Certaines femmes culpabilisent de ne pas vouloir d'enfant. |
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Autrefois (et aujourd’hui encore d’ailleurs), une femme qui ne pouvait pas « reproduire » se sentait coupable et diminuée de ce fait. A ce titre, la maîtrise de la fécondité (contraception, avortement…) a été révolutionnaire puisqu’elle a dissocié d’office le désir sexuel du désir d’enfant. La société exerce tout de même encore une forte pression et beaucoup de celles qui refusent de faire un enfant culpabilisent ou se sentent incomprises.
De nos jours, l’absence d’enfants dans la vie de certaines femmes n’est plus seulement le fait d’un manque regrettable, mais également parfois l’affirmation d’un choix assumé. Rosette, 32 ans, en fait partie : « Je comprends celles qui veulent faire des enfants. Pour ma part, je n’ai jamais ressenti un besoin de maternité. J’adore les enfants pourtant. Mais en assumer un 24 h sur 24, ce n’est pas vraiment mon truc… Je ne suis tout simplement pas faite pour ça. »
Rosette n’est pas la seule à partager cette opinion. Loin de là. Aux États-Unis par exemple, les hommes et les femmes qui ont choisi de ne pas engendrer de progéniture sont de plus en plus nombreux à défendre leur choix de vie au sein de l’association Childfree by choice (ndlr : « libre d’enfant par choix »). On remarquera la note volontariste du terme childfree, « libre d’enfant », différent du fataliste childless, « sans enfant ». Le désir d’indépendance, des contraintes professionnelles, un contexte social jugé trop lourd à supporter pour un enfant, la peur de transmettre une maladie grave ou tout simplement de ne pas assumer… les raisons, idéalistes ou pragmatiques, ne manquent pas. Certaines expriment d’ailleurs leurs convictions de manière assez virulente : « Un enfant pour moi c’est une charge supplémentaire, explique Véra, 29 ans. Et puis je ne supporte pas l’idée de devoir régler ma vie en fonction d’un mioche qui n’a même pas conscience des sacrifices que je fais pour lui. Etre parent c’est un rôle trop ingrat. »
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Affronter le jugement des autres
En France où le non-désir d’enfant est encore tabou, nombre de femmes sont offusquées par ce genre de propos ; pour elles, le refus de la maternité est un véritable sacrilège, une offense à la nature, voire une insulte à l’encontre de celles qui ne « peuvent » pas avoir d’enfants. Le non-désir d’enfant est souvent taxé d’immature ou d’égoïste. Pour Sophie Marinopoulos, psychologue et psychanalyste, c’est mal comprendre ce choix, car la plupart du temps ces femmes refusent d’enfanter « parce qu’elles n’ont pas le désir de s’inscrire dans leur histoire familiale ». Ce qui ne les empêche pas pour autant d’être souvent très engagées dans les domaines culturel, associatif, humanitaire ou artistique.
Silène, 39 ans, féministe convaincue, accuse « le formatage » social que subit la gent féminine :« La reproduction est une simple fonction organique pour moi. Je ne suis pas une poule pondeuse. Je ne vais pas me forcer sous prétexte que d’autres désespèrent d’avoir un enfant. Depuis l’IVG, on a le choix d’être mère ou non. Et franchement, je trouve ça plus égoïste de faire un enfant pour se plier aux convenances ou pour garder un homme comme le font certaines femmes, que de ne pas en avoir du tout. » A 46 ans, Soraya, elle, regrette d’avoir trop longtemps attendu : « J’ai longtemps cru que je ne voudrais pas d’enfant. Quand j’y pense, j’étais vraiment sincère sur le moment. Peut-être que je n’étais pas prête à l’époque. Et puis, peut-être que je me retenais aussi pour contrarier ma belle-mère qui me tannait pour avoir des petits-enfants. Ma fille a seulement 2 ans… On n’aura peut-être pas le temps de partager beaucoup de choses elle et moi... » Gare donc aux rendez-vous manqués. L’essentiel est de savoir s’écouter et de se poser les bonnes questions au bon moment. Plus facile à dire qu’à faire...
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