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Carole Fleurival, directrice de la communication de black'Up
Notre site est allée à la rencontre de Carole Fleurival, dont le nom est quasiment synonyme de black'Up pour les journalistes depuis bientôt 7 ans. Elle est revenue pour nous sur son parcours professionnel, les difficultés qu'elle a rencontrées quand black'Up était encore une jeune société, et ce qu'elle se voit faire dans quelques années
 19/05/2008 Par Hervé Mbouguen
 
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Carole Fleurival
   
Pouvez-vous vous présenter à nos internautes ?

Je m'appelle Carole Fleurival, je suis responsable de la communication de black'Up, la première marque de make up artist dédiée aux peaux noires et métisses.

Vous vous êtes orientée vers des études très commerciales et marketing, pourquoi ce choix ?

Comme beaucoup, j'ai su très tard ce que je voulais faire précisément.
Je savais juste que j'avais des rêves plein la tête et des talents en littérature, que je ne voulais pas enseigner et qu'une ouverture internationale était indispensable. J'ai donc choisi une filière de Langues Etrangères Appliquées au Commerce International. En année de Maîtrise, mon intérêt pour le Marketing et les affaires s'est précisé.
J'ai envoyé ma candidature à plusieurs écoles de commerce et de communication pour différents 3ème cycles. J'ai rapidement reçu des réponses positives et contre toutes attentes j'ai choisi l'ESM-A plutôt que le CELSA malgré la notoriété incontestable de cette institution. Je préférais la qualité du programme de l'ESM-A, beaucoup plus complet, et la formule en alternance me permettait une mise en pratique immédiate de l'enseignement théorique grâce à l'immersion en entreprise.

Vos débuts de carrière se font, notamment, dans deux sociétés très différentes, CANON, l’un des leaders de l’impression, et chez CEGOS Conseil. Comment avez-vous choisi ces deux sociétés, et qu’y avez-vous fait ?

Je n'ai fait qu'un bref passage chez Canon, dans le cadre de leur participation à un salon professionnel. Je devais préparer en amont et avec les équipes commerciales les opérations de prospection, de promotion et de fidélisation. Pour intégrer le groupe Cégos, j'ai répondu tout simplement à une annonce. J'étais chargée de réaliser des analyses concurrentielles et des revues de presse. Cette expérience fut très intéressante car elle me permit de découvrir une multitude de métiers dans la même entreprise. En outre, j'étais totalement autonome pour la première fois. Cela stimule la prise de risques et d'initiatives. On est alors totalement responsable de ses choix.
   

Carole Fleurival et Christiane Taubira

Qu’est-ce qui vous pousse à rejoindre ING Investment Management en Décembre 2000 ?

A l'époque, ING IM (filiale ING spécialisée en gestion d'actifs) venait juste de mettre en place un nouveau département marketing destiné à créer une nouvelle gamme d'OPCVM (produits de placement financier en langage terrien :-) ). Mon recrutement correspondait à une création de poste. La cellule était composée de 4 personnes, nous étions comme une start-up noyée dans un grand groupe. J'avais là l'opportunité d'apporter ma contribution à toutes les étapes de développement d'un projet, de la réflexion initiale au lancement final en passant par la définition des stratégies de distribution et de communication.

Vous quittez ING pour Blackup en Décembre 2001 : quel bilan tirez-vous de votre expérience ING et qu’est-ce qui vous a attirée chez ce qui était alors une jeune société?

Mon année chez ING fut intense, avec de fortes poussées d'adrénaline car les enjeux étaient énormes. J'y ai connu mes premières nuits blanches au bureau. En acceptant cette mission, j'allais réaliser ce que voulait vraiment dire le mot "challenge" et j'y ai pris goût. Mais au bout d'un an, une fois les produits lancés, la tension commençait à redescendre et je trouvais mon travail de plus en plus routinier. Il me fallait un nouveau défi. Aussi, quand on m'a proposé de rejoindre Black'Up, je ne me suis pas posée beaucoup de questions. Je quittais certes le confort d'un grand groupe avec tous les avantages professionnels, financiers et en nature qui vont avec. Mais c'est un risque que j'étais prête à assumer pour le plaisir du défi et celui de rejoindre une équipe qui me ressemble, au sein d'une marque créée pour les femmes comme moi. Je me sentais concernée et plus que jamais motivée.

Carole Fleurival et l’animatrice Vanessa Dolmen
   
Chez Blackup vous êtes, quasiment depuis votre arrivée, responsable de la communication et notamment chargée de l’e-marketing. Pouvez-vous nous parler de vos activités au quotidien ?

L'activité qui consomme le plus de mon temps est la relation avec les médias en France et à l'export. J'entretiens les contacts avec les journalistes de la presse féminine et professionnelle afin de leur faire connaître nos produits, leur prouver par A+B que nous sommes les meilleurs du monde (sans rire, on l'est ! :-D ) et les convaincre donc de parler de nous dans leur supports (magazines, TV, radios, sites web, etc.). Le métier évolue considérablement grâce à l'apparition de média alternatifs tels que les blogs, myspace, Facebook, les sites communautaires et de shopping social. Les nouvelles technologies bouleversent les habitudes de consommation et donc notre façon de communiquer et d'aborder nos clientes. D'où mes responsabilités en e-marketing chez black'Up. Je trouve passionnante cette petite révolution du web 2.0. Aussi, je cible de plus en plus les média en ligne allant jusqu’à nouer de véritables partenariat avec certains d’entre eux. C’est dans ce contexte que nous avons redesigné notre boutique en ligne http://www.blackup.com.

Enfin, je passe beaucoup de temps à étudier et négocier les propositions de partenariat.

Jeune femme, travaillant pour une « jeune » société jugée « ethnique », comment avez-vous été accueillie par les sociétés avec lesquelles vous aviez à conduire des négociations ?

Quand je suis arrivée chez black'Up, nous étions déjà distribués au Printemps. qui a été la première enseigne à nous faire confiance. A l'époque, Le Printemps souhaitait élargir son offre en référençant des marques alternatives. Nous avons reçu une proposition d'essai de 6 mois sur un stand éphémère, si mes souvenirs sont bons, et le test fut rapidement très concluant.
   

Carole Fleurival

Avec les autres enseignes les rapports étaient ceux de David contre Goliath. Nous étions une jeune marque et notre cible était une clientèle sur laquelle aucun industriel ou investisseur n'aurait parié. Du côté de la presse également les relations étaient loin d'être simples à cause des nombreux préjugés et idées reçues entretenus par le manque de statistiques précises sur les communautés ethniques de France. La présence noire en France était sous-estimée ainsi que notre capacité de consommation. Je m'arrachais les cheveux et devais faire preuve de beaucoup de sang-froid quand certaines journalistes me déclaraient avec conviction qu'il n'y avait pas beaucoup de femmes noires en France, que de toutes façons elles n'avaient pas les moyens d'acheter grand chose et que par conséquent cela ne valait pas la peine qu'on en parle dans les magazines.
Je n'ai jamais été autant en faveur de l'intégration de critères ethniques dans les recensements de population que depuis que je travaille chez black'Up. Ignorer volontairement qui nous sommes, combien nous sommes, où nous sommes, ignorer nos cultures, celles qui influent sur nos besoins et nos habitudes de consommation, est peut-être la pire des discriminations raciales car elle est vicieuse. Pire encore...elle est légale ! Puisque nous n'existons pas officiellement, il est inutile d'écouter nos voix et de satisfaire nos besoins.

Mais je m'égare ! Beaucoup ont été surpris des résultats de black'Up.
Nous existons depuis plus de 8 ans (certains n'avaient parié que sur 2 ans), nous figurons dans le top 5 des marques de maquillage référencées au Printemps Haussmann faisant ainsi concurrence aux plus grands noms du secteur. Par ailleurs, nos clientes ont des paniers moyens très supérieurs à ceux des clientes à la peau blanche. Toutes ces informations réunies ont suscité une prise de conscience des média, des distributeurs et de nos fournisseurs. Soudain, notre existence devenait légitime. Aujourd'hui, les demandes des distributeurs souhaitant référencer black'Up pleuvent, nous sommes désormais vendus dans plus de 300 points de vente dans le monde dont environ 200 en France. black'Up est devenu une marque de référence.

Carole Fleurival
   
Justement, quel bilan dressez-vous de votre propre action et de l’évolution de Blackup, les deux ayant été fortement liés ces dernières années, depuis que vous avez rejoint la société ?

A mes débuts, je rejoignais une équipe de 3 personnes au siège de black'Up et la marque était encore confidentielle. Nous étions toutes très motivées par le challenge, solidaires et multi casquettes. Nous vivions le stress et les bonnes nouvelles de concert. Nous avons toutes apporté notre pierre à l'édifice. Je suis particulièrement fière de ce que nous avons su réaliser avec le peu de budget dont nous disposions, surtout en communication. Grâce aux relations avec la presse et des partenariats ciblés, nous avons énormément gagné en visibilité. Nous sommes aujourd’hui la première marque "ethnique" utilisée et citée spontanément par les panels de consommatrices (sources Ak-a et Sopi).
Les média nous sollicitent également spontanément et pas seulement pour les sujets "ethniques". Notre notoriété est désormais établie.

Estimez-vous rétrospectivement qu’être femme et noire a joué un rôle dans votre évolution professionnelle ?

Absolument. De façon positive et négative à la fois. Chez mon précédent employeur, je cumulais tous les « inconvénients » : jeune, femme, et antillaise. A la pause café, on me parlait plus volontiers de Frankie Vincent que de business. Je me suis aussi rendue compte à quel point la femme noire avait une réputation légère. Je devais donc être plus sérieuse que les autres pour être, justement, prise au sérieux. J'avais tout de même un bon salaire mais pas de visibilité d'évolution. Et puis il y a eu black'Up, une petite entreprise dans laquelle tout était à faire. On assume très vite beaucoup de responsabilités mais je savais que je devais toujours en faire plus pour être crédible face mes contacts (distributeurs, journalistes, partenaires, fournisseurs, etc.).
On m'a souvent prise pour l'assistante de Carole Fleurival au début.
Aujourd’hui, les gens me connaissent et les relations sont beaucoup plus simples. Et puis, qu’une femme noire représente et défende des produits pour les noirs est définitivement plus légitime à leurs yeux. Je fais figure de spécialiste.
   

Carole Fleurival

Que vous voyez-vous faire dans 5 ans ?

J’ai toujours eu des ambitions d’indépendance. Un jour, que j’espère pas trop lointain, je me lèverai le matin pour réaliser mes propres rêves et plus ceux de mon patron.

Quel conseil donneriez-vous à un(e) jeune afro-antillais(e) souhaitant vous imiter ?

N’hésitez pas à prendre des risques, allez jusqu’au bout de vos rêves et de vos envies même si votre entourage vous recommande de choisir l'option sécurité. Il est *vraiment* possible de gagner sa vie en faisant ce qu’on aime. Pensez à proposer vos services aux petites entreprises, elles ont certes moins de moyens mais professionnellement c’est très enrichissant. Pour les trouver, les sites et les magazines communautaires sont très utiles.

Les dates clés de Carole Fleurival
Printemps 2000 : cérémonie de remise de diplôme - point final officiel de ma vie d’étudiante, je suis une grande !
Le 10 décembre 2001 : mon premier jour chez black’Up
2002 : mon premier salaire en euros + la grosse déprime qui va avec.
2008 : mes prochaines vacances…mais je ne sais ni où, ni quand, comment et avec qui. Et puis, mon pouvoir d'achat me le permet-il ?????? (la dernière question annulant toutes les autres!)

Les Bons Plans de Carole Fleurival
restaurant préféré : Le comptoir de Marrakech dans le 1er arrondissement. J'aime l'ambiance orientale et branchée, la glace au caramel salé et le thé à la menthe façon Maroc (les serveurs sont très généreux sur les pignons de pin)
Livre préféré : « Beloved » de Toni Morrison
film préféré : « La rue Case Nègres » d’Euzhan Palcy a marqué mon enfance et suscité mon intérêt pour les auteurs Afro-Caribbéens.
marque / magasin de vêtements préféré : Mon top 5 à égalité : Xuly Bêt, Les Petites, Maje, Sandro et Kate Mack. Je n’ai pas trop le temps d’aller voir ailleurs et ça arrange bien les vendeuses !
L’astuce beauté : si je n’ai pas le temps de réaliser un maquillage complet, je soigne au moins mon teint en mélangeant un peu d’embellisseur et de base matifiante à mon fond de teint. J’étale bien avec les doigts et mon visage est tout de suite lumineux et unifié. Une lichée de gloss sur les lèvres et du mascara volume et allongeant sur les cils (le tout chez black’Up, ne me demandez pas pourquoi) et en 5 minutes j’ai une tête plus… présentable. ;-)
Pour contacter Carole Fleurival

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