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Gisèle Mandaila, congolaise d'origine, femme politique belge
Le "parcours" de la semaine est politique
 21/07/2003 Par Cyrille Nono
 
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Gisèle Mandaila
©Fdf.be
   
Cet article est le premier d'une série en deux volets consacrée à Gisèle Mandaila.
Ce premier volet est consacré au volet politique, le second à ses activités sociales.

Présentez-vous Gisèle Mandaila ?

J'ai un graduat en marketing, un post-graduat en gestion d'entreprise obtenu à l'ULB (NDLR: Université Libre de Belgique) et je poursuis aussi une licence (maîtrise) en sciences du travail, spécialisation orientation, transition et formation du personnel que j'obtiendrai l'année prochaine. Cette formation est en droite en ligne avec mes responsabilités politiques et communales.

Et quelle est votre origine ?

Je suis originaire du Congo et je suis arrivée en Belgique en 1981. Je suis de la région de Bandoundou dans le sud-ouest du pays mais j'ai grandi à Kinshasa jusqu'à l'âge de 11 ans. Je connais bien Kinshasa mais malheureusement un peu moins ma région d'origine.

Etes-vous rentrée souvent depuis lors ?

Mon premier vrai retour s'est effectué en 1996 lors de mon stage de fin d'études que j'ai réalisé à la BRALIMA (NDLR : Importante brasserie du pays). Depuis lors, je rentre assez souvent notamment dans le cadre d'une ASBL (NDLR : association) qui œuvre à Kinshasa et au Congo et dont j'espère que nous en reparlerons tout à l'heure.
   

Le FDF, le parti de Gisèle Mandaila
©fdf.be

Bien sûr, mais avant tout, vous êtes d'abord une femme politique...

Oui mais les deux vont de pair dans mon esprit. On dit souvent que ce sont les politiques qui font l'humanitaire et les humanitaires font de la politique, notamment pour aboutir à leurs fins.

Alors, comment en êtes-vous arrivée à la politique ?

Il faut remonter quelques années en arrière lorsque j'avais 13 ans. Lors d'un cours en classe de 5ème, un professeur nous avait demandé de réaliser une étude sur un pays donné (sur tous les plans politique, économique, etc). c'était aussi à l'époque de la guerre du Liban et j'ai été interpellé par ce pays et les raisons qui motivaient une telle guerre.
J'ai fini biensur par comprendre plus tard que les croyances réligieuses étaient l'une des motivations principales mais j'ai voulu aller au-delà : avec mon père , nous nous sommes intéressés alors à l'Afrique et grâce au magazine Jeune Afrique -que mon père achetait systématiquement- je me suis encore plus intéressé à l'analyse politique et au journal de 20h.

C'est plutôt inhabituel pour une fille à cet âge...

Non, je n'ai pas l'impression. En tout cas ici en Europe, ça m'a l'air relativement courant. Je peux même vous dire que j'étais plus passionnée par la politique française que la politique belge. Et pour être franche, mon modèle était d'ailleurs François Mitterrand.

Gisèle a commencé sa carrière politique au Parti Socialiste Belge
©ps.be
   
Etonnant !

Oui mais en grandissant, je me suis franchement davantage intéressé aux affaires locales en Belgique et j'ai appris à mieux décrypter les méandres de la politique belge bien que c'est loin d'être évident ! J'ai donc adhéré au PS (Parti socialiste) dès l'age de 16 ans sans toutefois en être membre puisque j'étais d'ailleurs mineure. J'allais simplement aux réunions politiques.

J'imagine vous y êtes allé pour suivre la trace de votre modèle ?

Oui tout à fait, j'idéalisais sur ce parti. Antiracisme, solidarité, etc. Mais une fois à l'université, j'ai été vite déçue car les actes étaient en décalage manifeste avec la théorie notamment sur le plan de l'intégration des minorités, l'intégration de la communauté Africaine en particulier. J'étais d'autant plus déçue et frustrée que les socialistes étaient au pouvoir et que les choses n'avaient pas l'air d'avancer véritablement. A partir de là, il n'a pas été difficile pour moi d'être sensible aux sollicitations des « libéraux » d'autant qu'ils étaient moins hypocrites sur leurs intentions.

C'est-à-dire ?

Par exemple, pour les libéraux, c'était clair : on veut bien aller en Afrique s'il y a un intérêt. Vous comprenez que moi avec une formation d'économiste, je comprends parfaitement un mouvement politique qui met avant un échange gagnant-gagnant plutôt que faire des promesses non tenues. J'ai donc rejoint les libéraux d'autant que j'y arrivai en tant que pionnière.
   

Louis Michel n'a PAS été le mentor de Gisèle Mandaila à ses débuts
©bta.bg

Est-ce que l'accueil y a été pour autant facile ?

Non pas du tout. Mais vous savez, il faut sans cesse se battre dans la vie, je suis une battante et je n'aime pas trop curieusement la facilité non plus. Il faut dire que je suis arrivé dans un état d'esprit « gagnant-gagnant » où je ne croyais pas trop aux promesses. Et pour être honnête, il faut dire qu'à l'époque, un tournant dans l'aile libérale s'opérait pour plus d'humanité, plus d'ouverture et je crois que j'en ai profité.

Avez-vous un mentor à votre arrivée ? Quelqu'un qui a guidé vos pas ?

Ce n'était pas Louis Michel en tout cas (NDLR : le ministre belge des Affaires étrangères et leader charismatique de l'aile libérale francophone) pour la simple raison que j'évoluai à un niveau local. On peut considérer mon président de section à l'époque (1992), Albert demeuters, bourgmestre d'Ixelles à l'époque, a joué un grand rôle au début de ma carrière politique. Membre influent du PRL, il était doté d'un très grand charisme.
Cela dit, le FDF, une autre composante du mouvement libéral m'a repêché et dès 1998, j'ai commencé à gagner en influence grâce à mes prises de position sur les thèmes de la jeunesse, la vie sportive, la vie sociale. Ce qui est intéressant est que les thèmes en question n'étaient pas des sujets estampillés « noirs ».
C'est ainsi que j'ai été intronisée à Etterbeek, à Bruxelles et l'aventure a réellement démarré alors.

Le premier grand moment de votre parcours politique a été les élections municipales de 2000

Oui tout à fait et j'ai été élue tout en devançant des échevins (NDLR des conseillers communaux) qui avaient déjà une longue tradition électorale. J'avoue que c'était un grand motif de fierté.

©ps.be
   
J'imagine !!! Quel était votre score ?

J'ai obtenu 360 voix sur 18000 personnes inscrites dans la commune sachant qu'il y a plusieurs candidats par liste et qu'il y a autant de listes que de partis.

En quoi consiste le métier de conseiller communal ?

On fait essentiellement des interpellations par rapport à ce qui se passe dans la commune. On remonte des informations auprès des échevins sur ce qui va ou ne va pas dans la commune. Par exemple, si un budget doit être voté, on intervient en donnant son point de vue. C'est bien un rôle de conseiller communal !

Cette activité est-elle rémunérée?

On reçoit des jetons de présence chaque fois que nous assistons à une réunion du conseil. Théoriquement une fois par mois. On reçoit 125 Euros brut de jeton de présence. Mais j'ai un autre mandat nominatif au sein de la police qui est un peu du même ordre mais qui est davantage ciblé sur l'organisation de la police.


L'autre grande étape aura été les élections législatives du 18 Mai dernier ? Comment analysez-vous vos performances et quels sont vos objectifs dans l'avenir ?

D'abord, il faut noter que ce sont des élections nationales où il y a le plus de visibilité. Donc le processus de sélection des candidats au sein du parti est plus rigoureux et plus difficile. On est obligé de passer par un vote. Mon premier succès a été d'être élue au sein du parti pour être présente sur ces listes.
Ensuite, j'ai sensibilisé ma communauté pendant la campagne sur le fait qu'elle doit être visible. Je me voulais le relais entre cette communauté à Bruxelles et les pouvoirs publics.
Enfin, j'ai été encore une fois agréablement surpris par les résultats. Biensûr, je savais que n'allais pas être élue sénatrice fédérale, il faut en général 10 000 voix, c'est l'affaire des grosses pointures. Mon objectif n'était pas tant d'être élue, mais de pouvoir peser dans mon propre parti pour les élections prochaines, les élections régionales. En fait, c'est un baromètre dans mon parti car avec le score que j'ai obtenu je suis en mesure d'espérer franchement d'être élue députée.
   

©ps.be

Quel a été le score ?

J'espérais faire 1500 voix et j'ai réalisé 3336 voix. Je suis la 2ème candidate d'origine africaine tous partis confondus derrière M. Mampaka du CDH qui a fait 3338 voix (soit à 2 voix près).

Vous êtes aussi déléguée de votre parti aux affaires africaines du FDF ? En quoi consiste t-il ? lien avec l'Afrique ou la communauté basée ici ?

Non ce sont avant tout les relations avec la communauté africaine basée ici. Mais vous savez, nous avons d'abord un problème de visibilité. Cette visibilité commence là où nous vivons. A partir du moment où nous aurons plus de visibilité dans notre sphère, nous serons en mesure d'influencer les décisions prises sur le continent.

Mais vous êtes au pouvoir, Louis Michel, votre chef de file est ministre des affaires étrangères, donc en relation avec le continent. Dans quelle mesure, ce lien vous profite t-il ?

C'est un appui non négligeable. Déjà, je dois reconnaître, je dois mon bon score aussi au fait que je suis apparenté à sa liste (NDLR : Gisèle Mandaila et Louis Michel étaient candidats sur la même liste MR - Louis Michel jouit d'une énorme popularité en Belgique où il est l'homme politique e plus apprécié). Ensuite, je suis en relation avec ses collaborateurs très souvent et j'ai toujours eu la porte grande ouverte.

Le second volet de l'interview axé sur les responsabilités sociales de Gisèle Mandaila.
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