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Sanvi Panou : L'amazone candidate ou l'émergence de la femme en politique au Bénin
Sanvi Panou, bien plus qu’un artiste , comédien, cinéaste mais aussi producteur engagé, revient une nouvelle fois nous interpeller avec « L’ Amazone candidate », un documentaire retraçant l’épopée politique de Marie-Elise Gbédo, une magnifique avocate et première femme candidate aux présidentielles du Bénin.
 03/05/2007 Par Stephanie Charles
 
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Affiche de l'amazone candidate
   
Ce film évoque la campagne présidentielle d’une femme, Marie-Elise Gbédo, la première de toute l’histoire du Bénin à se présenter pour l’élection à la magistrature suprême de son pays...Pourquoi vouloir réaliser un tel documentaire ?

- En réalité, j’avais depuis longtemps en projet une longue série de films-documentaires intitulée « Combat de Femmes ». C’est lors de mon passage à Cotonou en 2001, en pleine campagne présidentielle que j’ai découvert Marie-Elise Gbédo. Voyant la présence et le charisme de cette femme auprès des populations, et en tant que première candidate aux présidentielles africaines, cela m’a interpellé. Le fait qu’elle puisse s’inscrire dans cette série a été alors pour moi un déclic.


"L’Amazone candidate", un titre plutôt bien choisi pour parler d’une femme de caractère...

- En réalisant ce documentaire, je me suis vite rendu compte que Marie-Elise Gbédo était une vraie battante. Une femme qui pense sincèrement changer les mœurs de son pays. Lors de sa campagne, j’ai clairement réalisé qu’elle avait de l’impact sur les gens. J’y ai vu donc une belle opportunité pour débuter ma série. Son audace à revendiquer la place de la femme en politique est impressionnante. Le mot "amazone" met donc venu presque naturellement car il vient du Dahomey lui-même.
   

Marie-Elise Gbédo.
©allocine.fr

Qu’ ’incarne t’elle pour vous ?

- Elle incarne selon moi l’émergence de la femme en politique. Pas seulement en Afrique, mais aussi dans le monde. Elle n’est pas la première femme noire à le faire mais elle s’inscrit dans cette lignée. Elle reste cependant la première femme africaine de toute l’Histoire à se présenter aux élections présidentielles en Afrique puisque sa première campagne date de 2001.A la différence de beaucoup d’autres qui en font également partie, elle a cette présence sincère et ce discours contemporain très fort.

Même si au départ, elle fut contestée par de nombreuses femmes. Au début, c’est toujours difficile de faire entendre un discours moderne comme celui-ci car c’est un changement. Les femmes l’observaient beaucoup : Voir arriver une femme avec un tel tempérament, avec des propos nouveaux comme ça, c’est toujours un choc. Il fallait qu’elles conçoivent l’idée qu’elles peuvent aussi se faire diriger par une femme. On le voit également en France avec Ségolène Royal. Pour cette deuxième campagne en 2006, Marie-Elise Gbédo n’a pas gagné mais elle a marqué les esprits.

Ce qui est intéressant, c’est que ce grand combat est initiateur : il est tout de suite relayé par beaucoup de femmes mais aussi par des hommes. Elle prouve une fois de plus que la politique n’est une exclusivité masculine. Du temps de l’Afrique précoloniale, la société était gérée de façon matriarcale. C’était la femme qui prenait les décisions. De nouveau, le pouvoir peut aussi être géré de façon plus ouvert : Les femmes ont aussi leur mot à dire.

©grioo.com
   
Ce film est aussi en quelque sorte un hommage à votre pays natal ?

- Etant originaire du Bénin, on pourrait aussi le croire mais c’est surtout que j’avais le projet depuis longtemps de faire un documentaire sur des femmes engagés et je compte le continuer. Avec des personnalités aussi exceptionnelles qu’ Angela Davis, Maryse Condé, Christiane Taubira...

Vous aviez aussi le désir de montrer la réalité d’une campagne politique en Afrique, vu de l’intérieur ?

- Ma deuxième motivation pour ce film était de montrer qu’en Afrique, les affaires politiques ne sont pas nécessairement des meurtres ou des bains de sang. Il existe des pays africains qui disposent d’assez de maturité politique pour gérer des élections présidentielles avec respect et civisme. Et même dans la festivité. J’ai voulu mettre en lumière fortement ce climat festif qui régnait lors de la campagne au-delà des clichés de violence que l’occident peut avoir trop souvent sur l’Afrique.
Lors d’une séquence, vous filmez une file d’attente de citoyens impatients d’aller voter puis vous interrogez le responsable gouvernemental chargé du bon fonctionnement du vote…
Qu’est-ce qui vous a le plus interpellé durant le tournage ?


- Malheureusement, il subsiste encore des insuffisances concernant l’organisation du vote. On a pu voir que tous les citoyens n’ont pas pu être inscrits et donc des voix potentielles ont été perdues. Il est aussi de mon devoir d’exposer ces incohérences au grand jour. Mais en même temps de montrer le civisme des citoyens béninois qui désiraient voter et qui protestent contre cela. Le système électoral n’est pas du tout parfait en Afrique, il y a encore beaucoup de fraude, c’est une réalité.

Propriétaire d’ Images d'Ailleurs, vous êtes l’unique salle parisienne à diffuser le cinéma africain...
Quels sont vos espoirs pour celui-ci en France ?


- Il est toujours très difficile de financer de tels films, surtout quand ils sont tournés en Afrique et qu’ils parlent de l’Afrique. Celui-ci, je l’ai entièrement produit et réalisé. Je suis obligé d’avoir ces différentes casquettes, sinon un tel documentaire ne sort jamais ! J’ai l’espoir que le public français s’intéresse plus aux films africains, qu’on accorde une place à ce type de films afin d’abattre les clichés sur des pays que bien trop souvent on ne connaît pas.


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