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Condoleezza Rice, la dame de fer de l'administration Bush
Universitaire, pianiste, doyenne de l'université de Stanford, et secrétaire d'Etat aux affaires étrangères, elle est actuellement la femme noire la plus puissante du monde
 20/02/2007 Par Capucine Légelle
 
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Con dolcezza… Autrement dit « avec douceur » en langage musical. L’expression était-elle bien choisie pour prénommer la future dame de fer de l’administration Bush ?

Pourtant Angelena Ray et John Wesley Rice Jr n’ont pas hésité une seconde lorsque leur fille unique a vu le jour le 13 novembre 1954.

La petite Condie grandit dans le Deep South, en plein cœur de l’Alabama, un des états les plus gangrenés par le racisme et la ségrégation.
Racines
   

Angelena Rice et sa petite Condi

Elle partage la ville natale de Birmingham avec son aînée Angela Davis. Elles seront toutes deux touchées de plein fouet par l’attentat raciste le plus meurtrier de l’Histoire des Etats-Unis : le 15 septembre 1963, 4 camarades d’école de Condoleezza sont tuées lors de l’explosion d’une bombe posée par le Ku Klux Klan dans une église noire. Les auteurs du crime, protégés par les autorités, ne seront pas inquiétés. Il faudra attendre 2001 pour qu’un des coupables, Thomas Blanton, soit condamné à la prison à vie.

La ville, ultra violente, est alors considérée comme un des derniers bastions de l’Amérique raciste, comme en témoigne le slogan du gouverneur Wallace « Segregation for Ever », la ségrégation pour toujours. C’est dans ce contexte que la famille Rice évolue.

Les parents travaillent tous deux au lycée Ullman High School. Angelena y enseigne la musique, la rhétorique, et les sciences. John, qui est également pasteur baptiste, est quant à lui conseiller d’orientation. Le couple appartient à l’intelligentsia noire de l’époque, une catégorie sociale traditionnellement démocrate. Ne dérogeant pas à la règle, John tente de s’inscrire au parti. On lui en refuse l’accès à cause de sa couleur de peau.

John Wesley Rice intègre alors le parti républicain, qui lui l’accepte. Le fait pourrait être anecdotique s’il n’était pas en partie à l’origine de l’engagement politique d’une des femmes les plus puissantes du Monde.

Etudes

Condoleezza étudiante à Denver
   
En 1967, la famille Rice déménage à Denver, où Condoleezza débute des études de musicologie. Elle se destine à une carrière de pianiste, mais, pragmatique, bifurque d’orientation en constatant qu’elle est « très douée, mais pas merveilleuse »…

Sa rencontre avec Josef Korbel et sa fille Madeleine Albright à ce moment précis sera déterminante pour la suite de sa vie. Professeur en relations internationales, il détecte rapidement son potentiel et lui conseille d’étudier la soviétologie. Elle se spécialise et obtient sa licence à 20 ans. Elle est alors sélectionnée pour intégrer la prestigieuse association universitaire Phi Beta Kappa, rejoignant dans ses rangs Bill Clinton et Georges W. Bush.

Condoleezza Rice poursuit ses études à l’Université Notre Dame, où elle décroche une maîtrise. Elle retrouve ensuite son mentor, Korbel, à l’Université de Denver. Il la dirige pour réaliser une thèse sur les relations nébuleuses entre la Tchécoslovaquie et l’URSS. Elle obtient son doctorat en 1981, elle a 27 ans.

L’Université de Stanford lui offre un poste d’assistante professeur en sciences politiques. Durant cette période, Rice oscille encore entre démocrates et républicains, soutenant tour à tour Jimmy Carter puis Ronald Reagan.

Entrée en politique
   

La jeune femme est repérée par Washington en 1985, au cours d’un dîner réunissant des universitaires spécialistes du contrôle des armements. Brent Scowcroft, conseiller à la Maison Blanche, la fait alors entrer dans le cercle des cerveaux utiles à la Nation. Elle est appelée au Pentagone un an plus tard, afin d’épauler le chef d’état major interarmées sur le dossier de la planification stratégique nucléaire.

Cette première incursion au sein de l’administration présidentielle scelle définitivement le destin de Condoleezza Rice au sommet de l’Etat.

En effet dès lors elle ne cesse de grimper les échelons, toujours plus vite, toujours plus haut, brisant tous les tabous pouvant se présenter sur son chemin. Femme ? Noire ? Elle a coutume de dire qu’elle a deux raisons de travailler deux fois plus que n’importe qui pour réussir.

« Twice as good »…

Relations Internationales

Rice et le ministre des Affaires Etrangères russe Sergeï Lavrov, le 20 avril 2005 à Moscou
   
En 1988, elle est recrutée par le nouvel occupant du Bureau Ovale, Georges Bush. Elle devient assistante spéciale pour les questions soviétiques au Conseil National de Sécurité.

Condoleezza Rice orchestre la politique étrangère américaine en direction de l’Union Soviétique. En pleine guerre froide, elle joue un rôle clé. Un de ses faits d’armes marquant à ce poste sera d’avoir su courtiser Boris Eltsine, que la Maison Blanche voulait voir accéder au titre d’homme fort du bloc de l’Est. Objectif atteint en juin 1991 avec son succès à l’élection présidentielle russe. Cette victoire précède de trois mois seulement le putsch contre Gorbatchev et le démantèlement de l’URSS, qui marque la fin de la guerre froide et le renouveau des relations diplomatiques entre les Etats-Unis et la Russie.

Après le tour de force Eltsine, nouvelle promotion pour « Condie » en mai et août 1990 ; elle est nommée directrice de la division Affaires européennes et soviétiques, puis assistante spéciale du président du Conseil National de Sécurité.

Rice fait ses valises quelques mois plus tard, désireuse de donner une nouvelle impulsion à sa carrière. Elle songe à briguer la sénatoriale de Californie, idée qu’elle abandonne assez rapidement, préférant retourner à ses premières amours… à l’Université de Stanford où on lui offre une chaire de professeur. En parallèle, elle continue à offrir ses compétences à diverses institutions et sociétés en tant que consultante pour les questions soviétiques.

Business Woman
   

Condoleezza en concert avec Yo-Yo Ma à Washington, le 22 avril 2002

Mais très vite, incapable de rester cantonnée dans le simple rôle d’universitaire, Condoleezza Rice décide de multiplier ses activités dans le secteur privé.

Les multi nationales se l’arrachent, elle siège aux conseils d’administration de Hewlett Packard, Charles Schwab Corporation, la Carnegie Corp, la Transamerica Corp, la Rand Corp.

Son expérience la plus significative dans ce domaine reste son poste chez Chevron. La compagnie pétrolière a vu ses profits multipliés par 5 en moins de dix ans, atteignant plus de 5 milliards de dollars de bénéfices en 2000. Les compétences en relations internationales de Condoleezza Rice n’y sont pas étrangères : elle développe les activités au Kazakhstan mais aussi en Angola en s’appuyant sur le régime de Dos Santos, manipulant habilement opposition et gouvernement pour arriver à ses fins dans chaque pays et gonfler son capital.

Ces manœuvres créeront la polémique lors de sa nomination au poste de Conseillère à la Sécurité Nationale : ses détracteurs lui reprochent d’utiliser ses fonctions publiques pour favoriser des intérêts privés.

Rice universitaire

Condoleezza Rice reçoit un award de la NAACP pour l'image positive qu'elle donne aux afro américains
   
Menant ces deux carrières de front, Condoleezza Rice officie comme prévôt de l’Université de Stanford de 1993 à 1999. Très appréciée par l’administration à qui elle fait économiser des millions de dollars, elle se fait particulièrement détester des étudiants.

Ses restrictions budgétaires s’appliquent en effet aux domaines favoris des élèves, comme les associations ou les cours facultatifs. Elle s’attaque principalement aux minorités, les noirs, les hispaniques, les femmes et les homosexuels sont dans sa ligne de mire. Elle déclenche même un mouvement de grève inédit en licenciant Cecilia Burciaga, « stanfordiste » depuis 25 ans et première chicano à avoir obtenu un poste de responsable à la faculté.

Elle s’oppose aux projets de départementalisation des Etudes Africaines et afro-américaines, autorise l’utilisation des infrastructures du campus par l’armée, empêche autant que faire se peut la tenue des ateliers d’étudiants sur les questions sociales.

Autant de mesures qui l’éloignent du public et de la communauté noire, mais la confirme dans son rôle de « dame de fer », compétente et radicale. Elle prépare soigneusement son avenir politique.


W Bush
   

C’est en 2000 que Condoleezza Rice prend une envergure de premier plan sur la scène nationale.

Elle prépare les élections pour le clan Bush, parant à toutes les failles du présidentiable, notamment son incompétence en politique étrangère. Epaulée par Paul Wolfowitz, elle crée "les Vulcains" , une équipe de conseillers de choc composée de Robert Zoellick, Richard Perle, Richard Armitage, Stephen Hadley, Dov Zakheim, et Robert Blackwill. Leur machine parfaitement huilée fonctionne avec le succès que l’on connaît.

Sitôt l’élection emportée, les Vulcains intègrent l’administration Bush. Condoleezza Rice, 47 ans, devient directrice du Conseil National de Sécurité. Elle est la première femme à accéder à cette fonction.

Quatre ans plus tard, pour le second mandat de Georges W Bush, elle est nommée Secrétaire d’Etat des Etats-Unis d’Amérique, prenant la succession de Colin Powell, démissionnaire.

La petite fille traumatisée par le KKK a laissé la place à une self made woman, élue en 2005 première femme la plus puissante au monde par Forbes.



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Mots-clés: Mannequins   
 

   

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