplements permettant un plaisir équilibré sont ceux des semblables, antilope et lièvre, taureau et éléphante etc. Après, c’est une question de goût, mais il est certain qu’un homme taureau devra faire attention à certaines positions si sa partenaire est antilope…


L’aisance et le plaisir à réaliser une position dépendent aussi du physique et de votre forme. Par exemple, pour pratiquer la position fort excitante et pratique (car peut être réalisée en tous lieux !) du congrès suspendu, il faut que l’homme soit adepte des salles de sport ou que la femme soit particulièrement légère, sinon, vous ne tiendrez pas 10 secondes. Quant à vous mesdames, si, debout, vous ne pouvez pas toucher vos pieds avec vos mains, n’essayez pas la position du loup ou alors utilisez des coussins ou une chaise.

De même, pour tenter la position du lotus qui s’inspire de la position du yoga du même nom, il faut être yogi soi-même ou sacrément souple. Ceci dit, attention, il ne faut pas oublier que le Kâma Sûtra vise l’harmonie physique et mentale, certaines positions sont inspirées des positions de yoga et le but est plus l’union des corps et des esprits que le sexe et le plaisir sexuel en lui-même.

Autre position intéressante pour les couples audacieux : la position tournante. Voyez un peu, l’homme se met au dessus de son partenaire et tourne lentement en utilisant son pénis comme un axe…

La position du loup

En clair, explorez, découvrez et adaptez dans le Kâma Sûtra ce qui vous convient le mieux. Mais n’oubliez pas, si votre partenaire vous attire réellement, mieux encore, si vous l’aimez sincèrement, si vous désirez lui rendre hommage, vous n’avez pas besoin de recettes toutes faites ni de mode d’emploi. Ce n’est d’ailleurs pas l’ambition du Kâma Sûtra qui nous invite à créer, à imaginer par nous-mêmes : le goût sincère de donner du plaisir et d’en recevoir, du dévouement, un peu d’imagination. Mais le plus important, et cela tous les Kâma Sûtra du monde ne pourront pas le faire à votre place, débarrassez-vous de votre (mauvaise) éducation judéo-chrétienne, de vos oripeaux d’occidentalisation et retrouvez votre nature véritable, retournez vers votre centre réel. Dans nos cultures traditionnelles, il n’y a pas de séparation corps/esprit et le corps est souvent véhicule et vecteur du sacré.


A lire :



Les kâma sûtra de Vâtsyâyana, Jean Papin, éditions Zulma, texte complet et illustrations


Kâma Sûtra, Guy Trédaniel éditeur


Kâma Sûtra, sélection du Reader’s Digest


Le grand livre du Kâma Sûtra, éditions Solar


Le Kâma Sûtra, les techniques classiques du plaisir pour les amants d’aujourd’hui, Anne Hooper


Pour les érudits


Les secrets du Kâma sûtra dévoilés aux occidentaux, Nik Douglas et Penny Slinger, Guy Trédaniel éditeur


Kâma Sûtra le bréviaire de l’amour, présenté par Alain Daniélou, éditions du Rocher


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