Grioo Pour Elle
 



 
Accueil > Personnalités > Pleins feux sur... > Carole Ramella, senior associate chez Duff & Phelps
+ Retour au sommaire de la rubrique
     
Carole Ramella, senior associate chez Duff & Phelps
Grioo.com est allé à la rencontre de Carole Ramella, qui après avoir travaillé chez Paribas, Arthur Andersen, Gras Savoye et effectué un MBA à l'Insead occupe actuellement le poste de Senior Associate au sein de la société Duff & Phelps
 06/11/2007 Par Paul Yange
 
Envoyer
Imprimer
Réagir


Carole Ramella
   
Vous êtes originaire du Cameroun, pouvez-vous nous dire où vous avez fait vos études ?

J’ai 33 ans, je suis née en France. J’ai vécu en région parisienne à Verrières-le-Buisson (dans le 91) jusqu’à l’âge de huit ans, puis je suis retournée au Cameroun à Douala, et j’ai poursuivi des études secondaires au collège Libermann, de la 6è en 3è, avant de revenir en France à 15 ans pour y faire ma classe de seconde. Après ma terminale, j’ai fait une classe préparatoire aux études commerciales (Prépa Hec) à Toulouse pour préparer les concours des grandes écoles de commerce.

Vous êtes entrée à l’école supérieure de commerce de Reims (aujourd’hui Reims Management School NDLR) et ensuite vous avez commencé à travailler dans le secteur de la finance...

Exactement. J’ai rejoint Paribas juste à la sortie de l’école et j’ai travaillé comme chargée de clientèle dans le métier titres. Il s’agissait d’accompagner des clients, institutionnels pour la plupart, dans toutes les opérations liées aux titres qu’ils détenaient, OPA/OPE, achat ou livraison de titres. C’était un métier intéressant car il m’a permis de découvrir les marchés financiers aussi bien en France qu’à l’étranger. Ça a été ma première expérience de gestion d’une relation client même si ce n’était qu’au téléphone. La plupart des clients que j’avais étaient des clients internes au groupe Paribas, donc beaucoup plus difficiles à gérer que des clients externes.

Je pense qu'il ne faut pas avoir peur de l'ambition car c'est comme ça qu'on peut réaliser ses rêves
Carole Ramella


Combien de temps restez-vous chez Paribas ?

Je suis restée un peu plus de deux ans chez Paribas. Il était devenu assez clair pour moi au bout de six-huit mois que je ne pourrais pas rester longtemps dans une structure comme celle-là qui était beaucoup trop lourde, et surtout assez éloignée des métiers de la finance auxquels je voulais me destiner, notamment la finance d’entreprise, tout ce qui tournait autour du corporate finance ou des fusions acquisitions. J’ai quitté Paribas au bout de deux ans et demi pour rejoindre Arthur Andersen et pour revenir vers un métier un peu plus financier.
Vous n’avez pas hésité avant de vous réorienter vers un métier assez différent de ce que vous faisiez chez Paribas, sachant que ce nouveau métier comportait par ailleurs beaucoup de pression ?

C’est vrai, mais j’ai trouvé que ça collait bien à mon caractère car une des choses qui me frustrait chez Paribas c’était la lourdeur des procédures, de l’approche client, le fait qu’il n’y avait pas de pression. Je suis quelqu’un qui fonctionne bien sous pression et le milieu de l’audit me correspondait bien.

Quels types de missions exercez-vous quand vous travaillez chez Arthur Andersen ?

Au départ je rejoins Arthur Andersen comme auditeur débutante, même si j’avais déjà deux ans d’expérience professionnelle. A ce niveau là, on est staffé sur tout type de mission. Le choix d’un secteur arrive plutôt à partir de la seconde année. Je suis intervenue sur des missions dans des sociétés industrielles, de services, des institutions financières ou des sociétés d’assurance. Cela m’a permis d’avoir une vision assez large des problématiques d’audit dans différents secteurs, même si je me suis orientée vers les institutions financières du fait de mon expérience et de mon passé bancaire car je pouvais capitaliser sur ma connaissance de ces métiers. J’ai d’ailleurs choisi de ne pas me spécialiser dans les compagnies d’assurances qui sont assez spécifiques et qui obligent à s’enfermer dans un secteur.

J’ai essayé dans la mesure du possible de me positionner sur des missions plus petites qui me permettaient d’avoir accès à des directions financières et surtout de pouvoir gérer très tôt les missions de façon autonome, ce qui est arrivé lors de ma seconde année au sein du cabinet. J’ai passé trois ans et demi chez Arthur Andersen et je suis partie au moment de l’affaire Enron et du rachat par Ernst & Young.
   

©bbc

Quels souvenirs gardez-vous de votre passage chez Arthur Andersen ?

Arthur Andersen a été une très bonne école, une culture assez difficile où on pousse à être autonome très tôt, où on laisse peu de place à l’erreur. Mais dans le même temps ça oblige à être responsable très rapidement, à gérer une relation client en direct très tôt, et j’ai donc beaucoup appris de ce point de vue là. Sans parler des méthodes de travail même si on peut dire que cet aspect est spécifique aux cabinets d’audit.

Après Arthur Andersen...

Je me retrouve sur le marché à un moment où il y avait beaucoup d’anciens Arthur Andersen qui étaient disponibles sur le marché, et j’ai eu l’opportunité incroyable de rejoindre Gras Savoye, un courtier en assurance, afin de développer l’activité « Due diligence assurances» pour les fonds de Private Equity. C’était un métier nouveau en France. Il s’agissait pour les fonds qui achètent des sociétés industrielles d’auditer les risques de ces sociétés rachetées, de dire dans quelle mesure ces risques étaient transférables au marché de l’assurance afin de voir si ces sociétés couvraient de façon adéquate les risques identifiés sur ces entreprises.

C’était un métier qui n’était fait à l’époque que par les gros cabinets de courtage américains comme Marsh ou Aon. Gras Savoye était totalement nouveau sur ce marché et il fallait établir sa marque sur ce marché. J’ai ainsi découvert l’aspect commercial qui m’a beaucoup plu. J’avais une autonomie totale, je voyais tous les aspects des projets, de l’identification des prospects à la phase de présentation de nos services, la négociation et l’obtention des contrats, l’exécution des deals, la présentation des résultats aussi bien aux clients qu’aux banques qui finançaient les opérations. C’était extrêmement enrichissant.
Vous étiez déjà revenue vers vos ambitions initiales qui étaient de travailler dans la finance...

J’étais revenue vers ces métiers là en termes d’environnement car travailler avec des fonds de Private Equity était un vrai challenge. Ils sont très exigeants, ils vont très vites, sont de purs financiers. Il fallait arriver à comprendre leur façon de penser, leur approche…Ce fut effectivement un moyen de rentrer dans le vif du sujet. J’ai tout de même ressenti une petite frustration de ne travailler que sur les aspects assurance, qui ne correspondaient pas forcément aux aspects finance que je recherchais lorsque j’avais quitté Paribas. C’est ce qui m’a poussé vers l’étape suivante, qui était de faire un MBA, pour acquérir au moins théoriquement cette expertise financière que je recherchais, et surtout pour faciliter le transfert vers les métiers de la finance tels que je les voyais.

J'ai choisi de faire un MBA car il me permettait d'avoir accès à un certain type de postes dans les métiers financiers et en banque d'affaires
Carole Ramella


Vous avez donc décidé de postuler à un MBA...

Postuler à un MBA est venu comme je l’ai dit d’une frustration par rapport à mon métier, mais aussi du sentiment que j’avais qu’il y avait un certain nombre de postes, en particulier dans la finance, qui n’étaient accessibles qu’à un certain type de personnes, en particulier en France où le diplôme est extrêmement important. J’ai eu le sentiment que le MBA était le Saint-Graal qui me manquait pour pouvoir effectuer le changement que je souhaitais.

J’ai toujours été très confiante dans mes capacités à être un bon élément pour une entreprise, le seul problème étant qu’avec l’expérience que j’avais ainsi que mes diplômes, certains métiers, notamment la banque d’affaires et les métiers financiers qui tournent autour de la transaction m’étaient fermés. Vu l’investissement physique, psychologique, financier nécessaire pour un MBA, il fallait être sûr du retour sur investissement. Et j’ai donc choisi de ne postuler qu’aux MBA les plus réputés sur les marchés.

L'Insead
   
Vous avez finalement choisi le MBA de l’Insead.

Comme je suis mariée et que j’ai deux enfants en bas âge, je me suis dit qu’aller dans un MBA anglais ou américain aurait obligé toute ma famille à déménager. L’Insead est un MBA qui fait partie des dix meilleurs MBA du monde et qui est basé en région parisienne. Il permettait de ne pas bouleverser tout l’équilibre familial. L’autre raison pour laquelle j’ai choisi l’Insead est que c’était une formation extrêmement internationale et je me suis dit qu’avec un MBA comme celui-là, je pourrais revenir vers la finance et vers un métier que je pourrais exercer en Afrique, le Private Equity.

J’ai découvert ce métier qui est un métier passionnant et qui répond bien au besoin de financement de beaucoup d’entreprises africaines au cours de mon expérience chez Gras Savoye. L’idée était de travailler dans le Private Equity après l’Insead, dans les pays émergents et notamment en Afrique. Des recherches m’ont permis de voir que le pays où le marché du Private Equity était le plus développé était l’Afrique du Sud.

Vous vous êtes donc rendue en Afrique du Sud et vous avez découvert un pays paradoxal qui ne correspondait pas à ce que vous attendiez...

J’ai profité du « summer break » (vacances d’été) de l’Insead pour me rendre en Afrique du Sud. J’ai passé un mois en Afrique du Sud avec mon époux pour rencontrer des fonds de Private Equity, et me familiariser avec le marché sud-africain afin de voir dans quelle mesure mon projet de m’établir en Afrique du Sud avec toute ma famille était réaliste.

Je pensais que l’Afrique du Sud c’était l’Afrique en plus moderne, et j’ai été très surprise de voir que l’Afrique du Sud, et notamment Johannesburg est beaucoup plus occidentale qu’on ne le pense. Johannesburg est une ville véritablement coupée en deux, avec une majorité de Blancs détenant l’essentiel des richesses et une majorité de Noirs occupant des postes subalternes et vivant parqués à Soweto. En plus de ça, j’ai découvert une société extrêmement violente.

Violente en terme de braquages, d’agressions qui peuvent se terminer très mal puisque les armes sont facilement disponibles dans le pays. Il y avait aussi de la violence dans la façon d’approcher les affaires, avec beaucoup d’agressivité. Je ne me sentais pas à l’aise d’élever mes enfants dans cet environnement-là. Le projet de nous installer en Afrique du Sud a été abandonné à la suite de ce séjour d’un mois...

J'ai découvert que Johannesburg était une ville plus occidentale qu'on ne le pense, et l'Afrique du Sud une société extrêmement violente
Carole Ramella



Quand vous parlez de violence dans la manière d’appréhender des affaires comment cela se manifestait-il ?

J’ai rencontré plusieurs fonds, et notamment un où très rapidement, après une demi-heure d’entretien j’ai eu une proposition d’embauche. La personne m’a froidement dit qu’elle m’embauchait pour remplir les quotas de « Black Economic Empowerment » qui exigent qu’une part du pouvoir de contrôle et des droits de votes dans les entreprises soient aux mains de personnes noires.

Comme il y a un gros problème de formation de la population en Afrique du Sud où beaucoup de personnes qui ont la trentaine ou la quarantaine n’ont pas été formées à cause de l’apartheid et ne peuvent pas occuper ces postes hautement qualifiés, les relations sont un peu biaisées dès le départ et j’ai été assez mal à l’aise par rapport à cela.

Vous ne vous êtes pas dit "de toute façon je suis compétente et même si on m’embauche pour une mauvaise raison, ça n’a pas d’importance ?"

Non parce que comme je vous l’ai dit il y a aussi un aspect violence au quotidien qui fait qu’en partant au travail le matin on peut avoir peur de recevoir un coup de téléphone de la nounou ou de l’école parce que les enfants ont subi une agression, et c’est un phénomène qui est une vraie réalité en Afrique du Sud. De plus les gens vivent tous enfermés, il y a beaucoup de peur (et à raison), il y a une approche très sécuritaire de la vie, et tout le monde se déplace uniquement en voiture, personne ne marche dans la rue. Sur tous les portails des maisons ou des villas il est écrit « armed response » (réponse armée). On est quand même dans une société extrêmement violente, et je ne m’y suis pas du tout sentie à l’aise. Surtout retournant régulièrement dans une ville comme Douala où la vie se passe essentiellement dans la rue...
   

Un immeuble de Johannesburg
©pbase.com

Vous retournez donc à Paris pour achever votre MBA...

J’achève donc mon MBA en me disant "l’Afrique du Sud c’est terminé pour le moment". Par contre j’ai continué à avoir mon objectif de travailler dans la finance et en relation avec l’Afrique. J’ai recherché un emploi en banque d’affaires ou dans les métiers tournant autour de la transaction, « Due diligence, évaluation...etc ». J’ai rejoint aujourd’hui une entreprise américaine de conseil en évaluation financière d’entreprises et d’actifs. Une société qui correspond bien à ce que je recherchais, avec l’avantage par rapport aux banques d’affaires que le rythme de travail est plus gérable.

Concernant le volet Afrique, j’ai intégré l’association Marcottage. Marcottage est une plate-forme créée par X-Afrique (le club des Polytechniciens qui aiment l’Afrique) et qui aide des personnes qui veulent monter des affaires en Afrique à trouver des partenaires techniques ou financiers. Plus de 200 projets ont été à ce jour déposés sur Marcottage, et des projets de sites dédiés à divers pays Africains (Côte d’Ivoire, Bénin, etc.) sont en cours. Sur Marcottage, je suis plus particulièrement animatrice de la communauté finance, c’est-à-dire que je rencontre les porteurs de projets tournant autour du financement d’autres projets.
J’ai également collaboré à la création du journal économique et financier "Les Afriques", premier hebdomadaire panafricain en langue française, dans lequel j’écris des articles sur le "Private Equity" en Afrique.

Tout cela me permet de concilier ce que je cherchais avant l’Insead, que je n’ai pas pu trouver en Afrique du Sud, mais que j’arrive à retrouver en grande partie dans mon expérience professionnelle aujourd’hui.

A moyen terme, j'espère monter un fonds de Private Equity orienté vers l'Afrique
Carole Ramella


Quelles sont vos activités et responsabilités chez Duff & Phelps?

Duff & Phelps est une société qui est ancienne aux Etats-Unis où elle a 70 ans, mais n’a ouvert en France qu’en février 2007. Lorsque je l’ai rejointe en mars j’étais la 3ème personne après le managing director et son assistante à rejoindre la structure. Aujourd’hui nous sommes dix personnes déjà.

Mon travail a deux aspects principaux :

-Le développement commercial de la marque et l’acquisition de nouveaux clients, ainsi que le développement de nouvelles lignes de produit. Cela passe par énormément d’efforts de networking pour obtenir des entretiens dans de grosses structures, chez nos clients cibles, qui sont essentiellement des sociétés du SBF 120. Nous devons être introduit dans ces sociétés afin de présenter nos services et obtenir des projets.

-L’exécution de ces projets. Il s’agit lorsqu’une société A achète une société B de ventiler le prix d’achat de la société B entre les différents actifs corporels et incorporels dont elle est composée. C’est un travail qui demande une phase importante de préparation, et surtout d’entretiens avec les responsables opérationnels de la société cible (marketing, commercial, stratégie, R&D, production, etc.), puis une évaluation de ses actifs selon des techniques d’évaluations financières classiques comme le discounted cash flow, l’approche analogique, etc.
Vous avez toujours l’intention de travailler dans le domaine du Private Equity en Afrique...

Oui c’est quelque chose que je n’abandonne pas. Je ne fais pas aujourd’hui à proprement parler de Private Equity, mais mon objectif à long terme c’est de créer mon fonds d’investissement, focalisé sur l’Afrique. Je ne sais pas encore si ce fonds sera basé en Europe ou en Afrique, ni dans quel pays, mais c’est une chose que je souhaite développer. Tout ce que je fais aujourd’hui, que ce soit de travailler chez Duff and Phelps, en évaluation financière, sur le journal "Les Afriques", ou dans l’association Marcottage qui aide les créateurs d’entreprises en Afrique, sont autant de compétences qui me serviront pour monter ce fond.

Qu’est ce qui vous manque pour mener à bien ce projet aujourd’hui ? l’expérience, le réseau...?

Je pense qu’avant même de demander de l’argent à des investisseurs, je dois d’abord établir ma crédibilité, et cela demande un minimum de temps. Participer au journal "Les Afriques", et y écrire sur le thème du Private Equity en Afrique et dans les marchés émergents y participera. Le fait d’être une spécialiste d’évaluation d’actifs corporels et incorporels aussi. Je ne m’inquiète pas pour l’aspect "carnets d’adresse" puisque naturellement je suis quelqu’un qui aime rencontrer des gens, et chaque semaine à l’occasion d’événements de networking j’ai l’occasion de nouer des contacts. Pour moi ce qui est important c’est d’établir sa crédibilité par rapport au marché, et surtout par rapport aux investisseurs qui souvent sont occidentaux et qui peuvent avoir une vision négative de l’Afrique.

Je n'ai jamais eu de problèmes du fait d'être Noire, mais j'ai ressenti plus de problèmes liés au fait d'être femme et mère
Carole Ramella








©theseminargroup.net
   
Vous avez dit précédemment que vous étiez également mère de famille ; comment faîtes-vous en tant que mère pour gérer des métiers assez prenants et avoir aussi une vie de famille ?

Je suis une pro de la délégation (rires). J’ai mis en place une organisation qui permet de déléguer, avec une nounou qui reste jusqu’à huit heures du soir, et une femme de ménage en plus. Et surtout j’ai essayé d’être extrêmement claire avec mon responsable car j’ai pu négocier de partir du travail entre 19h et 19h30 chaque jour, ce qui me permet de rentrer chez moi quand les enfants sont encore debout, et de les coucher. Par contre je commence si nécessaire une nouvelle journée à partir de 22 heures. La contrepartie c’est que je ne dors pas beaucoup, mais j’ai eu un bon entraînement avec l’Insead où je dormais entre cinq et six heures par nuit. Et finalement ça se passe assez bien. Et puis on ne peut pas gérer tout ça si on n’a pas un mari en or qui est là et qui peut prendre le relais quand j’ai des obligations le soir ou très tôt le matin même si j’essaye de limiter ce genre d’obligations à deux maximum par semaine.

Le week-end je ne travaille pas, enfin pas avant la fin de soirée le dimanche pour pouvoir passer du temps avec mes enfants et mon mari.
Vous êtes non seulement une femme, mais noire. Est-ce qu’il ne vous est jamais arrivé d’être confrontée à des difficultés ou à des personnes qui ne sont pas habituées à voir des femmes noires manifester des ambitions professionnelles ?

Soit j’ai eu de la chance, soit j’ai été aveugle, mais je n’ai jamais eu le sentiment au niveau de ma carrière professionnelle d’avoir un problème parce que j’étais noire. J’ai plus ressenti de problèmes liés au fait que j’étais femme et mère. Notamment lorsque j’ai cherché à évoluer vers les métiers de banque d’affaires extrêmement durs en terme d’investissement personnel, et où il y a très peu de femmes.

je n’ai jamais entendu parler de personnes acceptées à Harvard ou à l’Insead et qui n’ont pas fait le MBA pour cause de problèmes financiers!
Carole Ramella


C’est plus là que j’ai ressenti le fait que les gens doutaient de ma capacité à gérer ce rythme-là en étant mère. Avec le recul, je pense que je n’aurais pas pu le gérer ou je n’aurais pas voulu sacrifier ma famille pour pouvoir atteindre les objectifs de ce type de structures. En tant qu’africaine, je n’ai jamais rien ressenti de négatif professionnellement parce que je ne me vois pas comme différente.

Et justement je pense qu’on devrait oser plus, j’ai confiance en mes aptitudes. J’ai une culture différente, mais je ne me sens pas moins bien parce que je suis noire à partir du moment où j’ai fait les mêmes études que les autres. Je sais par contre que dans d’autres domaines, des milieux comme le droit peuvent être beaucoup plus durs...

Quels conseils donneriez-vous à des personnes issues des minorités ?

Le premier conseil que je donnerais serait de ne pas se mettre de blocages ou de se fixer des limites parce que l’on est Noir. Je connais des personnes très douées qui n’osent pas postuler aux MBA les plus réputés, aux meilleures écoles de commerces ou d’ingénieurs ou aux autres formations d’élite en se disant qu’elles n’y arriveront pas, peut-être qu’elles ne le méritent pas ou qu’elles n’ont pas les moyens financiers de se le payer, etc. A toutes ces personnes, je dirais que je n’ai jamais entendu parler de personnes acceptées chez Harvard ou à l’Insead et qui n’ont pas fait le MBA pour cause de problèmes financiers !!

Il ne faut pas avoir peur d’avoir de l’ambition, parce que je pense que c’est comme cela que l’on peut réaliser ses rêves. En plus, faire tout ce que l’on peut (dans la limite du légal et de l’éthique évidemment !!) pour atteindre ses objectifs, qu’ils soient professionnels ou personnels, est la meilleure façon à mon avis de ne pas avoir de regrets à la fin de sa vie. En plus, je trouve qu’avoir cette culture de la gagne est quelque chose de très positif pour l’Afrique, qui contribuera certainement à renforcer l’optimisme des Africains eux-mêmes pour l’Afrique.

A mon petit niveau, je travaille actuellement avec l’association de femmes dont je suis membre (European Professional Women’s Network) pour rencontrer des lycéennes (notamment africaines) et leur expliquer pourquoi elles peuvent et doivent être ambitieuses. Si ce discours peut permettre de faire sauter les verrous psychologiques ne serait-ce que d’une seule personne, je trouve que cela en vaudra la peine !!
Le site de Duff & Phelps : www.duffandphelps.com
Envoyer | Imprimer | Réagir (1 réaction(s))
 
Mots-clés: Bill Cosby   Célébrités   
 

   

Partager sur: Partager sur Google Google   Partager sur Yahoo Yahoo   Partager sur Digg Digg   Partager sur Delicious Delicious  
 






Elles ont participé à la manifestation contre Guerlain Maïmouna Coulibaly parle du film La Vénus Noire