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Althea Gibson (1927-2003)
Althea Gibson fut la premiere joueuse noire à remporter Roland-Garros, Wimbledon et l'US Open. Ses exploits dans les années 50 eurent autant de retentissement que ceux d'un Michael Jordan aujourd'hui
 30/03/2003 Par Paul Yange
 
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Althea Gibson
   
Althea Gibson est née le 25 août 1927 en Caroline du Sud. Lorsqu’elle a 3 ans, sa famille qui est très pauvre déménage pour New-York (Harlem). Peu intéressée et peu motivée par l’école, Althea Gibson commence à travailler vers 13 ans et fréquente des services sociaux qui l’aident à trouver du travail régulièrement et l’inscrivent dans un club sportif local.

Elle s’intéresse à divers sports avant d’opter définitivement pour le tennis, et commence à prendre des cours au Harlem Cosmopolitan Club, grâce à un musicien Buddy Walker (qui est également employé de la ville dans le département chargé de la gestion des loisirs). Walker la présente à certains des membres du "Cosmopolitan Club" qui sont impressionnés par son talent naturel.

Un an après avoir commencé à prendre des cours, Gibson remporte son premier titre important, le "New-York State Championship". En 1943, elle remporte le tournoi féminin de la ville de New-York réservé aux noires. En 1944 et 1945, elle remporte les tournois nationaux réservés aux jeunes femmes noires (pour cause de ségrégation).


   

Althea Gibson lors de son premier match à l'US Open en 1950.
©acme news

Ses victoires lui valent l’attention de deux médecins importants, Hubert Eaton et Robert Johnson. Ils proposent à Gibson de prendre en charge ses cours de tennis et de la loger si elle accepte de reprendre ses études au lycée. Gibson accepte la proposition et déménage pour aller vivre avec la famille Eaton. Elle reprend et acheve ses études secondaires en 1949.

A partir de 1947 (et cela jusqu’en 1956), Gibson gagne le premier de ses 10 titres consécutifs lors des championnats nationaux réservés aux noires ("Negro national championship"), ce qui lui apporte rapidement la reconnaissance des spécialistes blancs du tennis. Titulaire d’une bourse, elle va étudier à l’université de Tallahassee.

Le plus grand défi de Gibson pendant ses années d’université sera d’obtenir le droit de prendre part à des compétitions où elles pourraient rencontrer des adversaires blancs. Personne ne contestait le fait qu’elle était assez talentueuse pour, mais la plupart des tournois majeurs n’admettaient pas de Noirs.

En pleine action
©atheagibson.com
   
En 1950, elle essaya d’obtenir un invitation pour le tournoi de Forest Hill à Long Island, mais l’invitation n’arrivait pas. Frustrée, mais pas découragée par le racisme rampant, Gibson chercha à obtenir le soutien d’alliés influents.

Une des ses alliés fut Alice Marble, une des éditrices du magazine "American Lawn Tennis", également vainqueur 4 fois à Forest Hill. Dans le numéro de juillet 1950, elle écrivit un article sur la barrière que constituait la couleur pour Gibson, l’empêchant de prendre part aux compétitions majeures.

"L’arrivée des noirs dans le tennis national est aussi inéluctable qu’elle l’a été dans le baseball, dans la boxe ou dans le football. On ne peut nier un tel talent. Le comité d’organisation du tournoi de Forest Hill a le pouvoir d’encourager les efforts de Gibson. D’autres noir(e)s aussi ou plus doués lui succéderont (ou pas). Ils frapperont à la porte comme elle l’a fait. A terme, le monde du tennis se soulèvera en masse pour protester contre les injustices provoquées par nos décisionnaires. A terme-pourquoi pas maintenant ?"


   

Althea Gibson recompensée par la reine Elizabeth après sa victoire à Wimbledon en 1957
©altheagibson.com

Les réactions à l’éditorial furent presque instantanées. Dans le mois qui suivit la publication, Gibson fut invitée à Forest Hill (l’équivalent de l’US Open aujourd’hui) ainsi qu’à bon nombre d’autres tournois. En 1952, Gibson était classée 7ème joueuse nationale.

L’année suivante, elle regressa à la 70 è place et envisagea de se retirer du monde du tennis, (d’autant plus qu’elle avait obtenu son diplôme universitaire et qu’elle avait un poste d’enseignante à la Lincoln University dans le Missouri). Un de ses anciens coachs l’encouragea à continuer et en 1955, elle fut choisie avec trois autres joueuses pour une tournée de "bonne volonté" en Asie et au Mexique. Dans les mois qui suivirent ces voyages, Gibson participa à des tournois en Suède, en Allemagne, en France, en Italie et en Egypte.

En 1956, Althea Gibson remporte son premier titre majeur en gagnant Roland-Garros en battant Angela Mortimer lors de ce qui sera sa seule participation au tournoi.

En 1957, elle remporta Wimbledon en battant Darlene Hard (associée à Hard, elle remportera également le double). Elle retourna à New-York pour une parade dans la ville suite à sa victoire, et remporta quelques mois plus tard le tournoi de Forest Hill, équivalent de l’US Open d’aujourd’hui. Elle fut élue "athlète de l’année par l’Associated Press".



Félicitée par Darlene Hard en 1957 après sa victoire
©altheagibson.com
   
Gibson confirma ses succès l’année suivante en remportant de nouveau Wimbledon et Forest Hill. En trois années de 1956 à 1958, elle était devenue la première noire américaine à gagner les tournois les plus prestigieux du monde du tennis et était considérée comme la meilleure joueuse mondiale. Gibson devint un modèle pour la communauté noire américaine.

Elle décida d’arrêter sa carrière en 1958, bien qu’âgée seulement de 31 ans. Elle admis que la raison "immédiate" était le fait que le tennis ne lui rapportait pas assez d’argent pour vivre (le tennis était encore un sport amateur à l’époque et ne devint professionnel qu'en 1968). Elle gagna beaucoup plus par la suite en profitant de sa célébrité (elle s’engagea dans une carrière de chanteuse et sorti plusieurs albums) et signa avec les Harlem Globe trotters avec lesquels elle effectua des tournées.

En 1963, Gibson recommença une carrière sportive, mais dans le golf cette fois en se qualifiant pour la LPGA (Ladies Professional Golf Association) et en devenant joueuse professionnelle de Golf. Elle participa à plusieurs tournois majeurs, mais sans connaître les succès qui furent les siens dans le monde du tennis.


   

En couveture du Time Magazine, numéro du 26 août 1957

Dans les années 70 et 80, Gibson servit de coach et de mentor à plusieurs athlètes, plus particulièrement aux jeunes femmes noires. Ses vues sur le tennis moderne étaient régulièrement sollicitées. Althéa Gibson se retira de la vie publique en 1992, à l’exception d’apparitions privées lors d’événements en relation avec le tennis ou le golf.

Althéa Gibson ouvrit la voie à d’autres athlètes féminines afro-américaines dans le monde du sport. Ses exploits à son époque eurent autant de retentissement que ceux d’un Michael Jordan aujourd’hui. Elle ouvrit la voie à des joueurs et joueues comme Arthur Ashe ou Zina Garrison. Elle inspira des championnes comme Billie Jean King. Bien avant l'avènement de Venus et Serena, il y eut Althea.


Actualité : Althea Gibson est décédée le dimanche 28 septembre 2003 aux Etats-Unis. Voir l'article




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