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Parler de l'esclavage aux enfants
L’Esclavage, la Traite des Noirs, qu’est ce que c’est au juste ? Voilà une question que nos petits se posent et nous posent. Comment trouver les bons mots pour leur en parler? Un article qui fait le tour de la question, bibliographie à l'appui.
 13/05/2008 Par Sona Ekambi Kotto
 
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Rappel

Il est important de noter que l’esclavage est vieux comme le monde du moins, il existe depuis que les hommes sont organisés en société. Le mot esclavage est d’ailleurs apparu il y a fort longtemps, à une époque où à Venise, les esclaves étaient pour la plupart des Slaves des Balkans, d'une région devenue la "Slavonie". D’où l’origine du mot esclave qui vient du latin médiéval sclavus, venant de slavus, slave.

Définition

L'esclavage, c’est quand une personne se trouve sous la dépendance absolue d’une autre personne appelée maître. Ce dernier utilise son esclave comme un bien matériel, c'est-à-dire comme une chose. L’esclave est contraint au travail forcé. Son maître lui impose de dures épreuves. Il peut subir la torture, la violence, toutes sortes d’abus. L’esclave est moins bien traité qu’un animal.
Enfin, l'esclave est considéré comme la propriété de son maître. C’est ainsi qu’il peut être acheté, loué ou vendu.

Un peu d'histoire
L'esclavage pratique fréquente chez de nombreux peuples

Les Égyptiens, les Grecs et les Romains faisaient de leurs prisonniers de guerre leurs esclaves. Ceux qui ne pouvaient pas payer leurs dettes devenaient esclaves, ainsi que les peuples barbares qui ne parlaient pas « leur langue ». D'ailleurs, chez les Romains, c'est le même mot qui désignait à la fois l'esclave et l'étranger. Il travaillait la terre dans les immenses propriétés nécessitant beaucoup de main-d’œuvre.

Un exemple frappant, Au 2e siècle, à Rome, il y avait 20 000 citoyens libres pour 400 000 esclaves. Ces Esclaves là étaient blancs.
Esclaves blancs, également en Afrique occidentale. A l’époque de la puissance des trois grands empires africains :
Ghana, Mali et Songhay. (Lire Quand Les Noirs avaient Des Esclaves Blancs de Serge Bilé)

XVI e siècle: la colonisation du Nouveau Monde

Au Moyen âge, l'esclavage continue. Mais c'est au 16e siècle, avec la découverte de l'Amérique et la conquête de ce Nouveau Monde par les Espagnols, que l'esclavage s'intensifie. Les premiers esclaves sont les Indiens d'Amérique.

En 1570, le roi du Portugal interdit la réduction des Indiens à l’esclavage qui par ailleurs, ont été décimés et ne supportaient pas les tâches qui leur étaient attribuées.
Puis les Hollandais, les Français, les Portugais, les Espagnols et les Anglais font venir en Amérique des centaines de milliers d'esclaves noirs d'Afrique. C'est ce que l'on a appelé la « traite des Noirs», ou « traite Négrière » c'est-à-dire le commerce et la déportation d'esclaves noirs.

La Traite des Noirs, ou Traite négrière

La Traite des Noirs a donc été le trafic des esclaves de la côte de l'Afrique (à noter que les Esclaves venaient de toute l’Afrique) expédiés vers les colonies d'Amérique essentiellement et, pratiquée par les Européens du XVIème au XIXème siècle. Quatre siècles de tortures, avec à la clé des dizaines de millions d’africains victimes du commerce triangulaire. Le but ultime étant d'amasser de l'argent grâce au travail des esclaves, de construire de belles colonies …

Organisation de ce commerce
Le point de départ de ce commerce était un grand port de l'Atlantique de la mer du Nord (Europe->Afrique ; Afrique->Amérique ; Amérique->Europe).
Les navires servant à la traite étaient appelés « navires négriers ». Dans le port d'embarquement, le navire négrier chargeait les marchandises avec hélas l’aide d’intermédiaires africains honteusement corrompus ; Ces marchandises étaient ensuite débarquées dans l'un des ports d'Afrique où elles étaient marchandées, échangées contre des esclaves ou vendues aux intermédiaires africains.
Une fois l'Afrique atteinte, la traite pouvait commencer…

Les traitements réservés aux esclaves

Les esclaves étaient considérés comme du bétail, de la marchandise. Il n'y avait aucune pitié, aucune compassion à leur égard, et cela durait souvent toute leur vie. En effet, après la vente, leur calvaire n'était pas terminé. Les esclaves rejoignaient l'habitation du maître et se voyaient attribuer un logement sommaire, vétuste dans lequel s'entassait toute la famille. Les conditions d'hygiène étant désastreuses les maladies étaient nombreuses.

L’alimentation des esclaves n’était pas équilibrée et surtout pas adaptée à leurs lourds travaux. Ils se nourrissaient essentiellement de bananes, de riz, d'ignames mais rarement de viande.

Une fois l'an, les esclaves recevaient quelques vêtements et deux paires de chaussures avec lesquelles ils devaient passer l'année.
Le travail des esclaves se faisait dans l'exploitation agricole du maître. Les journées de travail étaient épuisantes, commencées tôt, finies tard, juste entrecoupées de quelques pauses et n'ayant que le dimanche de congé. Aussi bien les femmes enceintes que les enfants à partir de 10 ans devaient se livrer à cette tâche difficile.

L'encadrement des esclaves était assuré par un intendant choisi par le maître, pour garantir un maximum de rentabilité et de profit. Son autorité sur les esclaves n'était pas limitée à la direction du travail mais s'étendait au contexte général des Noirs. Il était chargé des tâches policières et pouvait punir les esclaves lorsqu'il le jugeait nécessaire.

Le mariage entre esclaves n'existait pas légalement et les familles risquaient à tout moment d'être séparées par la vente décidée par leur maître pour une quelconque raison (partage d'héritage, besoin d'argent, échanges...), séparant les maris des femmes, les enfants des parents.
Les maîtres enseignaient leur religion aux esclaves mais cachaient une partie du message de l'Évangile, celle qui concerne la grâce et l'accès au paradis. En effet, pour les maîtres, les esclaves étaient exclus de la miséricorde divine.

Les esclaves ne devaient savoir ni lire ni écrire car, pour les maîtres, un esclave instruit était un esclave dangereux.

Les esclaves étaient dépourvus de tout droit comme par exemple, celui d'être propriétaire. L’esclave était considéré comme un outil de travail, qu'on punissait s'il ne donnait pas satisfaction, dont on se débarrassait quand il était trop indiscipliné, tout en le ménageant car il représentait un capital précieux. Rien d’anormal pour les maîtres, puisque les Noirs étaient considérés comme des êtres inférieurs !

Au XVIIe (1685) un Code Noir est édité et promulgué en France par Louis XIV servant de règlement aux maîtres pour la discipline et le commerce des esclaves. Ce code accorda juste l'humanité morale et religieuse aux esclaves et servira à éviter les décisions arbitraires prises par les intendants et les maitres qui avaient tous les droits et avaient toujours raison...
   

La Révolte des Esclaves

Les premières grandes révoltes des Esclaves naissent dès 1789, après La Déclaration des Droits de L’homme et du citoyen : art 1 – « Les hommes naissent libres et égaux en droit »

Mais c’est au XIXe siècle, que la lutte contre l'esclavage menée par les esclaves eux-mêmes prend de l’ampleur. Dans tous les pays (États-Unis, Martinique, Cuba, Honduras, Jamaïque... les esclaves se révoltent. Dans les colonies françaises (Martinique, Guadeloupe et Guyane), c'est un député français de la Guadeloupe, Victor Schœlcher, qui contribue à faire adopter, [ble 27 avril 1848, le décret sur l'abolition de l'esclavage].

Aux États-Unis, la fin de l'esclavage est proclamée le premier janvier 1863, par le Président Abraham Lincoln, entraînant ainsi l'émancipation de 3 millions d'esclaves. Les Noirs deviennent alors citoyens américains.

Un crime contre l’humanité

Au milieu du 20ème siècle déjà, un poète célèbre qui vient hélas de nous quitter, (17 avril 2008) a éveillé les mentalités pour que l’esclavage soit enfin reconnu comme une barbarie. Il était né à Basse Pointe dans l’île de la Martinique. Il s’appelait Aimé Césaire. Jusqu’à la fin il est resté : Debout et Libre !

Ce n’est qu’en mai 2001, sur proposition de loi de la députée Guyanaise Christiane Taubira, que le plus long et le plus meurtrier des crimes contre l’humanité, l’esclavage est reconnu comme tel.

En 2006, [le 10 mai] est institué journée nationale de commémoration de la l’abolition de l’esclavage.

L’Esclavage aujourd’hui

Le 10 mai dernier c’était la commémoration des 160 ans de l’abolition de l’esclavage. Mais hélas, cela ne veut pas dire qu’il n’y a plus d’esclavage dans le monde.

Des millions d'enfants (et des millions d'adultes) continuent d’être exploités. En Afrique, en Asie, en Amérique Centrale. Pour rembourser une dette, ou pour survivre, leurs parents les ont vendus. Ces enfants travaillent comme domestiques, dans les mines ou dans les champs. En Haïti, (Première république Noire grâce à Toussaint Louverture ayant libéré son peuple de l’esclavage), des enfants sont employés dans les champs de canne à sucre. Au Soudan, où une guerre oppose le Nord et le Sud du pays, les villageois, faits prisonniers, deviennent esclaves. Ils travaillent aux champs, gardent le bétail. Les jeunes filles sont employées de maison…

En France, des personnes en situation de précarité, travaillent comme domestiques, privées de visites, de sorties, de papiers d’identité, de dignité…
C’est de l’esclavage moderne !

En savoir plus sur la traite des Noirs :
www.aidh.org

Des livres à lire
La Case De L’oncle Tom De Harriet Beecher Stowe
Racines D’Alex Haley
Raconte-moi L’esclavageDe Jean-Michel Deveau
La Véritable Histoire de Mary Prince Esclave Antillaise
Deux Graines de CacaoD’Evelyne Brisou-Pellen
L’esclavage raconté à ma filleDe Christiane Taubira
Il fut un jour Gorée… :L’esclavage raconté à nos enfantsDe Joseph N’diaye








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Mots-clés: Mannequins   
 

   

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