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Arlette Matingu, analyste technique chez IBM Montreal et fondatrice de Profil Africa
Decouvrez le parcours d'Arlette Matingu, informaticienne chez IBM et entrepreneur
 24/11/2003 Par Paul Yange
 
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Arlette Matingu
   
Pouvez-vous vous présenter à nos internautes ?

Je suis Arlette Micky Matingu, j'ai un Baccalauréat en Administrations des Affaires, option Systèmes d’information, c’est plus ou moins l’équivalent d’une maîtrise dans le système européen. J’ai ensuite fait une certification en administration des réseaux informatiques.

Vous êtes d’origine congolaise (RDC) et vous vivez maintenant au Canada ; pouvez nous expliquer le cheminement qui vous a mené jusque là ? Vivez-vous au Canada depuis toujours ou y êtes vous arrivée pour vos études comme beaucoup de jeunes africains ?

Avant mon séjour au Canada, j’ai vécu aux États-Unis, en Belgique et dans mon pays, le Congo (RDC). Je suis arrivée au Canada pour poursuivre des études en journalisme en français, car j’avais un diplôme secondaire d’une école américaine et le Québec me permettait de poursuivre ces études en français. Mais arrivée sur place, j’ai opté pour une formation reliée aux systèmes d’information. Concrètement, c’est une formation d’analystes de l’information. Ces analystes conçoivent et structurent le flux d’information au sein d’une organisation pour faciliter les échanges. On acquiert des connaissances sur les différentes opérations d’une entreprise et sur le développement et l’application des outils informatiques.

Vous travaillez actuellement dans le monde de l’informatique chez IBM à Montréal ; en quoi consiste votre activité chez IBM ? Comment y avez vous été recrutée ?

Je suis analyste technique. Mon travail consiste à trouver des solutions permanentes pour régler les problèmes techniques des usagers commerciaux. Il peut s’agir des postes de travail en réseaux ou des serveurs. Lorsque les clients font part à la compagnie, des problèmes applicatifs sur leurs systèmes et que les niveaux d’intervention inférieurs n’arrivent pas à solutionner. Ces cas nous sont transférés pour résolution.

J’ai d’abord effectué un stage en janvier 1998 et après 4 mois, j’ai été engagée.
   

Arlette Matingu travaille chez IBM à Montreal

Quelle est l’ambiance dans l’entreprise ? Quelle place y occupe les minorités (la minorité noire en particulier) ? Quelle place y occupent les femmes ?

IBM est une grosse boîte comme vous savez, et c’est très compartimenté. Je ne peux donc parler que de mon département. L’ambiance de travail est agréable, le milieu technique est un milieu majoritairement masculin et je suis la seule femme dans mon département mais c’est par la force des choses. Les noirs sont encore minoritaires mais avec le programme de diversité qui est implanté, on espère que le recrutement futur se fera en conséquence. Toutefois, je continue à affirmer que ce ne sont pas aux organisations de faire le premier pas mais, ce sont les membres des minorités qui doivent être persévérants et continuer à frapper aux portes.

Parallèlement à votre travail chez IBM Montréal, vous avez crée une jeune PME panafricaine, Profil Africa Inc ; pourquoi cette initiative ?

Bien que nous soyons installés ici, notre âme reste africaine et il est de notre devoir de pouvoir contribuer au développement de notre continent. Nous sommes devenus ce que nous sommes parce que ce continent nous a soutenu directement ou indirectement par le canal de ma famille dans mon cas. Alors lorsqu’on voit ce qui passe en Occident, particulièrement dans le domaine de la communication et du marketing, nous nous sommes dits qu’il est possible de permettre à l’Afrique de profiter des dernières avancées technologiques et d’une expertise panafricaine dans ce domaine. Voilà pourquoi, avec quelques africains de différentes origines, nous avons crée Profil Africa inc.
   
Quelle est l’activité de Profil Africa ?

Profil Africa est une jeune compagnie panafricaine spécialisée en communication et marketing politique et social (www.profilafrica.com). En bref, nous élaborons des stratégies de communication et de marketing. Par la suite, ces stratégies se déclinent en campagne de communication utilisant divers outils.

L’équipe Profil Africa est actuellement composée de maliens, de burkinabès, de sénégalais, de camerounais, de malgaches, sud-africains et de congolais

Notre ambition au sein de Profil Africa est d’offrir des produits et services africains en matière de communication et de marketing, réalisés selon les standards internationaux au niveau de la qualité et du professionnalisme. C’est ainsi que nous avons choisi de coordonner nos activités depuis Montréal car le Canada est un leader mondial en matière de communication et de publicité.

Ainsi, toutes nos réalisations allient la prise en compte des spécificités socioculturelles africaines à la technologie la plus moderne en matière de communication et de marketing.

À l’ère du "village planétaire", nous espérons ainsi contribuer à donner une meilleure place sur l’échiquier mondial à nos pays, nos organisations et nos acteurs sociopolitiques et économiques.

Avez-vous connu des difficultés particulières lors de sa création ?

Des difficultés, c’est certain ! Vous savez, il a fallu tout d’abord trouver la bonne synergie entre les compétences qui œuvrent au sein de l’équipe de base en Occident et en Afrique.

Il fallait notamment nous mettre d’accord sur l’application de règles strictes au niveau du professionnalisme et de l’éthique car, Profil Africa veut être une entreprise qui contribue à l’émergence d’une "Nouvelle Afrique" faite de valeurs qui, bien intériorisées, permettront à nos pays de redevenir prospères.

D’autre part, il y a eu et il persiste un réel défi sur le plan financier. Vous savez bien que les projets africains qui se démarquent des voies convenues ne sont pas toujours appuyés. Profil Africa ne déroge pas à cette règle et, nous avons du puiser dans nos économies et faire des sacrifices pour créer cette compagnie. Il faut une bonne dose de foi et de persévérance pour réussir dans les affaires et surtout, pour mener à bien un projet africain qui veut faire la différence positivement !
   

Profil Africa est une entreprise panafricaine crée par Arlette Matingu
©profilafrica.com

Vous êtes aussi impliquées dans diverses activités associatives (initiatrice d’un regroupement des professionnels du Congo au Canada, membre du comité exécutif d’un regroupement des professionnels d’Afrique, membre d’un regroupement d’entraide des victimes des guerres congolaises...) ; Pouvez-nous expliquer en quoi consistent ces différentes associations et Pour quoi vous avez choisi de vous impliquer dans ces activités ? Comment les concilier avec vos obligations familiales et professionnelles ?

Comme mentionné plus haut, il s’agit d’une contribution au développement du pays et du continent.

L’Organisation des Professionnels du Congo au Canada (OPCC) a été mise sur pied en 1997, après le changement de pouvoir en RDC. Les expertises congolaises sont nombreuses dans la diaspora, particulièrement au Canada. Pourquoi ne pas nous regrouper afin d’offrir gratuitement nos services, si nécessaire. Un exemple, un appel d’offres international est lancé par le Congo pour l’achat des équipements hydrauliques. Le Québec est mondialement reconnu dans ce domaine, il y a aussi plusieurs ingénieurs congolais qui y travaillent. Pourquoi n’offriraient ils pas leurs services bénévolement pour s’assurer que si le Québec soumissionne, une place importante sera accordée aux intérêts de la RDC. Voila un des objectifs de cette organisation.

À la différence de l’OPCC, l’OCAPI, l’Organisation Canado Africaine pour l’Intégration, vise plutôt l’intégration des jeunes professionnels africains au marché du travail. Il s’agit d’un regroupement de jeunes professionnels qui offrent des conseils aux plus jeunes qui veulent intégrer le marché du travail canadien (comment se vendre à l’employeur, comment régler les conflits au travail, démystifier la fonction publique,...)

Le CUBF (Congolaises Unies pour le Bien être de la Femme) apporte son soutien aux femmes et enfants victimes de la guerre, en organisant des levées de fonds pour envoyer directement aux organismes locaux qui les chapeautent.

Je suis aussi rédactrice dans un bulletin catholique de Montréal, dénommé "Lisanga" ou "Communion" en langue lingala. Par ce canal, nous visons à former et à informer nos compatriotes sur les réalités de ce nouveau milieu d’accueil. Nous avons tendance à vivre en ghetto et nos sources d’information sont souvent limitées. La bonne information est capitale pour l’intégration et le développement, il faut donc aller la chercher à la source.

Toutes ces activités peuvent paraître accaparantes mais il suffit de s’organiser. De plus, lorsqu’on fait ce qu’on aime, le temps n’a plus d’importance.

La République Démocratique du Congo
©archq.org
   
En tant que femme noire et africaine, estimez-vous qu’on fait face à plus d’obstacles dans le monde de l’entreprise que si on est un individu blanc de sexe masculin ?

Certainement, les préjugés sont nombreux et tenaces et aussi longtemps que nous ne serons pas bien représentées, cela va continuer. Mais ce n’est pas une raison suffisante pour ne pas se battre, les obstacles sont faits pour être contournés et leur mode d’emploi n’est pas affiché. Il faut les chercher, les trouver et les écarter.

Comment jugez-vous la place qu’occupent les communautés immigrées au Canada ? Et plus particulièrement les communautés africaines ?

Le Canada est un pays multiculturel et bien plus ouvert que les pays européens. Il y a d’ailleurs de nombreux programmes gouvernementaux pour soutenir les immigrés dans leur intégration.

La Communauté africaine, quant à elle, a la place qu’elle veut avoir, c'est-à-dire dans l’ombre. Nous sommes facilement intégrés à la communauté antillaise qui est ici depuis plus longtemps. Si nous ne nous démarquons pas, il y a peu de chances que le Canada fasse la différence. La seule façon de se démarquer positivement est par le travail. C’est ce que les Chinois, les Italiens, etc. ont compris. N’oublions pas non plus que l’immigration africaine est relativement jeune, seul le temps nous permettra de nous positionner.

Si vous aviez un conseil à donner à des africaines plus jeunes que vous désireuses d’intégrer le monde de l’entreprise, que leur diriez-vous ?

Une formation adéquate qui correspond aux exigences de l’entreprise que vous visez. Faites les démarches en fonction des techniques de recherches d’emploi utilisées dans le secteur. Chaque pays, chaque domaine, chaque secteur a ses particularités, apprenez les et ajustez votre tir.

Merci pour vos réponses

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