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Wangari Maathai : Une militante à la main verte
Première femme africaine à recevoir le Prix Nobel de la Paix, Wangari Maathai s’est faite un nom en luttant contre la déforestation du Kenya. Un combat pour l’écologie qui a permis de valoriser l’image de la femme kenyane. Portrait d’une militante qui fait pousser les arbres et l’espoir.
 06/03/2005 Par Lucie Montchovi
 
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Première dame

Wangari Maathai
©satyamag.com
   
Chaque arbre planté est un espoir de paix … De cette conviction est née une lutte pour la conservation des forêts sacrées du pays qui l’a vue naître : le Kenya. Wangari Maathai, c’est l’histoire d’une vie vouée à la cause salutaire de l’écologie. Une femme de conviction et de courage, comme il est rare d’en voir aujourd’hui. Surnommée la « dame de fer africaine », Wangari Maathai traîne derrière elle, des années de combat auréolées par des vingtaines de récompenses. Parmi les plus prestigieuses, le Prix Nobel de la Paix 2004. Elle devient à cette occasion, à l’âge de 64 ans, la première femme noire africaine à obtenir cette distinction.

Passionnée par la nature, elle fut dès la fin des années 1960, la première femme de son rang nommée professeur d’université à Nairobi, et la première à y décrocher un doctorat en 1971, avant d’obtenir une chaire de biologie vétérinaire. Elle est la douzième femme nobélisée et la première lauréate écologiste. Un parcours exemplaire pour cette érudite des sciences naturelles.

Depuis la création en 1977 de son association « la ceinture verte » (« Greenbelt »), le Docteur Wangari Maathai a planté plus de 30 millions d’arbres pour éviter la désertification des villages, l’érosion des sols, facteurs d’appauvrissement des populations vivant de la terre.
Au-delà de sa lutte pour la préservation des hauts plateaux du Kenya, Wangari Maathai se distingue pour ses combats dans les Droits de l’Homme et la défense de la démocratie. Fervente catholique dans l’âme, son chemin n’a pas été seulement parsemé de gloire. Sa vie est aussi un récit de sacrifices douloureux.
Une combattante
   

Wangari Maathai
©Reuters

Wangari Maathai est née en 1940, dans le village proche de Nyeri, au cœur de l’ethnie Kikuyu, au pied du Mont Kenya. Issue d’une famille d'humbles fermiers, Wangari Maathai passe sa scolarité sur les bancs des écoles kenyanes. Sa vivacité intellectuelle est vite remarquée par des sœurs catholiques qui lui permettent d’aller étudier aux Etats-Unis. Elle se perfectionne en Allemagne. De retour au pays, avec en poche une spécialisation en biologie, Wangari Maathai enseigne la zoologie à l’Université de Nairobi.

Dix ans plus tard, elle est en froid avec les autorités académiques et se retrouve au chômage. Mère de trois enfants, son couple est en crise. Son mari, un homme politique kenyan, obtient le divorce ajoutant qu’elle était : « trop éduquée, trop forte, trop têtue, qu’elle avait trop de réussite et qu’elle voulait trop prendre les choses en main ». Et c’est vrai, au même moment, Wangari Maathai crée son mouvement de la « ceinture verte » et commence par planter sept arbres le « Jour de la Terre » pour honorer les femmes.

Entre 1980 et 1990, la « Greenbelt » se fait une réputation par ses actions non-violentes. Le mouvement obtient ainsi l’abandon du projet de construction d’une tour de soixante étages dans Uhuru Park, le grand jardin public au centre de Nairobi. Ses idées sont largement suivies par les kényanes qui la surnomment affectueusement Mama Miti (mère des arbres en swahili), un personnage exemplaire, une héroïne intouchable.

Au fil des années Maathai se fait entendre sur des questions épineuses liées à la forêt, la dernière étant un débat controversé déclenché par certains ministres du gouvernement demandant la réintroduction d'un système de shamba (ferme en Swahili), qui implique qu'on autorise les communautés à cultiver sur les terres des forêts.
Femme politique

Wangari Maathai
©http://odin.dep.no
   
Sous la présidence de Daniel Arap Moï, son franc-parler et ses engagements politiques lui attirent beaucoup d’ennemis. A maintes reprises, Wangari Maathai est jetée en prison et doit même s’exiler en Tanzanie. Les coupures de courants et les brutalités n’ont pas découragé cette femme de conviction à dénoncer ceux qui corrompent le pays : "Malheureusement, pendant les deux dernières décennies, le système est devenu corrompu et destructeur, avec le phénomène des braconniers, des bûcherons illégaux, des charbonniers et même des barons de la drogue (plantant du cannabis ou de la marijuana) qui devenait courant".

Candidate à l’élection présidentielle en 1997, elle recueille un minuscule score. C’est un coup dur. Mais l’avènement du multipartisme au Kenya avec la victoire du président Mwai Kibabi, lui permet d’être élue députée en 2002 (cinquante voix contre une), puis ministre adjointe de l’environnement en 2003.
Une femme controversée
   

Wangari Maathai
©Yale

Sur le terrain des traditions ancestrales, Wangari Maathai a défrayé la chronique, entachant son image de défenseuse des droits de la femme. On lui a reproché d’avoir déclaré que « l’excision est au cœur de l’identité des Kikuyus » dont « toutes les valeurs sont construites autour de cette pratique ». Des propos qui l’ont plongée dans la controverse. Mais elle se défend envers ses mutilations « que personne ne peut approuver ».

Lors de son discours d’acceptation du Prix Nobel, Mama Miti a pris soin de mettre le doigt sur « ces traditions rétrogrades en voie d’abandon ». « L’excision (…) il faut s’en débarrasser sans pour autant renier l’ensemble de l’héritage culturel » a-t-elle bien insisté.

Afin de faire taire les rumeurs, Wangari révèle officiellement qu’elle n’a jamais pensé que le virus du SIDA avait été développé par les blancs.

Explications faites, Wangari Maathai continue de poursuivre son vrai combat. Celui de reboiser son pays natal puis son continent. Paradis des safaris, des plaines sauvages et des terres généreuses. Pour cette femme à l’éclatante envie de se battre : « Planter un arbre, c’est une prise de conscience. Nous ne sommes rien sans notre environnement. Il faut arrêter de croire que notre espèce est la plus importante ».

Pour célébrer son Prix Nobel, Wangari Maathai est retournée en Afrique. Au pied du Mont Kenya, elle y a planté de ses mains un tulipier d’Afrique, comme pour la première fois. Un moment salvateur et de bonne augure pour les générations futures. Son combat ne fait que continuer avec un seul but, préserver les dons sacrés de la Terre : les Forêts et des Hommes…
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