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Entrevue avec Nadine Girault, vice-présidente à la banque de Montreal
D'origine haïtienne, Nadine Girault est devenue la première femme à occuper le poste de vice-présidente à la banque de Montreal. Elle revient sur son parcours professionnel
 16/06/2009 Par Patricia Turnier
 
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Nadine Girault
   
Nadine Girault est une femme d’origine haïtienne qui a grandi au Québec. Elle est la fille d’un médecin spécialiste de la Belle province Dr Girault et d’une mère au foyer. Elle est l’aînée d’une famille de trois enfants. Au printemps 2007, Nadine Girault est devenue la première vice-présidente noire à la Banque de Montréal (pour la région du centre-ville). Cette institution financière a été fondée en 1817 par un groupe de marchands écossais et fut la première banque canadienne ainsi que le premier organisme financier en Amérique du Nord Britannique.

Plus précisément, elle a ouvert ses portes le 3 novembre 1817. Cette institution a émis la première monnaie candienne dès le début du régime anglais. De cette façon, elle a donné au Canada sa première monnaie solide et abondante. Elle a joué un rôle majeur et permanent dans le développement du pays (par exemple, son implication au niveau du financement du Chemin de fer transcontinental canadien au XIXème siècle). La Banque de Montréal (BMO) est actuellement l’une des cinq plus grandes institutions financières canadiennes1 ; elle assure une présence importante aux États-Unis ainsi que sur les marchés mondiaux.

J'ai grandi dans un contexte où je pouvais avoir des rêves, les réaliser en faisant les efforts qui s'imposaient
Nadine Girault


Il importe de souligner que le centre-ville de Montréal représente l’un des secteurs où l’on retrouve une majorité des clients majeurs et où la concurrence est très forte au Canada. En sus, la Banque de Montréal fait preuve d’ouverture et favorise la diversité parmi ses effectifs. A cet égard, madame Girault, trilingue est devenue la première afro-canadienne à occuper la fonction de vice-présidence, un poste d’importance au Québec. Elle œuvre donc dans un secteur qui la passionne, celui de la finance. Elle supervise notamment toutes les opérations au niveau des finances personnelles de la clientèle de la région du Centre de l’Île de Montréal.
   

Elle détient un bac en administration (BAA-HEC de son alma mater : l’Université de Montréal) et une maîtrise en administration des affaires (MBA-UQAM). Avant de s’illustrer à la Banque de Montréal, pendant douze ans elle s’est distinguée de par ses qualités professionnelles aux notables institutions financières suivantes : la Banque Royale du Canada et Desjardins Sécurité financière. A cet égard, elle a occupé le poste de vice-présidente responsable des services de Vente épargne pour les groupes et entreprises, dans les régions de l’Ontario, des provinces de l’Ouest et de l’Atlantique pour le Mouvement Desjardins.

Elle détient ainsi une vingtaine d’années d’expérience en gestion des ventes. Elle fut également impliquée auparavant au niveau de la formation du personnel du SPCUM2. Tous ces succès ont été accomplis grâce à ses efforts, à son travail, à sa détermination et à son excellence.

On a souligné le parcours de madame Girault au fameux calendrier du mois de l’histoire des Noirs au Québec en février 2008. On y retrouve la devise préférée de cette dame: « Sois toujours fier de toi et traite les autres comme tu aimerais être traité ». Le magazine Planet Africa a fait l’éloge du parcours de Nadine Girault en automne 2008. Cette dame chérit le désir de véhiculer une image positive en contribuant de façon constructive à la société québécoise. Les talents et qualités de madame Girault démontrent aux plus jeunes que tout est possible avec la persévérance et le travail. L’entrevue avec Nadine Girault a eu lieu dans son magnifique bureau situé à l’intérieur d’un bâtiment possédant une architecture somptueuse et pittoresque de style néoclassique se trouvant sur la rue Saint-Jacques depuis 1847. Madame Girault à la Banque de Montréal nous a accordé une entrevue en livrant notamment son parcours remarquable.

Je suis responsable de la gestion de 320 salariés
Nadine Girault



Pour vous présenter, que souhaitez-vous livrer aux lecteurs ?

N.G. Je suis d’origine haïtienne. Plus précisément, je suis née aux États-Unis et par la suite j’ai grandi à Gaspé où j’ai passé ma jeunesse. Nous avons déménagé après à Montréal et j’ai vécu jusqu’au début de l’âge adulte à Laval. J’ai entrepris ensuite des études à l’Université de Montréal au HEC. Suite à un cheminement de plusieurs années, je suis devenue vice-présidente d’une grande banque canadienne. Au fait, la première moitié de ma carrière n’avait aucun lien avec les institutions financières. J’ai débuté dans le domaine des ventes pour des compagnies telles que Xerox, Philips, AT&T. J’ai aussi œuvré pour le SPCUM pendant plusieurs années.

Vous occupiez la fonction de formation du personnel à la SPCUM. Ce rôle était-il-traditionnellement attribué auparavant aux hommes?

N.G. Oui, en effet. Bien souvent, les hommes qui se trouvaient pendant longtemps sur la route qui étaient devenus plus tard des sergents occupaient par la suite cette fonction. Cela représentait en quelque sorte l’apanage des hommes. Je suis devenue la première femme et la première personne issue d’une communauté culturelle à occuper ce poste. Ceci constituait un changement. La haute direction m’appuyait. Toutefois, j’ai dû quand même faire mes preuves. J’ai cherché à prendre connaissance de la culture organisationnelle, des divers modes de fonctionnement et ainsi de suite. Cela a représenté pour moi une expérience extraordinaire et très valorisante. Ce fut une opportunité d’œuvrer dans un cadre stimulant. J’ai travaillé avec une équipe géniale et dynamique. J’en ai éprouvé une grande satisfaction.
   
Aviez-vous la personnalité d’un leader depuis votre enfance?

N.G. Je peux répondre par l’affirmative. J’ai appris à savoir exercer de l’influence par mon leadership en m’impliquant à différents niveaux : que ce soit par le biais de l’association étudiante où j’ai déjà été présidente ou au CÉGEP1 via le comité d’organisation pour les diverses célébrations. J’ai fait partie du comité d’organisation des bals des finissants lorsque je faisais mon bac au HEC. Je me suis également impliquée au niveau des campagnes électorales. Toutes ces expériences ont été très formatrices et m’ont préparée à occuper mon poste actuel.

Est-il juste de dire que vous tenez votre grande rigueur à l’instar de vos parents dont votre père qui est un grand médecin au Québec ? En quoi vous ont-ils inspirée?

N.G. Je dirais que je tiens davantage ma rigueur et ma force de ma mère qui m’a beaucoup poussée ainsi que le reste de ma fratrie. Mon père était peu présent à la maison car il travaillait beaucoup. Ma mère m’incitait à m’impliquer dans plusieurs activités tant culturelles, qu’artistiques et sportives qui m’ont donné la possibilité de me développer à plusieurs niveaux. Ceci m’a donc permis d’acquérir de la discipline, le plaisir à relever des défis, la ténacité à atteindre mes objectifs. Depuis ma tendre enfance, diverses facettes du monde m’ont été ouvertes. J’ai reçu une éducation très large via les voyages, la littérature, le théâtre, la musique et ainsi de suite. Ceci m’a donné l’opportunité d’avoir de grands horizons et m’a appris à interagir avec des gens de conditions différentes.

Cela m’a permis de comprendre davantage le monde dans lequel on vit. J’ai grandi dans un contexte où je pouvais avoir des rêves, les réaliser en faisant les efforts, en mettant l’énergie et le temps qui s’imposaient. Le fait d’avoir vécu dans un milieu familial où l’on commentait régulièrement l’actualité du monde… a évidemment forgé mon intellect. Mes parents m’ont ainsi inculqué la vigueur de la détermination, le courage, la force de caractère, l’importance d’avoir des hauts standards, la discipline et une fierté pour mes racines. Lorsque je constate tout ce que mes parents ont accompli et construit en venant au Québec, je me suis toujours dit que je n’avais pas le droit de ne pas réussir.
   

Vous avez déjà mentionné dans les médias que plus jeune on vous encourageait à vous diriger plutôt vers des professions libérales. Vous êtes sortie des sentiers battus en vous démarquant dans le domaine des affaires. Pouvez-vous partager avec nous les embûches encourues durant votre cursus et quels moyens avez-vous utilisés pour les surmonter ?

N.G. Les professions libérales telles que la médecine sont très prisées dans mon entourage. Bien que ces professions soient nobles et louables, j’estime qu’on peut aussi s’accomplir dans d’autres domaines. Mes intérêts étaient plutôt situés dans le champ des finances dont je suis férue. Les embûches que j’ai vécues se rapportaient notamment à mon genre. Il a fallu faire mes preuves tout en restant féminine nonobstant les obstacles. Certaines femmes pensent qu’elles doivent adopter un comportement masculin pour réussir. Je n’approuve pas les faux-semblants et à mes yeux ce n’est pas crédible. Il importe de préserver son intégrité. J’ai toujours cherché à exceller dans tout ce que j’ai entrepris. On assoit sa crédibilité de cette façon.

Selon vous, qu’est-ce que la diversité au niveau des effectifs peut apporter à une institution financière ?

N.G. J’estime que la diversité apporte beaucoup à une institution financière. Elle permet d’apporter une richesse au niveau des différentes façons de faire. On est bien équipé pour décoder les divers comportements selon les cultures et on est prudent à ne pas porter des jugements sur ce que l’on ne connaît pas en allant consulter nos collègues mieux informés sur la culture en question. Ceci empêche de faire des conclusions ou des interprétations hâtives. La diversité donne l’opportunité également aux jeunes aspirant à travailler dans une institution bancaire d’avoir plusieurs modèles. De plus, le pluralisme peut permettre à un jury de sélection d’accepter de nouveaux candidats provenant d’origines diverses ce qui représente un atout.

Personnellement, j’ai appris énormément par exemple sur le nouvel an chinois et ceci ne peut m’être que bénéfique car cela me donne l’opportunité d’élargir mes horizons. La diversité dans toute entreprise apporte une grande ouverture sur le monde. Travailler dans un cadre pluraliste permet aux sociétés de se construire, d’évoluer en utilisant toutes ses ressources. Le partage d’idées et de visions diverses ne peuvent qu’être un atout et bien entendu une valeur ajoutée pour les entreprises. Ceci démontre une culture organisationnelle inclusive.
   
Le pluralisme évite les pièges que l’homogénéité est susceptible d’apporter. En d’autres mots, elle permet de ne pas analyser les différentes pratiques sous un angle uniquement unidimensionnel. Je ne crois pas que l’on soit en mesure de progresser avec une façon uniforme de voir les choses. Le cosmopolitisme dans une institution financière permet la contribution, le partage, la rencontre et le rapprochement des gens de différentes cultures ce qui est très bénéfique dans le contexte de mondialisation dans lequel nous oeuvrons. La notion d’altérité est au cœur du contexte de mondialisation dans lequel nous nous trouvons et nous devons apprendre à concilier les défis que cela demande.

En résumé, le pluralisme est susceptible de donner une vision très large des choses et représente une force positive, stimulatrice de développement, créatrice de nouvelles stratégies et de visions. Il favorise un dialogue des cultures, une meilleure connaissance mutuelle dans le but de conjuguer les efforts pour atteindre des objectifs communs. Le cosmopolitisme favorise le respect des autres cultures tout en apportant une vision pluridimensionnelle et différentes perspectives.

On dit que la diversité consiste à faire une belle mélodie avec différents instruments

Tout à fait. Il importe de trouver la bonne mesure dans les rapports entre les individus différents ce qui permet une belle harmonie dans un contexte pluraliste.

En quelques mots, pouvez-vous nous décrire vos principales fonctions en tant que vice-présidente de la Banque de Montréal?

Je suis responsable de la division du centre-ville de l’île de Montréal qui comprend 23 succursales. Je supervise notamment toutes les opérations au niveau des finances personnelles de la clientèle de la région du Centre de l’Île de Montréal. Je m’occupe ainsi des clients d’affaires et des particuliers. Je réponds à leurs besoins stratégiques et de gestion. Je suis en charge des prêts hypothécaires, de Mastercard, des investissements, des CPG (certificats de placement garanti), des produits d’épargne et d’investissement. Je m’occupe aussi du bien-être des employés en d’autres mots de la gestion des ressources humaines de 320 salariés. Je dois m’assurer de la bonne cohésion entre les employés, les diverses équipes et partenaires impliqués. Je veille à ce que les salariés aient un bon climat de travail ce qui favorise évidemment la productivité.
   

©pahtreaq.files.wordpress.com/

Pour finir, je m’assure de conserver un standard élevé dans la qualité des services offerts tout en visant un fort degré de satisfaction de la clientèle. J’adopte ainsi une approche axée sur la qualité des services prodigués. Tout cela se fait par la prestation de services novateurs répondant aux enjeux et aux attentes dont la clientèle doit faire face.

Vous êtes une gestionnaire chevronnée qui s’est imposée dans la durée. Quelle est la recette de cette longévité?

N.G. Il s’agit d’un ensemble de facteurs. Premièrement, le goût du travail bien accompli et de l’excellence m’ont toujours habitée. Ensuite, on doit savoir rechercher l’expertise, s’entourer de gens très forts et compétents. Il importe d’être ouvert à la critique constructive ce qui nous permet d’évoluer professionnellement. Il faut solliciter le feed-back de nos collègues également, être à leur écoute et prendre en considération leurs besoins. On doit savoir exploiter le potentiel des membres de nos équipes, pouvoir échanger diverses idées, les confronter le cas échéant toujours de façon constructive. A cet égard, au cours de mon cursus professionnel, j’ai toujours su privilégier le travail d’équipe.

Il importe aussi de dégager une chaleur humaine et de respecter les autres. On doit savoir manier avec doigté les interactions entre les différentes personnes et faire preuve de conciliation. Il faut reconnaître ce que les employés font de positif. Ici, nous envoyons régulièrement des mots d’encouragement. Nous avons des programmes formels tels que le Gala Bravo où nous soulignons annuellement les accomplissements des meilleurs employés (qui ont dépassé les cibles de rendement) en leur décernant un prix honorifique. Pour BMO qui œuvre dans une culture de performance, il est important de souligner les talents professionnels de nos salariés. On y prône fortement des valeurs humaines fondées sur l’esprit de l’institution financière.
   
Je m’implique aussi dans des rencontres pour des discussions de carrière avec nos employés. J’assure une présence assidue afin de favoriser un bon cheminement professionnel chez les salariés via par exemple l’offre de formations. L’avancement professionnel des autres est aussi important que le mien et cela fait partie de la culture organisationnelle de notre institution financière. BMO mise ainsi sur l’innovation et la valorisation des ressources humaines. De cette façon, il importe pour nous de démontrer de l’intérêt envers nos employés et de maximiser leur potentiel. C’est dans cette perspective que j’ai su imposer le respect et assurer une longévité dans mon domaine. J’ai accompli cela tout en sachant garder ma féminité et en utilisant les divers codes de réussite. J’ai aussi préservé un style qui m’appartient et qui reflète ma personnalité, mon expérience et ma formation. En d’autres mots, j’ai toujours eu le souci de faire preuve de probité.

En résumé, j’estime avoir fait un parcours classique. On m’a fait confiance sur la base de mes compétences. J’ai su gravir les échelons progressivement avec la détermination, la persévérance, l’esprit d’équipe, l’ouverture aux autres. Je ne me suis jamais permise de m’arrêter aux difficultés qui se sont présentées. L’assurance, le savoir-faire et la qualité de notre travail donnent la possibilité d’asseoir sa crédibilité et sa réputation professionnelles. Mon histoire s’appuie surtout sur une forte capacité de travail et d’adaptation s’accompagnant d’un constant désir de relever et de réussir des gros défis. J’ai toujours eu le sens du dépassement et j’ai appris à me bâtir un réseau d’appuis dans le milieu de la gestion ainsi que faire des alliances. Finalement, j’ai toujours recherché le développement de soi au niveau professionnel et personnel car dans le domaine de la finance la personnalité est très valorisée.


   

Quelle est la chose la plus importante que vous avez apprise durant votre parcours professionnel?

N.G. J’ai appris plusieurs choses importantes au cours de mon cheminement professionnel. Il ne faut avant tout jamais perdre de vue nos objectifs. Si on se retrouve dans un emploi ne nous permettant pas d’avancer tel qu’on le souhaiterait, je crois que l’on doit être ouvert à envisager à prendre d’autres chemins nous permettant de réaliser les buts précis qu’on veut atteindre. Quel que soit le prix à payer, il ne faut jamais transiger avec sa conscience, ses valeurs et ses idéaux. Lorsque l’on est déterminé et qu’on a des objectifs spécifiques à accomplir, il ne faut pas se laisser mener vers d’autres directions à savoir que l’on doit maintenir le cap. J’ai appris lors de mon parcours, qu’il importe de se concerter, définir ensemble des stratégies de communication et de promotion notamment dans le domaine de la vente où j’ai œuvré pendant un certain nombre d’années. J’ai su ainsi développer mon savoir être et mon savoir-faire. Il importe d’éviter également le favoritisme.

La façon dont on combat l’adversité fait toute la différence à savoir que les péripéties que l’on vit durant notre parcours doivent nous renforcer et jalonner notre carrière. J’ai ainsi décidé d’utiliser ces événements comme des facteurs de réussite. On doit regarder en face nos erreurs, les étudier, faire preuve d’introspection afin de pouvoir mieux avancer. C’est de cette manière que je perçois les choses. La plupart des individus qui ont traversé le cours de ma vie professionnelle ont représenté de véritables guides qui ont éclairé et jalonné le chemin que je devais parcourir. En résumé, les valeurs principales que j’ai apprises au cours de mon cursus sont : le travail, la rigueur, le professionnalisme et la persévérance.

Nous savons que les causes sociales vous tiennent à cœur. Par exemple, vous étiez impliquée au niveau de la fondation de l’hôpital Jean-Talon. Pouvez-vous partager avec nous l’importance que la philanthropie occupe dans votre vie ?

N.G. J’étais effectivement impliquée à la fondation de l’hôpital Jean-Talon mais j’ai quitté le Québec pour l’Ontario pendant trois ans et demi. Depuis mon retour, je me suis engagée dans d’autres organisations telles que la JCCH (Jeune chambre de commerce haïtienne) où je suis membre du jury pour le gala d’excellence depuis la première édition. Je me suis impliquée au niveau du festival Vues d’Afrique, de Jeunesse J’écoute, du Théâtre D’Aujourd’hui. J’ai eu la chance et l’opportunité d’être bien placée dans ma carrière mais cela ne vaut rien si je ne partage pas avec les autres. Il a toujours été important de me réaliser tout en faisant aussi profiter les autres de mon expérience. Je n’ai pas le droit de tout garder pour moi et je juge fondamental d’agir au-delà de ma profession.

Concernant les jeunes de toutes origines aspirant à des plus hautes fonctions, en tant que VP, quelles sont d’après vous les qualités d’un bon leader?

N.G.
Avoir une vision d’ensemble, maîtriser son domaine d’activité, être à l’affût des changements en s’informant, connaître les prospections du marché financier représentent des éléments clés dans le leadership. La constance dans le bon jugement est impérative. Le leader éclairé sait quelle direction prendre. Il doit pouvoir justifier et expliquer ses décisions tout en les assumant pleinement. Lorsqu’on est un leader, les gens se fient à notre jugement. On doit savoir exercer son influence de façon positive. L’équipe de travail doit croire pas seulement en nos idées mais en nous. Il faut mettre à profit son expérience tout en sachant motiver et valoriser son équipe de travail dans le but d’assurer sa consolidation.
   
En d’autres mots, on doit aller chercher la collaboration des autres ce qui constitue l’un des meilleurs critères pour faire des alliances. Créer des clivages est à prohiber dans le leadership. Il faut clarifier les incompréhensions aussitôt qu’elles surgissent. Laisser aller les choses et souhaiter que le temps guérira le tout en optant pour un silence stratégique est à bannir.

En d’autres mots, il est à proscrire de mettre les problèmes en sourdine. Il importe de gérer les difficultés de façon constructive en évitant surtout d’être sur la défensive. On doit savoir aussi faire face de façon courageuse aux problèmes qui sont susceptibles de se présenter. Le style de gestion autocratique est à éviter. Ce genre de gestion messied à un leader de qualité. On peut exprimer et confirmer son leadership en étant posé et en s’exprimant calmement. Je suis une adepte du leadership de consensus.

Un excellent leader doit savoir cerner les différents enjeux en ayant entre autres le sens de l’observation. Il importe ainsi qu’il soit capable de cerner les dynamiques de groupe. Ceci demande une bonne connaissance de la culture organisationnelle en saisissant les différents canaux de communication de l’entreprise. De plus, on doit cerner les divers mécanismes de l’organisation en connaissant les rouages.
En tant que gestionnaire, il faut d’après moi, avoir l’amour du travail bien fait et être généreux pour partager ses connaissances. On doit savoir s’organiser, se structurer pour optimiser l’utilisation du temps de notre travail. Il s’agit d’un grand atout d’avoir les capacités de négocier de façon efficace. Il faut privilégier les résultats, miser sur ses qualités professionnelles ainsi que personnelles pour être un bon leader. Il importe de gérer ce qui appartient à autrui comme s’il s’agissait de notre propre entreprise. C’est de cette façon qu’on bâtit sa carrière en se faisant un nom et en gravissant les échelons. Ainsi, les leaders assoient une crédibilité qui leur donne un ascendant basé sur les valeurs dans lesquelles ils adhèrent et qui guident leurs actions.

Les qualités d’un bon leader se résument ainsi :

- Être en mesure d’intégrer l’équipe dans le processus décisionnel en adoptant une approche participative tout en sachant promouvoir l’atteinte des objectifs dans une perspective d’excellence
Avoir la capacité d’étudier son équipe de travail
Savoir être visionnaire en gardant en tête une analyse globale de l’entreprise dans laquelle on œuvre
- Avoir le courage de prendre des décisions difficiles
- Détenir une pleine capacité de discernement
- Savoir déléguer
- Être en mesure de garder la valeur de l’entreprise dans laquelle on se trouve en favorisant le développement professionnel de nos employés
- Pouvoir motiver l’équipe pour optimiser les résultats car l’approche et le contact avec les autres s’avèrent capitales
- Savoir mobiliser et utiliser les forces de l’équipe de travail
- Détenir des compétences en relations publiques en sachant notamment agir avec tact et diplomatie
- Être capable d’écouter les autres même lorsqu’il y a une mésentente
- Savoir donner de solides arguments, le cas échéant
- Avoir la finesse d’esprit pour saisir les façons de faire, les règles et les codes
- Être en mesure de dealer avec différents types de personnalité

Je souhaiterais dire aux lecteurs et particulièrement aux jeunes de ne jamais laisser la place au découragement. On ne doit pas baisser les bras face à l’adversité et il faut avoir le courage d’exprimer ses opinions
Nadine Girault

Quels conseils vous pourriez donner aux jeunes pour qu’ils fassent leur place dans une équipe de travail ?

N.G. Il faut avant tout se faire confiance et avoir une attitude positive. On doit apporter à l’équipe autant que ce qu’on en retire. Il importe de donner ses opinions professionnelles tout en prenant en considération les idées des autres membres de l’équipe dont on fait partie. La concertation représente donc un incontournable dans le travail d'équipe qui est un lieu d’échange; cela favorise le dialogue. Le dynamisme, la volonté de tous les membres de l’équipe permettent d’avancer et de venir à bout de nos objectifs communs. On doit être proactif, démontrer de l’intérêt pour notre travail.

Il faut garder à l’esprit qu’on n’est pas des spectateurs mais des acteurs. Il importe aussi de se permettre de se tromper. Ce sont les échecs qui nous construisent. Les critiques donnent l’occasion aussi d’évoluer en s’améliorant. On peut tomber mais surtout, il ne faut pas rester par terre. En d’autres mots, les difficultés et les déceptions ne doivent pas nous arrêter et on doit rechercher le plus possible à développer sa capacité de résilience. Développer des capacités d’adaptation constitue un atout. On crée sa place à force de défis, de persévérance, d’efforts et de courage. Il faut également gagner le respect et la confiance de ses employés en les traitant avec dignité et en entretenant une bonne relation de travail.

Idéalement, il est bénéfique de se chercher un mentor chevronné qui connaît bien déjà le terrain. Cela nous donne la possibilité d’éviter des pièges et de progresser plus rapidement dans sa carrière surtout lorsqu’on se trouve dans un domaine très compétitif. On doit aussi user de stratégie pour se faire des alliés. Il faut savoir apporter de nouvelles idées, éviter le nivellement par le bas et le laxisme. Finalement, on doit apprendre à développer un esprit critique afin de faire face à ceux qui tiennent à leurs positions avec une fermeté opiniâtre.
Quel est votre mot de la fin ?

N.G. Je profite de cette occasion pour vous remercier de cet agréable moment de partage. Je souhaiterais dire aux lecteurs et particulièrement aux jeunes de ne jamais laisser la place au découragement. On ne doit pas baisser les bras face à l’adversité et il faut avoir le courage d’exprimer ses opinions.

Il existe des jeunes talentueux à foison. Par contre, quoi que l’on fasse, on doit avoir le souci de bien exécuter son travail en d’autres mots le désir de l’excellence est de mise car cela nous suit toujours. Il faut avoir des rêves dans la vie et travailler pour qu’ils se concrétisent. On ne doit pas hésiter à prendre sa place tout en gardant son intégrité. Obama représente l’un des meilleurs exemples de notre nouveau siècle où son succès démontre que tout est possible avec la persévérance. Je crois fortement à ce maxime : « Les premiers obstacles à la réussite sont ceux que nous nous imposons nous-mêmes », en d’autres mots « les seules limites qu’un homme ou une femme ne peut dépasser sont celles qu’il s’est lui-même fixées ».

Il importe de se battre pour s’affirmer dans son domaine, se faire respecter pour ses compétences et non pour ce qui est superficiel tel que l’aspect physique. On doit se donner les moyens pour exercer le métier ou la profession qui nous plaît en se structurant et en s’engageant sérieusement dans notre domaine de prédilection avec une excellente éthique du travail. Il est important de s’épanouir dans un travail qui nous motive. On doit rechercher à avoir plusieurs cordes à son arc pour étendre ses champs de compétence. Le réseautage et le partenariat représentent d’autres éléments clés de réussite. De cette façon, on se construit un solide carnet d’adresses dont on doit se servir pour cultiver et consolider les relations.

Il faut savoir oser, mettre à profit son potentiel. Ceci permet de saisir les bonnes opportunités tout en adoptant un comportement exemplaire. Finalement, il importe toujours de s’instruire pour atteindre davantage de visibilité et afin de briguer ou occuper des postes à la mesure de ses compétences. Meubler son esprit est un incontournable. L’éducation demeurera toujours l’un des moyens privilégiés pour favoriser sa pleine intégration dans la société civile à laquelle on appartient . En l’occurrence, la lecture ouvre des portes qui ne se verrouilleront jamais.

Merci madame Girault pour avoir partagé avec nous votre riche cursus !

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