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Elisabeth Pequignot, initiatrice et responsable du projet Time-elegance
Cette semaine, Grioo.com vous présente Elisabeth Pequignot, responsable et porteuse du projet Time-elegance. Après quelques années d'expériences professionnelles diverses, découvrez le témoignage de cette jeune femme noire qui nous fait partager la naissance de son projet et ses difficultés à péréniser son business dans le contexte socio-économique actuel.
 12/07/2005 Par Serge Ngapo
 
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©Crédit photo AH
   
Pouvez-vous vous présenter aux grioonautes ?

Je m’appelle Elisabeth Péquignot , 36 ans, Responsable et porteuse du projet Time-elegance. Nous avons développé un logiciel de développement de plates-formes communautaires et portails internet et intranet. Il s’agit d’un moteur à trouver appelé QFE (Quartz Find Engine) permettant de réduire considérablement les délais et les coûts de développement de plates-formes communautaires B2B ou B2C, Internet ou intranet complexes, multilingues, robustes, évolutives et souples (place de marché, portails Internet Intranet, annuaire, catalogue de produits, composition de produits, actualité, ressources humaines, petites annonces, vente en ligne…).

Les applications sont sans limites, applicables à d’autres domaines que le négoce ou l’industrie (classement systématique en paléontologie, base de connaissance juridique, formation en ligne…). Nous avons bénéficié du soutien de l’IEI-FC (Incubateur d’Entreprises Innovantes de Franche-Comté).

Notre moteur à trouver Quartz Find Engine offre également la possibilité de développer des modules spécifiques dotés de bases de données complémentaires si nécessaire. Afin de générer un processus, du simple complément d’information, jusqu’à une démarche plus complexe telle le traitement d’un appel d’offre ou une recherche de collaborateurs.

La première déclinaison de notre technologie QFE est appliquée à une plate-forme multilingue communautaire B2B, dédiée à la mise en réseau et en relation entre fournisseurs et acheteurs dans le domaine des microtechniques et des nanotechnologies.
   

©TridentTrust / Delsey.com

Comment vous êtes-vous retrouvée à la tête de cette structure naissante?

Dans ma famille, on a toujours eu le sens du commerce. Ma mère vendait du poisson grillé, des arachides… Ma grande sœur a, par la suite, monté un cabaret, une entreprise de travaux publics, une agence immobilière et une école privée.

Diplômée en Commerce International et en langues étrangères, j’ai démarré ma carrière chez Trident Trust en Angleterre en tant qu’Assistante de Direction de projet. À mon retour en France, j’ai travaillé chez Maréchal Industries - Supérior à Besançon, en Franche-Comté, en tant qu’Assistante Export, puis Responsable de Zone Export. Cette société était spécialisée dans le design, la fabrication et la commercialisation de montres, maroquinerie et bagagerie de différentes marques : Adidas, Kookaï, Morgan, Aktéo, Taboo Taboo… Malheureusement, la société a eu des difficultés. Je me suis finalement retrouvée au chômage, licenciée économique.

J'ai bien essayé de retrouver du travail en Franche-comté, en France, mais pour une femme noire, le stéréotype ici c'est avec une blouse bleue, un seau et une serpillière… J'ai tout de suite compris que l'Internet pouvait être une porte de sortie à cette situation. Et en plus, un internaute n'a pas une représentation physique.

Par ailleurs, l’observation des professionnels au cours de mes années d’expérience à l’international dans le secteur de l’horlogerie et la participation à plusieurs salons d’affaires m’ont permis de noter les besoins des entreprises en termes de promotion, de communication et de mise en relation ou en réseau.

Ces besoins sont partiellement couverts par les salons professionnels. Malheureusement, ils sont limités dans la durée et les coûts de participation (ressources humaines, stands, transport, temps…) sont souvent assez lourds.

J’ai donc décidé de passer enfin à l’action en créant un portail d’information B2B et B2C dédié au secteur de l’horlogerie et des accessoires de modes et de luxe. L’idée de créer un système complémentaire et permanent sur Internet voit le jour. Il s’agit dans un premier temps de créer un portail d’information B2B et B2C multilingue mettant en scène tous les maillons de la chaîne de ce secteur. L’idée était de partir de la matière première au produit fini. On parle alors d’un portail Internet dédié à l’horlogerie, bijouterie joaillerie, lunetterie et microtechniques.

©time-elegance.com
   
Mais un dilemme se présente à nous. Comment adresser une information ciblée et pertinente à la fois aux professionnels et aux particuliers sans mélanger les genres ? Il faut mettre à la disposition des industriels un outil interprofessionnel de mise en relation et de communication. L’idée d’une place de marché B2B s’impose alors comme une évidence, dans le cadre d’un rapprochement entre l’offre et la demande.

Tout s’accélère en janvier 2001 après mon licenciement économique suite aux difficultés rencontrées par la société Mareschal Industries à Besançon. Je prends donc la décision de lancer ce projet.

L’idée est d’obtenir le consensus des professionnels, des collectivités locales, des institutionnels, des organisations professionnelles, de l’enseignement et la recherche. Le projet leur est présenté dès mars 2001. Le retour est positif. Le Conseil Régional de Franche-Comté, l’Incubateur d’Entreprises Innovantes de Franche-Comté et bien d’autres détectent immédiatement le potentiel du projet et nous apportent leur soutien.

Des études de marché effectués sur un échantillon d’entreprises composées d’acheteurs et de vendeurs en microtechniques en 2002 et 2003 sur les salons Micronora et Micronove, ont abouti à quelques constats :

1- Les microtechniques sont mal connues du grand public alors qu’elles sont présentes dans bon nombre de produits qui nous entourent (voitures, baladeurs MP3, téléphones portables…)

2- Les PME du secteur des microtechniques souhaitent renforcer leur visibilité et développer leur chiffre d’affaires sur le plan international tandis que les acheteurs plébiscitent les portails et places de marché Internet dans leur recherche d’informations.

Quel est le modèle économique de votre projet?

Notre modèle économique en cours de validation est communautaire avec plusieurs sources de revenus à court et à moyen long terme

A Court terme :
- Abonnement isolé aux services mutualisés d’une plate-forme communautaire B2B (Entre 25 à 99€ HT / mois / entreprise)
- Abonnement collectif aux services mutualisés d’une plate-forme communautaire B2B (De 10 à 35 € HT/mois/entreprise)

A moyen long terme :
- Technologie QFE + licences
- Modules QFE (sur devis)
- Plates-formes complètes (sur devis)

Déclinaison dans d’autres secteurs d’activité pour le compte de Time-Elegance ou de tiers (franchises…)
   

©Crédit photo AH

A vous entendre, le contexte socio-économique dans le quel vous évoluez n'est pas des plus simples. Pouvez-vous nous en dire plus?

En Franche-Comté, la situation de l'emploi est très difficile, surtout sur Besançon, même pour les régionaux, alors pour les noirs… Mon dossier de candidature attire généralement l’attention. Mon nom et ma voix ne permettent pas de déceler mes origines. La surprise est souvent grande lorsque le recruteur se retrouve face à moi alors qu’il s’attendait à voir quelqu’un d’autre. Alors les questions du type « C’est vous Élisabeth Péquignot ?» deviennent familières.

Vous savez, nous vivons en province et l’intégration des minorités notamment africaines et antillaises a encore un long chemin à parcourir. La majorité des personnes issues de cette communauté dans notre région sont diplômées de l’enseignement supérieur. Ils sont venus au départ pour faire leurs études supérieures. Par la suite, ne trouvant pas de travail en rapport avec leur qualification, ils sont contraints à l’autocensure, au fatalisme et au désespoir qui conduisent ces diplômés Bac+2 à Bac+ 8 vers des métiers comme : technicien de surface. Les conséquences sont dramatiques sur l’ensemble de la communauté et en particulier sur les plus jeunes qui s’en trouvent privés d’exemples de réussite sociale liée à la réussite scolaire. Cette question n’est pas à l’ordre du jour car elle n’intéresse pas grand monde.

Les responsables politiques ou les gens bien pensant vous diront qu’il n’y a pas de problème. Il suffit d’avoir de la volonté. Comment imaginer que toutes ces personnes se retrouvent ainsi marginalisées de la vie professionnelle et politique que par leur seule responsabilité ? Comment expliquer le fort taux de diplômés franc-comtois d’origine africaine qui, face à l’échec d’insertion professionnelle en France, ont émigré vers d’autres pays (USA, Canada, Australie…), ou bien sont retournés dans leur pays d’origine et qui ont tous plus ou moins réussi?

En portant le projet Time-Elegance, j'ai eu des réflexions comme « Comment avez-vous pu avoir cette idée ? ». J'en suis encore marquée. Il est vrai qu’en matière d’insertion et de promotion professionnelles, politiques et sociales, être une femme n’est pas un atout. Alors, on imagine aisément qu’être femme et noire l’est encore moins.

©Team Services
   
Bien sûr qu’il existe des cas isolés de réussite professionnelle et sociale dans quelques grandes métropoles françaises. La rareté de ces exemples ne crée pas des conditions propices à l’émergence d’un véritable changement de mentalités sur le plan national et régional. Sans véritable volonté politique, les entreprises à elles seules ne pourront pas faire avancer les choses. Le sujet reste tabou en France alors que les pays les plus libéraux comme les USA ou La Grande-Bretagne ont pris des mesures audacieuses et fortes afin de donner un coup de pouces aux femmes et aux minorités ethniques qui démarrent souvent leur vie professionnelle avec un handicap important, comme toutes les études le démontrent.

Le retard en la matière en France est tel que même des initiatives comme la discrimination positive visant à remédier à ce grave fléau sont très mal perçues. Les incitations et le soutien de l’Union Européenne qui dénonce l’immobilisme de la France face à ce phénomène n’y change rien. Que penser alors du modèle français ? Peu importe combien de langues tu parles, peu importe ton potentiel, il faut arriver à se faire accepter, et à ce moment-là, tout change, tu deviens une française...mais d'origine étrangère.

Existe-t-il des structures communautaires ou non d'aide au financement à qui vous avez fait appel?

À ma connaissance, il n’existe à ce jour aucune structure spécifique ou spécialisée de financement ou d’accompagnement à la création d’entreprises dédiée aux minorités dans notre région. Des structures d’accompagnement comme la Boutique de Gestion ou le Club des Entrepreneurs sont très intéressantes et bénéfiques dans le cadre de la formalisation du projet.

Cependant, leur rôle dans la recherche de financement est très limité. S’ajoute à cela un problème de taille : les personnes issues des minorités ne bénéficient pas toujours d’un réseau relationnel très fort et influent, ni d’une fortune familiale importante. Ils sont donc souvent victimes de personnes peu scrupuleuses bénéficiant elle des failles du système pour faire régner leur loi et détourner des idées et des projets.

Que penser des institutions dont certains se vantent ouvertement d’influencer à de mauvaises fins ? Que penser de la transparence du marché quand certains avouent que les appels d’offres peuvent être truqués ou attribués à l’avance ? Comment faire pour pénétrer dans ces sphères d’influences et faire entendre sa voix ? Faut-il suivre les conseils de ceux qui me disent de partir de ce pays et voir ailleurs ? Je refuse de croire que ce soit la seule réponse et je continuerai à me battre pour atteindre mes objectifs.

C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai participé à la création de Team Services (association ayant pour objet de fédérer, promouvoir, développer et faire reconnaître les métiers des Services Intellectuels en Franche-Comté) : http://www.time-elegance.com/team/services.php.
   

©Team Services

Si vous aviez un appel à lancer aux investisseurs potentiels qui nous lisent, que leur diriez-vous?

Nous proposons des outils de travail collaboratif interentreprises Pour permettre aux filières professionnelles, aux syndicats professionnels, à des groupements d’entreprises, aux associations de mutualiser un outil d’information, d’échange, de communication. Tous les maillons de la chaîne d’une filière sont pris en compte, de la matière première au produit fini, la sous-traitance, le matériel.

Ces outils permettent la valorisation de l’ensemble de la filière et facilite l’accès des partenaires potentiels à l’information pertinente et à l’action par l’intermédiaire des outils proposés ou développés spécifiquement. Les secteurs d’applications sont nombreux : plasturgie, automobile, services, viandes, bois, mécanique, etc. Cette liste n’est pas exhaustive.

Qu’ils n’hésitent pas à m’appeler!

De par votre expérience, si vous aviez un conseil à donner aux
grioonautes qui souhaitent se lancer dans leur propre business, quel
serait-il ?


Je ne suis pas la mieux placée pour donner des conseils, je dirais simplement qu’il ne faut pas s’isoler ou partir seul à l’aventure. Il faut au contraire s’entourer au maximum. La famille, les amis sont souvent une bonne source de critiques constructives, de conseils, d’encouragement, de soutien et voire de financement dans ce type d’aventure. Il ne faut pas hésiter à s’insérer dans des réseaux types associations. Pour monter son projet de création d’entreprise et garantir son succès, l’accompagnement par une structure reconnue est souvent nécessaire. À cela il faut avoir beaucoup d’audace et d’imagination. Pourquoi ne pas présenter son dossier sur un portail comme Grioo.com !

Pour plus d'infos :

www.time-elegance.com

Pour nous contacter :

Time-elegance
15, chemin de l'Épitaphe
25000 Besançon
Mobile : +33 (0) 622 10 88 20
Phone : +33 (0) 381 50 72 96
Mail : elipe@time-elegance.com

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