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Le São Paulo Fashion Week ne reflète pas la diversité raciale du Brésil
La majorité des Top Modèles du SPFW sont blanches, d'apparence européenne
 21/01/2008 Par Guy Everard Mbarga
 
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Michael Roberts, directeur Fashion and Style du magazine Vanity Fair s'est dit surpris
©vanityfair.com
   
L’événement fait déjà partie du calendrier de la mode et des dizaines de photographes se discutent les meilleures images qui seront immortalisées dans les magazines brésiliens et internationaux.

Mais, même si le Brésil est l’un des pays présentant la plus grande variété raciale au monde, la grande majorité des mannequins qui participent à l’événement sont blancs, d’apparence presque (uniquement) européenne.

Le Brésil compte plus de personnes d’ascendance africaine que tout autre pays en dehors de l’Afrique. La moitié de la population serait noire ou métisse et l’absence de mannequins noirs sur les podiums brésiliens est un problème qui a déjà été soulevé par des personnalités influentes de la mode mondiale.

Le styliste britannique Judy Blame et Michael Roberts, directeur Fashion and Style du magazine Vanity Fair se sont dits préoccupés et surpris par ce fait après avoir visité le pays. Blame aurait même observé que la mode n'a pas de couleur.
   

Rafaela (droite) affirme qu'il manque des opportunités pour les top modèles noires
©bbc

Du côté de ceux qui sont à l'extérieur du bâtiment où se déroule la biennale, les jeunes mannequins noirs ont évoqué leur frustration.

"Je crois que le milieu (de la mode) est plus exigeant avec les jeunes filles noires. Mais je ne sais pas si cela (se produit) seulement parce que nous sommes noires ou parce que nous sommes différentes, avec un standard de beauté différent - nos cheveux et nos corps", déclare la Top Modèle âgée de 19 ans Rafaela Favero.

"C’est presqu’impossible dans le cadre d’un événement de mode ", affirme Rafael Milagres, mannequin de 24 ans.

"Il faut avoir de la chance pour qu'on propose ton nom. Car aujourd'hui, pour participer à un défilé, il faut appartenir à une agence dont la majorité des gens sont blancs, comme c'est la cas de la majorité des agences au Brésil, alors que seulement 2% des top modèles sont noirs."

Le propriétaire de l'une des agences qui font la promotion du travail pour les mannequins noirs affirme que l'esclavage a beau avoir été aboli il y a très longtemps au Brésil, son ombre reste présente.

Helder Dias
©bbc
   
C'est comme s'il n ya jamais eu d'abolition. C'est une façade et l'histoire continue", indique Helder Dias à BBC

"Les mannequins noirs ne trouvent pas de travail et n'y ont pas accès, ne sont pas bien payés et vivent dans un sous monde, car il n'y a pas d'opportunités d'emploi (pour eux) ", ajoute t-il.

Les stylistes brésiliens affirment pour leur part qu’il n’y pas d’intention délibérée d’exclure les mannequins noirs et ils insistent sur le fait que le monde de la mode n'est que le reflet de la société.

"Le Brésil est un pays très mélangé ethniquement. Nous avons beaucoup de noirs, beaucoup de japonais. La vérité est que le Brésil est fait de ce mélange, qui apparait également sur nos podiums", dit le styliste Fause Haten.

"Si les mannequins sont bons, peu importe qu’elles soient blanches ou noires. (...), j'adore les mannequins noires, (...) je n’ai aucun préjugé pour travailler avec des mannequins noirs", dit Dudu Bertholini, da Cori, dont le défilé au premier jour ne comprenait pas de mannequins noirs.
   

Dudu Bertholini, da Cori
©bbc

Interrogé sur les allégations des mannequins noirs, sur les difficultés qu’elles et qu'ils ont à obtenir du travail dans le cadre du São Paulo Fashion Week, le styliste répond par d’autres questions :

"Est ce qu'elles sont intelligentes? Est ce qu'elles sont de bonnes Top Modèles? Est-ce qu’elles sont belles? Est-ce qu’elles sont grandes? Sont-elles assez bonnes?" Même la journaliste Erika Palomino critique la posture du monde de la mode relativement aux mannequins noirs. "Certaines personnes dans le monde de la mode peuvent être très bornées, elles peuvent être conservatrices et des fois comprennent les choses très tard. Je pense qu’il serait merveilleux d’avoir des mannequins noirs", dit-elle.

Paulo Borges, organisateur du São Paulo Fashion Week affirme que l’absence de mannequins noirs reflète les plus grands problèmes de la société brésilienne. "Je pense que cela est le reflet de l’exclusion sociale au Brésil. Je pense que la mode fonctionne avec une grande série de profils et une grande série de qualités esthétiques ", affirme-t-il.

"Il y a plusieurs mannequins noirs qui font des défilés et s’il n y en a pas plus (de mannequins sur les podiums - passerelles), cela est dû à l’histoire de la race noire au Brésil, qui reste une histoire marquée par les restrictions (d’acceptation)." Il n’y a aucun doute que les premières semaines de la mode au pays ont apporté le charme et le goût brésilien à l’industrie. Mais celui qui souhaite que l’image publique de la mode au Brésil réflète la diversité de sa société devra encore attendre un peu.

Gary Duffy, Correspondant BBC News à São Paulo

Traduit par Guy Everard Mbarga

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