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Césaria Evora née en 1941, la diva aux pieds nus
« Le monde est fait pour vivre. Il est aussi fait pour mourir. Pour aimer et pour souffrir » Des paroles issues de la chanson Mae Velha, qui résument à elles seules Césaria Evora. A l’occasion de son anniversaire, retour sur le parcours de cette grande prêtresse de la musique, ambassadrice du Cap-Vert. Un archipel, une culture, une âme… Une femme.
 03/09/2007 Par Capucine Légelle
 
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Mindelo, 27 août 1941 : Dona Joana da Cruz Evora met au monde son cinquième enfant, la future diva aux pieds nus…

Sept ans plus tard, lorsque son mari, violoniste, meurt, elle confie la petite « Cize » aux bons soins de religieuses. Leur joug forge le caractère de Césaria, qui apprend très tôt l’inverse de ce qu’on voulait lui inculquer : étouffée par cet ordre moral, elle veut grandir grâce à ses propres expériences, loin de tout cadre prédéfini.

Restée très proche de sa mère, sa confidente, la jeune fille épouse la musique, passion familiale chez les Evora, qui devient sa raison de vivre. Elle commence à se produire dans les rues de sa ville et chante avec son frère Lela, saxophoniste.


   

Son autre folie, les hommes. Qui lui feront parfois du bien, souvent très mal, toujours la nourriront d’émotions, entre amour fou, déchirement et abandon. Restent alors les plus fidèles compagnons de route de la chanteuse : l’alcool, le tabac et les bars à marins des quartiers chauds.

Vices et vertus qui façonnent à jamais une artiste à nulle pareille, bouleversante, solide comme un roc et tellement fragile qu’elle abandonnera la chanson, trop dure, à plusieurs reprises. Douce, tendre, rebelle et violente, Césaria Evora rouvre les plaies de ses auditeurs aussi sûrement qu’elle les apaise…

La morna dans la peau
   
Agée de 20 ans, Césaria rencontre Eduardo. Ce musicien, sa première grande histoire, lui permet d’être diffusée sur la radio locale. Ses mélopées dépassent les limites de Sao Vicente, son île natale, pour émouvoir tout le Cabo Verde. Pour quelques verres, elle envoûte les clients de sa voix incomparable.

La morna, le blues national, semble avoir été inventée pour elle. Héritée de la période esclavagiste de l’archipel, elle retranscrit en musique les douleurs et les failles d’une population qui a trop souffert. Une émotion portée aux nues par les fêlures contenues dans la voix de Césaria Evora.

Mais par malchance et manque de publicité, le peu de ventes réalisées par les deux premiers 45 tours de la diva constitue une déconvenue au diapason de l’espoir qu’elle mettait en eux. S’ensuit alors pour elle une période faite de tourments et de solitude : ses productions sont un échec, et Eduardo part pour l’Europe.
Entourée d’un nuage de fumée, la jeune femme écume les pianos bars et les ruelles de Mindelo, transcendant son art et conquérant les cœurs partout sur son passage, devenant la voix du pays.

Lombo
   

Ce succès d’estime ne parvient pas à enchanter cette artiste écorchée vive, qui reste attachée aux souffrances de son peuple, loin du monde de paillettes qui s’offre à elle.

Au milieu des années 70, lasse de cette vie, elle décide de stopper sa carrière de chanteuse. Césaria reste absente de la scène une dizaine d’années durant lesquelles la rue et la misère du quartier populaire de Lombo seront son quotidien.

Ayant repris le chant et bénéficiant du soutien de son public, c’est en 1987 que Césaria Evora croisera son destin en la personne du chanteur Bana, qui lui permet de faire la rencontre de sa vie.

L’artiste l’entraîne en tournée aux Etats-Unis, et malgré la tension de leurs relations, elle l’accompagne ensuite au Portugal. Là, elle se produit dans le restaurant de la vedette, pour le plus grand bonheur du public… Parmi lequel un jeune français d’origine capverdienne, José da Silva, qui tombe aussitôt sous le charme magnétique de la chanteuse. Il l’invite à Paris pour enregistrer un disque avec des musiciens reconnus.

Le projet aboutit en 1988, Césaria Evora accouche de La diva aux pieds nus.

Sodade, Sodade,
   
Mêlant l’électrique à l’acoustique, le traditionnel au moderne, ce premier album remporte un franc succès auprès de ses jeunes compatriotes exilés. Cette importante diaspora, qui représente plus de la moitié de la population capverdienne, adopte les festives coladeras –comparables au zouk– de Césaria. La publication en 1990 de Distino di Belita confirme le talent de la chanteuse auprès des aficionados, et la fait découvrir par les professionnels français, qui s’intéressent dès lors à son œuvre.

Le grand public, lui, attendra son troisième opus, Mar Azul, en 1991, pour lui rendre l’hommage qu’elle mérite. Ce disque, entièrement acoustique, révèle enfin l’étendue des talents d’Evora. Sans fioritures aucunes, ses interprétations captivent.

En 1992, Miss Perfumado ravit les amateurs et séduit les novices. Véritable cri d’amour, le morceau Sodade, plein de nostalgie enjouée, touche jusqu’au tréfonds de l’âme les auditeurs et s’impose comme LE titre de Césaria Evora.

L’année suivante, la diva remplit l’Olympia pour deux concerts historiques qui la propulsent au rang de star mondiale. Elle débute sa première tournée internationale et flirte avec les sommets des charts pour ne plus les quitter.

   

Abordant aujourd’hui sa 67ème année, Césaria Evora continue de faire vibrer les cœurs. L’occasion de replonger dans la douceur de sa voix…

Si tu m’écris
Je t’écrirais
Si tu m’oublies
Je t’oublierais

Jusqu’au jour
De ton retour


Sodade
Plus d’infos :
Le portail officiel de la diva : www.cesaria-evora.com

Le site de la ville natale de Césaria Evora, qui accueille chaque année en août le festival de musique Baias das Gatas : www.mindelo.info
Discographie
   
1988: La Diva aux Pieds Nus (Lusafrica - BMG 74321 443992)
1990: Distino di Belita (Lusafrica - BMG 74321 444002)
1991: Mar Azul (Lusafrica - BMG 74321 188202)
1992: Miss Perfumado (Lusafrica BMG 74321 188212)
1995: Cesaria (Lusafrica - BMG 74321 246562)
1997: Cabo Verde (Lusafrica - BMG 74321 453922)
1999: Café Atlantico (Lusafrica - BMG 74321 660182)
2001: São Vicente di Longe (Lusafrica - BMG 74321 836662)
2003: Voz d’Amor (Lusafrica – BMG 82876 542792)
2006: Rogamar (Lusafrica – RCA 82876 78804)

Compilations
   

Club Sodade

1994: Sodade, les plus belles mornas de Cesaria (Lusafrica - BMG 74321 233532)

1998: Best of Cesaria Evora (Lusafrica - BMG 74321 609972)

2002: Anthologie Cesaria Evora (CD simple / Lusafrica - BMG 74321 940832)
Anthologie Cesaria Evora, mornas & coladeras (2CD / Lusafrica - BMG 74321 940842)

2003: Club Sodade (Lusafrica - BMG 82876 527542 (Césaria revisitée par les plus grands remixeurs…)


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